Si vous ouvrez votre dictionnaire à Faust comme je viens de le faire, vous apprendrez que le thème de Faust a déjà été traité des dizaines et des dizaines de fois par la littérature, de nombreux auteurs étant fascinés par ce mythe parlant de damnation éternelle. En gros, il s’agit à chaque fois d’un homme (Faust) qui, insatisfait de sa condition, fait appel au diable, en échange de ses biens matériels, ou de son âme selon les versions. Il y gagnera soit un pouvoir de séduction incroyable, soit une connaissance universelle de toutes choses, soit la richesse...

Celle de Swanwick ne déroge pas à la règle. Son Faust est un savant du XVIème qui est déçu par tous les livres qu’il a ingurgité. Aucun n’a pu vraiment lui donner des explications suffisantes pour comprendre le monde. Après des années d’études, il se sent toujours aussi ignorant. Frustré, il se décide à appeler à la rescousse les démons, sous la forme de Méphistophélès. Le pacte est très vite scellé. Méphistophélès lui enseignera tous les secrets de l’univers à une seule et unique condition, que Faust prête toujours une oreille attentive à son discours et ses vérités.

L’engagement paraît simple et peu contraignant. Toutes ces connaissances vont faire de Faust un savant bouillonnant d’idées et d’activités, qui va révolutionner son époque. En quelques années, il mettra en application l’électricité, la radio, le téléphone, les locomotives à vapeur, un vaccin contre la peste, la pilule contraceptive, les montgolfières, la lunette astronomique, le microscope... et bien d’autres merveilles inconnues au XVIème. Mais les hommes de son époque sont-ils prêts pour toutes ces nouveautés ? Sont-ils assez ouverts d’esprit à une période où l’avortement est synonyme de pendaison ? Faust apprendra à ses dépens que la vérité et la connaissance n’ont pas toujours force de loi.

Ce que j’en pense :

Pour être franc, je ne suis pas véritablement emballé. Côté qualité, il est très intéressant de suivre les tribulations de Faust et de voir comment ses inventions (soufflées par Méphistophélès) vont accélérer le cours de l’Histoire. Cela tourne d’ailleurs plus ou moins à l’Uchronie avec des morceaux de XIXème ou XXème siècle, se greffant sur le XVIème (l’arrivée du travail à la chaîne inaugurée dans ses usines, du capitalisme et de son petit frère le communisme, la constitution de l’Invincible Armada par des bateaux à vapeur...). Les événements de quatre siècles arrivent en même temps grâce aux découvertes scientifiques (voilà une vision de la science intéressante, je devrais peut-être en faire un mémoire moi...). C’est un tourbillon d’où ne sortira... Vous ne croyez quand même pas que je vais vous raconter la fin non ?

Côté défaut, c’est un peu longuet. J’ai le sentiment que l’auteur s’est presque trop attaché justement à ce tourbillon de découverte et de connaissance, reléguant parfois l’intrigue à l’arrière plan. Mais bon, ce ne sont que mes impressions à moi que j’ai ressenties avec ce bouquin... Peut-être me manque-t-il quelques lectures préalables ou connaissances sur le mythe de Faust pour vraiment en apprécier toutes les subtilités, ou bien tout simplement un peu de recul...