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Interview de Paolo Bacigalupi sur Zombie Ball
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Interview de Paolo Bacigalupi sur Zombie Ball

Actusf : Comment vous est venue l’idée de Zombie Ball ?
Paolo Bacigalupi : À la base, je voulais simplement écrire une histoire pour enfants dans laquelle ils trouveraient des choses qui leur plaisent. Beaucoup de la littérature de jeunesse se focalise exclusivement sur ce que nous, les adultes, considérons comme « bien » ou « littéraire » ou adapté, mais pour moi, la lecture a toujours été un plaisir. Je voulais raconter une histoire qui serait agréable pour de jeunes lecteurs. Si elle contient d’autres éléments, plus profonds, et bien je suis content d’avoir pu les inclure. Mais à la base, je voulais juste écrire un roman comique sur les zombies que les enfants prendraient plaisir à lire. 
 
Actusf : Comment présenteriez-vous Rabi, Joe et Miguel ?
Paolo Bacigalupi : Rabi et Joe et Miguel, sont trois meilleurs amis qui ont grandi ensemble dans une petite ville fermière de l’Iowa. Ils ont tous les trois des origines très différentes. Rabi a des racines indiennes, car sa mère vient de Calcutta, mais il est né aux États-Unis et possède la nationalité américaine. Joe est un stéréotype américain ambulant, les cheveux blonds et les yeux bleus, et sa famille vit aux États-Unis depuis des générations. Miguel lui a grandi aux États-Unis, mais est arrivé illégalement dans le pays quand il était encore bébé, et même s’il se considère américain, et se sent américain d’un point de vue culturel, la loi ne voit pas sa situation du même œil. Leurs vies, leurs apparences et origines influent sur la façon dont ils perçoivent le monde, et la façon dont le monde les perçoit. 
 
Actusf : Qu’est-ce que vous aimez chez les zombies ? Qu’est-ce qui vous intéresse chez eux ?
Paolo Bacigalupi : En fait, les zombies me font peur. Je n’aurais jamais écrit une histoire sur ce sujet, si ma femme n’était pas institutrice et n’avait pas d’élèves voulant lire des histoires de zombies. Quand j’ai regardé ce qu’il y avait à la vente, j’ai réalisé qu’il y a peu de bonnes histoires de zombies pour un jeune public, et en guise d’expérience j’ai essayé d’écrire une histoire de zombie pour eux. Si ce n’était pas pour les enfants, j’éviterais les zombies. Ils me mettent vraiment mal à l’aise. 
 
Actusf : Votre vision des zombies est intéressante car vous abordez des problèmes de société. Était-ce délibéré ?
Paolo Bacigalupi : Ce n’était pas vraiment délibéré, mais c’est très vite ressorti à mesure que j’avançais dans l’écriture. Je pense qu’il existe en moi quelque chose qui me pousse à écrire sur les questions sociales. Et il s’avère que même une apocalypse zombie est un bon angle pour aborder tout ce qui va du fonctionnement des usines de conditionnement de viande, en passant par le traitement des immigrants, et la façon dont on peut s’entendre ou non avec l’autre et travailler au-delà de nos différences. Et le tout alors que les zombies en veulent à notre cerveau.
 
Actusf : Vous aimez le baseball ? Pourquoi choisir ce sport ?
Paolo Bacigalupi : Pour les battes de baseball. Je voulais parler du travail d’équipe, je savais que le sport aurait une place importante dans mon histoire, et j’avais vraiment besoin que mes personnages puissent avoir des armes. Le baseball et ses battes se sont donc imposés comme une évidence. 
 
Actusf : C’est difficile d’écrire sur des vaches zombies ? :-)
Paolo Bacigalupi : C’était vraiment très drôle ! Quand j’ai trouvé où je voulais en venir avec l’histoire, et comment l’apocalypse zombie allait se déclencher, je trépignais d’impatience à l’idée d’écrire la scène sur les vaches zombies. Je me rappelle avoir réalisé que je pouvais les inclure dans l’histoire, et j’ai commencé à rire tout en écrivant.
 
Zombies Ball Paolo Bacigalupi
 
Actusf : Que pensez-vous des films et des romans de zombies actuels ?
Paolo Bacigalupi : Mon point de vue personnel sur la popularité des histoires de zombies c’est que, tout du moins aux États-Unis, on en a tous marre de nos voisins et on aimerait qu’ils deviennent tous zombies pour pouvoir s’en débarrasser. L’apocalypse zombie est en réalité une utopie fantaisiste pour nous, parce qu’on serait enfin capable de tirer à vue sur toutes ces personnes qui encombrent nos autoroutes et se mettent dans notre chemin lorsqu’on va faire des courses. 
 
Actusf : Quels livres et films sur les zombies avez-vous apprécié ?
Paolo Bacigalupi : De manière générale je les fuis. Les histoires de zombies me font vraiment peur, donc à moins qu’elles soient très drôles (Shaun of the Dead, Bienvenue à Zombieland), je ne peux pas en lire ou en visionner. Je suis vraiment épaté que quelque chose d’aussi flippant soit devenu un tel phénomène de masse. 
 
Actusf : Sur quoi travaillez-vous à l’heure actuelle ? Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Paolo Bacigalupi : Je viens tout juste de sortir un nouveau roman jeunesse aux U.S., The Doubt Factory, qui est un thriller sur l’industrie des relations publiques. En mai prochain, je vais sortir mon premier roman adulte depuis La Fille Automate. Il s’appelle The Water Knife, et se focalise sur la sécheresse et le changement climatique, et sur les villes de Phoenix et Las Vegas qui se livrent une guerre pour l’accès à l’eau. 
 
Traduction de Hermine Hémon et d’Erwan Devos 

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