Ce vingt-huitième tome de la saga Thorgal, désormais incontournable, a été annoncé en grande pompe par les éditions du Lombard. La Conciergerie a ainsi rendu hommage au talent de Rosinski avec une exposition qui retraçait son parcours dans une superbe rétrospective. Il faut dire que, depuis leur rencontre en 1976, Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme ont construit un univers et des personnages qui ont marqué l’histoire de la bande dessinée, ne serait-ce que par le nombre d’albums vendus. Un chiffre qui en dit plus long que de grands discours : Van Hamme a vendu plus de dix-huit millions d’albums ces dix dernières années sur le seul marché francophone. Et dire que son premier ouvrage, Epoxy, est passé totalement inaperçu lors de sa sortie en 1968 !

Fuite en avant

Thorgal n’est pas mort comme le pensait ses empoisonneurs. Après avoir régurgité le poison, il s’enfuit de l’île où l’on avait abandonné son corps. Pendant ce temps, Aaricia, Jolan et Louve sont condamnés aux travaux forcés dans les mines d’argent. Là, leur contremaître n’est autre que Kriss de Valnor. Elle leur propose de s’enfuir avec elle. Pourquoi tant de sollicitude tout à coup de la part de cette vipère ? Que cache-t-elle encore ? Aaricia reste méfiante mais elle n’a d’autre solution que de lui faire confiance et de s’allier, du moins jusqu’à ce qu’ils parviennent à s’échapper.

L’album de la rédemption

C’est le grand retour de Kriss de Valnor, sans conteste l’une des « méchantes » les plus réussies de la bande dessinée, un personnage fort qui a marqué tous les lecteurs de la célèbre saga Thorgal. Van Hamme et Rosinski ont décidé de la faire revenir une ultime fois afin de lui offrir une rédemption et de lui rendre hommage avec un album qui porte enfin son nom. La couverture est également superbe et elle offre à la dernière apparition de Kriss un écrin à sa dimension. Elle peut dès lors définitivement entrer dans la légende. Riche en rebondissements et en action, ce dernier tome souffre pourtant d’un trop grand nombre de clichés que Van Hamme s’est empressé de distiller avant de supprimer son anti-héroïne. Ainsi, les deux ennemies jurées manquent de succomber à des tentations saphiques et l’expiation se fait par la maternité. Il est dommage d’ailleurs que l’action prime sur certaines scènes « psychologiques » qui auraient mérité d’être approfondies. Ainsi l’on reste confondu devant la simplicité et la tolérance d’Aaricia face à certaines situations que je ne puis dévoiler sous peine de gâcher le plaisir de la surprise.

Cependant, l’histoire fonctionne et c’est avec plaisir que l’on retrouve la famille de Thorgal. Beaucoup de choses changent la donne et cet album redonne du souffle à l’épopée thorgalienne. Un pari pour les tomes à venir qui promettent d’être riches de conséquences.