- le  
Interview de Xavier Mauméjean
Commenter

Interview de Xavier Mauméjean

ActuSF : D'où t'es venue l'idée de la collection ? Et comment s’est-elle mise en place ?
Xavier Mauméjean : L’idée vient d’un souhait, ce qui est un joli début pour une collection de Fantasy. Mango nourrissait depuis quelques temps l’intention de lancer des romans de genre, destinés à la jeunesse. La Fantasy est assurément présente en librairie, et le but n’était pas d’ajouter une collection parmi d’autres, alors que de nombreux éditeurs comme Mnémos, Bragelonne ou Fleuve-Noir effectuent déjà un travail majeur. Le premier impératif était donc celui de la tranche d’âge. Or il n’existait pas jusqu’à maintenant de collection pour la jeunesse proposant uniquement des inédits, écrits par des auteurs français. Ce qui est fait, depuis juillet 2006, quand nous avons commandé les premiers textes.

ActuSF : Le nom d'une collection est fondateur pour son identité, quels autres noms pressentis ont finalement été écartés en faveur de Royaumes perdus ?
Xavier Mauméjean : Il est vrai que le choix a été soigneusement pesé. Nous voulions un titre qui évoque la Fantasy, et qui soit facilement mémorisable. Il fallait que toutes les époques ou univers puissent être représentés. De plus, nous ne devions pas restreindre le genre à l’une ou l’autre de ses expressions, ce qui aurait été le cas si nous avions utilisé des termes comme « magie » ou « épée ». Et puis nous voulions évoquer ce temps particulier qui est celui du mythe, à la fois proche et oublié. Royaumes Perdus  est venu assez rapidement.

ActuSF : Est-ce une volonté de Mango de ne faire appel qu'à des plumes françaises comme c'est déjà le cas pour Autres Mondes ?
Xavier Mauméjean : Non pas de ne faire appel « qu’à » des plumes françaises, mais assurément de se tourner dans un premier temps vers des auteurs français. Je veux dire par là que ce choix n’a rien d’exclusif, mais qu’effectivement il était intéressant de demander à des écrivains d’ici de parler d’ailleurs. Mais il est tout à fait possible que, la collection s’installant, nous proposions des traductions. Je lis certaines œuvres en vue de…

Quant à la référence à Autres Mondes, elle va de soi. Si Royaumes Perdus apparaît comme sa complémentaire, offrant l’autre versant fort de l’imaginaire aux jeunes lecteurs, je serai très heureux..

ActuSF : Dans le communiqué, se trouve l'expression suivante "des récits (...) qui offrent l’occasion de se distraire en apprenant",  quelle importance as-tu donnée à la dimension pédagogique des textes. Y aura-t-il une collaboration particulière avec le milieu scolaire (professeurs et documentalistes) ?
Xavier Mauméjean : La dimension pédagogique est essentielle. Clairement, c’est ce qui me motive. Je suis enseignant, et l’on ne se refait pas…. Le souci d’apprendre en offrant l’évasion définit la ligne des textes. J’aimerai que le lecteur, lorsqu’il tournera la dernière page du roman, ait passé un bon moment, et appris quelque chose. Oui, je souhaite collaborer avec les professeurs et documentalistes, dans la continuité d’Autres Mondes. La collection Royaumes Perdus  propose des romans avec un fond historique solide, et des références mythologiques ou légendaires assurées. Par exemple, La Dernière Odyssée de Fabien Clavel met en scène un héros évoqué par Homère, et reprend des figures antiques, comme la Gorgone. Sans parler des lieux, des usages, des coutumes qui sont fidèlement rendus. Cela pourrait donner lieu à une fiche de lecture pour les élèves qui ont l’Antiquité au programme d’Histoire, et pour ceux qui étudient les langues anciennes.

ActuSF : Comment s'est passée la collaboration avec les auteurs ?
Xavier Mauméjean
: Elle se passe très bien, en témoigne la rapidité avec laquelle les premiers textes m’ont été proposés. Et je ne parle pas que des quatre premiers titres. Je pense que l’orientation de la collection, et le fait qu’elle soit destinée à un jeune public, ont séduit les auteurs. Certains avaient déjà écrit pour la jeunesse, d’autres non, et tous ont été motivés par le défi à relever.

ActuSF : Y a-t-il "une Bible" à laquelle les textes doivent répondre, une ligne éditoriale très marquée. ?
Xavier Mauméjean
: Soit le roman évoque une culture et sa mythologie, soit elle offre une relecture d’un conte, d’une légende, ou d’un thème majeur de la Fantasy. Un présupposé simple, ce qui ne veut pas dire qu’il soit aisé d’y répondre…

ActuSF : Une des difficultés du projet n'est elle pas de mettre en scène des univers très vastes (dans une double dimension à la fois mythologique et historique) sur un format assez court ?
Xavier Mauméjean
: Précisément, c’est pourquoi la collection manifeste une exigence littéraire. Par exemple, il ne faut pas noyer le texte sous les références, mais infuser des éléments culturels dans la narration. Les romans font référence à l’Histoire, mais à condition de servir une histoire. Il faut que telle mention à une déesse ou un empereur apparaisse naturellement, que l’évocation d’un aliment, d’une arme ou d’une pièce de vêtement aille de soi. Et puis l’écriture pour la jeunesse est un exercice qui n’a rien de simple. C’est une véritable école, j’en parle d’expérience…

ActuSF : Est-il prévu de publier des "sagas", un texte divisé en plusieurs volumes ?
Xavier Mauméjean
: Pas pour l’instant. Chaque volume peut se lire indépendamment et propose une véritable fin. Par contre, rien n’interdit que l’on puisse retrouver un héros et son monde, mais à nouveau dans un récit achevé. Cela dit, si l’on me propose un cycle qui m’emballe, je signe immédiatement.

ActuSF : Quels ont été tes critères pour choisir les illustrateurs ?
Xavier Mauméjean
: Il se trouve que le responsable de la ligne graphique est un ami de toujours, avec qui je n’avais pas travaillé depuis vingt ans. A l’époque, nous réalisions des films expérimentaux et du vidéo art…Il s’agit de Pépito Lopez, déjà responsable du visuel d’Autres Mondes. Ce n’est donc pas le hasard qui a présidé à nos retrouvailles, mais peut-être le destin, plus adéquat à une collection de Fantasy. L’illustration est le résultat d’une rencontre entre le graphiste et le roman. S’il n’y a pas de déclic, la rencontre ne se fait pas. Chacun des romans a trouvé sa couverture, je suis très content du résultat.

ActuSF : Quel rythme de parution est envisagé ?
Xavier Mauméjean
: Quatre titres dans un premier temps, puis quatre autres mi 2008, et deux autres pour la même année, sans que rien ne soit actuellement décidé pour l’horizon futur.

ActuSF : Quels auteurs aimerais-tu publier ?
Xavier Mauméjean
: Je rêve de publier Crayon Kingdom, de Reizo Fukunaga, pour moi l’une des œuvres majeures de la Fantasy jeunesse. Un pur bijou, sans défaut. Sinon, j’aimerai surtout que Royaumes Perdus accueille les auteurs français qui se sont illustrés dans la littérature imaginaire adulte. Parce qu’ainsi ils donneront l’occasion aux lecteurs de découvrir d’autres œuvres, de les accompagner. Le jeune lectorat doit être le lectorat adulte de demain, ce qui n’est pas forcément évident.

ActuSF : Y a-t-il parmi les textes que tu as déjà lus des mythologies qui t'étaient inconnues ou du moins ces textes ont-ils changé ton regard sur la mythologie dans laquelle ils s'inscrivaient ?
Xavier Mauméjean
: Mon regard n’a pas vraiment changé, mais il s’est enrichi d’une autre vision, celle de l’écrivain qui m’a proposé son texte. Tout simplement parce que j’aurais écrit autre chose, traité le thème différemment. D’ailleurs, si j’interviens sur le texte par mes suggestions, je ne me l’approprie jamais.

ActuSF : Directeur de collection pour Van Helsing, maintenant pour Mango, cette fonction t'apporte-t-elle ce que tu en attendais quand tu t'es lancé dans l'aventure ?
Xavier Mauméjean
: J’y trouve l’avantage d’une collaboration avec l’auteur, dans le prolongement de mon expérience avec Johan Heliot, ou André-François Ruaud. Et puis l’on découvre l’autre aspect du livre, sa genèse qui inclut sa fabrication, sa mise en place et sa promotion.

ActuSF : Quelle figure mythologique (sous sa forme première ou réactualisée) te semble avoir connu la « carrière », la postérité la plus aboutie ?
Xavier Mauméjean
: Probablement le vampire, il est présent partout, depuis l’Antiquité.

ActuSF : Et puisque tu évolues dans deux univers éditoriaux qui reposent sur la mythologie. Quelle créature mythologique te fascine le plus ?
Xavier Mauméjean
: En ce moment l’arbre Wak-Wak, on en trouve trace dans les récits de voyage rédigés par Abd ar-Razzâq, aventurier et poète du XVe siècle. Il s’agit rien moins que de l’Arbre de Vie, sur lequel poussent comme des fruits la totalité des êtres. J’adore l’idée que cette figure, à la fois mythique et mystique, ait un nom rigolo.

à lire aussi

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?