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Interview 2018 : Jean-Daniel Brèque pour Anatomie de l'horreur de Stephen King
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Interview 2018 : Jean-Daniel Brèque pour Anatomie de l'horreur de Stephen King

ActuSF : Jean-Daniel Brèque, vous êtes traducteur et vous avez travaillé sur la révision de Anatomie de l’horreur de Stephen King, republié aux éditions Albin Michel. De quoi parle cet essai ?

Jean-Daniel Brèque : Publié à l’origine en 1981, ce livre est une promenade dans l’horreur anglo-américaine, en littérature, à la radio, au cinéma et à la télévision. En même temps, Stephen King y raconte certains épisodes de sa vie, en tant que lecteur, spectateur et écrivain, partage ses admirations et donne un aperçu de son travail d’écrivain, ainsi que de ses influences.

ActuSF : Qu’apporte cette révision à la première traduction ?

Jean-Daniel Brèque : En ce qui concerne le texte proprement dit, un avant-propos datant de 2010, essentiellement un panorama des films d’horreur qui ont marqué King depuis la première publication de ce livre, et un avant-propos à l’édition de 1983, qui nous était inconnu lorsque nous avons réalisé la première édition française, parue en deux volumes en 1995 et 1996. Pour ce qui est du paratexte : les notes et appendices ont été mis à jour au mieux, en tenant compte des traductions postérieures à la première édition française et des nouvelles sources de documentation en ligne, qui n’existaient pas à l’époque. Un regret à cet égard : Jean-Pierre Croquet, responsable au premier chef du paratexte, aurait souhaité rédiger une postface faisant un état des lieux de la littérature d’horreur aujourd’hui, qui a considérablement changé depuis la première édition de ce livre. Albin Michel a préféré s’en dispenser, ce qui est regrettable.

 

 

 

 

ActuSF : Ce n’est pas la première fois que vous traduisez Stephen King. Devient-on plus familier avec un auteur au fur et à mesure que l’on traduit ses propos ?

Jean-Daniel Brèque : Évidemment. Cela dit, je n’ai pas traduit grand-chose de King, à mon grand regret : une moitié de Terres perdues (pourquoi une moitié ? ce serait trop long à raconter—je le ferai sur le forum s’il y a une demande), quelques nouvelles, et La Clé des vents, une coda au cycle de La Tour sombre. Je profite de cette question pour recommander chaudement la traduction par Michel Pagel de Gwendy et la boîte à boutons, qui vient de sortir au Livre de poche. Il y aura prochainement un autre petit livre de King chez cet éditeur, traduit par le même Pagel ; je l’attends avec impatience.

 

"Je pourrais vous raconter sa vision des Soucoupes volantes attaquent le jour où les Russes ont lancé Spoutnik I, mais ce serait un crime de le paraphraser."

 

ActuSF : Sur quelle partie de l’essai avez-vous préféré travailler ?

Jean-Daniel Brèque : À l’époque, les livres, indubitablement, car c’est le domaine que je connaissais le mieux (je suis une bille en cinéma) et King a énormément d’observations pertinentes à faire. Le chapitre sur la radio a été pour moi une découverte, mais c’est Jean-Pierre Croquet qui a assuré la « direction scientifique » (il n’y a pas d’autres mots) de mon travail, avec un coup de main de Jacques Baudou, grand spécialiste de la radio de l’étrange s’il en est.

ActuSF : Pouvez-vous nous confier une anecdote partagée par Stephen King dans Anatomie de l’horreur ?

Jean-Daniel Brèque : Je pourrais vous raconter sa vision des Soucoupes volantes attaquent le jour où les Russes ont lancé Spoutnik I, mais ce serait un crime de le paraphraser. Lisez le livre, c’est le chapitre 1er – si ça se trouve, on peut y accéder sur des sites de vente en ligne. Si ça ne suffit pas à vous accrocher, je ne peux pas grand-chose pour vous.

 

 

 

 

ActuSF : Vous êtes spécialisé dans la traduction des ouvrages de SFFF. Existe-t-il des particularités de la traduction dans l’imaginaire ? Comme la création de mots nouveaux ?

Jean-Daniel Brèque : Je fais partie de ceux qui pensent que l’imaginaire est plus exigeant que le réalisme : l’auteur – et le traducteur avec lui – doit respecter un devoir de cohérence dans ses inventions. Non seulement il doit forger de nouveaux mots mais il doit veiller à ce qu’ils ne se contredisent pas les uns les autres. Sympa, comme boulot.

ActuSF : Travaillez-vous sur d’autres projets de traduction actuellement ?

Jean-Daniel Brèque : Toujours. Il y a un an, j’ai demandé à faire valoir mes droits à la retraite, mais c’était dans le but de me consacrer à des projets personnels qui n’intéressent pas forcément les éditeurs « mainstream ». Je reste attaché à Poul Anderson et Lucius Shepard, que je continue à traduire pour Le Bélial’ (en cours : la saga de « La Hanse galactique », de Poul Anderson ; vient de paraître de Lucius Shepard : Les Attracteurs de Rose Street, dans la collection « Une Heure-Lumière ») ; je continue d’animer ma collection de polars de la Belle Époque, « Baskerville » (à paraître en octobre : Le Fils du Loup, sixième volume – inédit en français – des aventures du Loup solitaire, par Louis Joseph Vance ; et un programme arrêté jusqu’à fin 2019) ; j’ai des projets portant sur un grand romancier anglais totalement oublié dont je compte rééditer des traductions – excellentes – parues jusque dans l’entre-deux-guerres. Et je suis en ce moment en train d’honorer une promesse : en1998 paraissait en « Présence du futur » un court roman de Brian Stableford intitulé L’Extase des vampires, annoncé comme le début d’une trilogie mais dont la publication française s’est arrêtée là. Stableford – comme il en avait l’intention dès le début – a réécrit sa trilogie pour en faire un roman à tiroirs, et je suis en train de le traduire, après avoir récupéré mes droits auprès de Denoël pour intégrer mon travail de 1998 à celui d’aujourd’hui. Le livre s’intitulera La Porte de l’éternité et paraîtra en juillet 2019 chez Rivière Blanche. Au menu : Oscar Wilde, William Hope Hodgson et un certain Grand Détective…

 

Crédits photo : Fabienne Rose 

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