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Interview 2018 : Agnès Marot pour Erreur 404
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Interview 2018 : Agnès Marot pour Erreur 404

ActuSF : Votre roman Erreur 404, publié aux éditions Gulf Stream, est sorti en librairie le 18 avril dernier. Erreur 404 est-il une suite à votre roman paru en 2016 chez Gulf Stream, I.R.L. ? Existe-t-il un lien entre les deux ? 

Agnès Marot : Tout à fait ! Erreur 404 n’est pas une vraie suite à IRL : il a été conçu indépendamment, n’a pas le même ton ni la même structure, et l’histoire n’a rien à voir. Cela dit, il se passe dans le même univers, 10 ans après, et est bourré de clins d’œil à IRL, avec quelques pistes pour savoir ce qui s’est passé après.

Donc, c’est une vraie fausse suite.

ActuSF : Pouvez-vous nous en présenter l’histoire ? 

Agnès Marot : Vous voyez Pokémon Go ? Imaginez la même chose sans les téléphones : les petites bestioles toutes mignonnes sont dans nos rues, tout le monde les voit et on se bat avec elles en allant faire ses courses, se promener au parc…

"J’avais envie de jouer à confronter le lecteur à ses propres préjugés, en douceur, pour l’amener à réfléchir"

Moon a toujours rêvé de devenir gamer professionnel, mais les préjugés du milieu l’en empêchent. Le tournoi de Beasties est sa dernière chance : tout est bon pour le gagner ! Le problème, avec les jeux vidéo, c’est que parfois, ils buguent. Y compris dans la réalité.

ActuSF : Votre personnage principal, Moon, a eu une relation compliquée avec les jeux vidéo et d’ailleurs, sa véritable identité n’est pas révélée tout de suite au lecteur. Pourquoi ? Pouvez-vous nous en dire plus sur sa personnalité ?

Agnès Marot : J’avais envie d’aborder une problématique sociale très importante dans le milieu du jeu vidéo, et particulièrement du e-sport, qui est bourré de préjugés et parfois très dur avec les joueurs qui ne correspondent pas à la norme. En réalité, c’est une problématique sociale qui ne se limite absolument pas au domaine du jeu, mais ça m’a semblé un bon prisme, en partie parce que je le connais. J’avais envie de jouer à confronter le lecteur à ses propres préjugés, en douceur, pour l’amener à réfléchir ; raison pour laquelle je n’ai pas dévoilé tout de suite l’identité de Moon.

C’est un personnage fort, qui n’aime pas se laisser marcher sur les pieds et qui n’a pas sa langue dans sa poche. Sa grande faiblesse, au fond, c’est la peur de l’échec – et plus que ça, sa peur de passer à côté de sa vie en échouant. Sa grande force, c’est Orion, son Sam Gamegie, toujours là pour l’aider – et pour lui donner l’énergie d’épater la galerie. 

ActuSF : Quels univers ont été votre ou vos inspirations pour créer ce jeu virtuel ? Je pense notamment au roman Ready Player One ou encore Sword Art Online, l’animé japonais qui met en scène des joueurs pris au piège dans un jeu virtuel mortel.

Agnès Marot : Alors, Ready Player One, je n’en ai entendu parler qu’après la publication de mon roman, mais clairement, si je l’avais lu avant, ça aurait pu être une source d’inspiration. Je ne connais pas du tout Sword Art Online (mais du coup je vais regarder, merci !). 

"Le virtuel offre tellement de possibilités de torturer nos personnages… difficile d’y résister !"

Mes deux inspirations jeu vidéo, c’est vraiment Pokémon Go (pour le concept du jeu lui-même), et Life is Strange (pour la seconde partie du récit). En termes de romans et de films… je ne sais pas, en fait, il y en a probablement eu inconsciemment mais rien qui me vienne à l’esprit. J’avais envie de changer du concept « on meurt dans le jeu = on meurt dans la vraie vie » qui a été repris un certain nombre de fois, je partais avec les bases d’IRL qui mélangeait déjà réel et virtuel, mais que j’avais envie de transposer dans la vraie vie, cette fois. J’ai donc eu plein d’influences, mais pas vraiment tirées de romans ou de films évoquant le sujet du virtuel.

ActuSF : Votre roman s’inscrit dans la vague des productions d’œuvres autour des enjeux et des conséquences des jeux virtuels. Comment expliquez-vous ce nouvel intérêt pour ce genre d’histoire imaginaire ?

Agnès Marot : L’importance croissante des réseaux sociaux et de notre vie en ligne, je suppose, ainsi que la démocratisation progressive des jeux vidéo ces dernières années. Ça devient, petit à petit, un loisir dont on n’a pas honte, que les parents réprouvent moins, et donc, il y a plus de joueurs et de joueuses. L’évolution des technologies permet également de diminuer de plus en plus les frontières entre le jeu et la réalité, et offrent des expériences incroyables. Qui n’a jamais rêvé de pouvoir s’évader dans n’importe quel monde quand le nôtre devient trop pénible, et de revenir dès qu’on en a assez ?

C’est un univers qui fait rêver, mais qui fait aussi réfléchir : quand on est dans un jeu, on éprouve des émotions réelles, on est confronté à des personnes réelles, ou au produit du travail de personnes réelles. On s’évade, certes, mais on ne fuit pas la réalité : on y est encore bien ancré, en la regardant simplement sous un autre prisme.

Le virtuel offre tellement de possibilités de torturer nos personnages… difficile d’y résister ! 

ActuSF : Votre roman est truffé de références au monde geek. Êtes-vous vous-même une grande joueuse de jeux vidéo ? Quels sont les jeux qui vous attirent le plus ? 

Agnès Marot : Je ne dirais pas que je suis une grande joueuse, je me définis plutôt comme une « joueuse du dimanche passionnée » ^^ J’adore ça, mais je ne trouve pas toujours le temps de jouer, alors je fais ça à mon rythme, dans mon coin, avec quelques périodes plus intenses quand le jeu est prenant.

J’aime en particulier les jeux RPG (The Witcher 3, Assassin’s Creed, Horizon Zero Dawn…) et les jeux narratifs (Life is strange, Beyon two souls, The Last Guardian). La plupart sont d’ailleurs cités dans le roman.

ActuSF : Avez-vous d’autres projets d’écriture en cours ?

Agnès Marot : Il y a bien sûr mon roman co-écrit avec Cindy Van Wilder, #TousDebout, un YA contemporain sur les révoltes lycéennes, qui paraîtra chez Nathan au printemps 2019.

J’ai deux autres choses dans les tiroirs, mais c’est un peu tôt pour en parler… Tout ce que je peux dire, c’est que je retourne du côté des 10-12 ans !

ActuSF : Quand est-ce que les lecteurs pourront vous retrouver en dédicace ? 

Agnès Marot : Aux Aventuriales de Ménétrol, les 29 et 30 septembre. Et bien sûr au salon de Montreuil en décembre !

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