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Huit autrices de Bragelonne écrivent une lettre ouverte à leur éditeur
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Huit autrices de Bragelonne écrivent une lettre ouverte à leur éditeur

Il y a quelques semaines, un article de Médiapart mettait en cause Stéphane Marsan, le propriétaire de Bragelonne, pour des comportements inadaptés envers des autrices et des collaboratrices. Il s'était défendu dans cette réponse. Aujourd'hui, plusieurs autrices ayant publié chez Bragelonne ont envoyé une lettre à leur éditeur pour lui demander une enquête interne, sans quoi elles reprendront les droits de leurs livres. Avec leur autorisation, nous reproduisons ici leur communiqué.

Voici le communiqué dans son entièreté :

 

Plus d’un mois après la mise en cause de l’éditeur Stéphane Marsan par Médiapart, des autrices de Bragelonne ont pris leur décision : si aucune enquête sérieuse n’est menée, elles partent.

Depuis la publication de l’article Médiapart le 21 avril 2021, aucune enquête interne n’a été menée sur les accusations de harcèlement sexuel visant Stéphane Marsan, laissant à penser que la société Bragelonne n’entend pas respecter son obligation légale de sécurité prévue par l’article L-1153-5 du Code du travail.

Dans une action commune inédite au sein du monde de l’édition française, huit autrices de la maison d’édition rappellent la société à ses obligations.

Mel Andoryss, Samantha Bailly, Sabrina Calvo, Cécile Duquenne, Mélanie Fazi, Betty Piccioli, Véronique Roméo et Marie Valente ont co-écrit et co-signé une lettre ouverte qui a été envoyée ce jour aux administrateurs et actionnaires de la société Bragelonne, lettre dans laquelle elles exigent une prise de responsabilité de la part des sociétaires, eu égard aux faits dénoncés dans les articles intitulés « #MeToo: le patron d’une maison d’édition mis en cause », publié par MEDIAPART le 21 avril 2021, et « #MeToo dans l'édition : “Je suis Jeanne”, une témoin se dévoile », publié par ACTUALITTE.

La lettre envoyée à Bragelonne souligne sans équivoque le fait que, à l’heure actuelle, une enquête sur les faits allégués devrait déjà avoir été entamée, en sollicitant à tout le moins les instances représentatives compétentes, à savoir l’inspection du travail et la médecine du travail. L'absence complète de réaction de la société Bragelonne laisse à penser que cette dernière cautionne les agissements de son président dans un cadre professionnel.

Par conséquent, les autrices signataires réclament de connaître « les actions que la société entend effectuer pour prévenir toute situation outrageante ou de harcèlement pour ses salariées, ses autrices, traductrices et ses autres prestataires ». Le manquement aux obligations légales de sécurité n’est en effet pas assuré par les sociétaires, monsieur Stéphane Marsan continuant à ce jour d’exercer et d’être en contact avec de nombreuses autrices et collaboratrices, et ce, en dépit du fait que certaines d’entre elles aient manifesté leur réticence à travailler avec lui depuis la parution des articles cités plus haut.

En cas d’absence de réaction ou de prise de responsabilité de la part des sociétaires, les autrices signataires comptent exercer leur droit moral de retrait, tel que prévu par l’article L121-4 du code de la propriété intellectuelle. Certaines des concernées ont jusqu’à 7 ouvrages publiés par Bragelonne, voire des projets en cours ou prévus. Au total, si les autrices venaient à reprendre leurs droits, cela représenterait une perte de près de 20 ouvrages au catalogue de la maison d’édition Bragelonne et ses labels Milady/Castelmore, sans compter les titres prévus, qu’ils soient déjà à paraître ou en cours d’écriture.

C’est la première fois dans le monde de l’édition française que des autrices d’une même maison d’édition se réunissent dans ce type d’action commune et réclament des comptes suite à une affaire de harcèlement sexuel de cette ampleur. Bien qu’elles ne soient que huit, les autrices signataires de cette lettre ne sont pas seules : elles sont soutenues par de nombreuses autrices et traductrices de la maison d’édition, telles que Lise Syven, Marie Caillet, Sophie Dabat et Isabelle Troin, mais également des auteurs et traducteurs.

Dans les jours prochains, les autrices signataires vont publier cette lettre sur leurs réseaux sociaux respectifs afin que leur lectorat, fidèle et de longue date, soit informé de leur engagement contre le harcèlement sexuel, un engagement qui ne se réduit pas aux paroles. Dont acte.

La lettre complète est consultable à cette adresse : Le courrier des autrices


Pour toute demande d’interview sur le sujet ou pour joindre les autrices dans le cadre du suivi de cette affaire, merci d’écrire directement à l’adresse mail suivante : autricesbragelonne@gmail.com

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