Un objet littéraire
Voici un livre écrit par Léo Henry et le défunt Jacques Mucchielli publié pour la première fois en 2008. Au début on se pose une question : est-ce un roman ou un recueil de nouvelles ? un peu des deux car autant les histoires qui s’enchaînent sont différentes, autant elles s’enchâssent pour donner une vision commune de cette ville, Yirminadingrad.
Une ville au bout du monde
Nous voici en tout cas plongés dans le quotidien de Yirminadingrad, petit port de la mer noire fondé durant la période soviétique, mal remis de la transition vers le capitalisme. L’ambiance y est violente, étrange aussi vu ce qu’on découvre dans ces histoires. Avec Cheval cauchemar, on découvre un homme qui attend la naissance de son enfant, repensant au père qu’il n’a pas connu, à ses rêves qui le hante… tout en espérant que le bébé sera un être humain. La folie règne dans cette ville comme dans Demain l’usine où deux ateliers s'empêchent de produire quoique ce soit, rien ne sortant des chaînes depuis 15 ans. Et comme dans le bon vieux temps du Gosplan, on décide d’augmenter les cadences. Et la grève éclate. Absurdité totale !
La ville de tous les extrêmes
A Yirminadingrad, tout est possible, y compris l’extrême. Dans Sache que je te réserve, un pilote d'avion se livre à des ébats sexuels dans un simulateur de vol où il reproduit des crashs aériens. Dans Légende dorée de saint Christophe, on y revisite le mythe de saint Christophe, l’homme qui porta le Christ qui, lui, porte sur lui tous les péchés du monde et cela se reproduit ici avec l’empreinte de la religion orthodoxe, en mode hanté. Avec Escale d’urgence (matériaux pour un adultère), on y voit un homme qui commet un adultère lors d’un séjour à l’aéroport de Yirminadingrad, comme dans un cauchemar : un peu de légèreté quoi.
En bref c’est la grande déglingue ! et ça ressemble un peu au monde dans lequel on vit. Yama Loka Terminus est donc à lire.
Sylvain Bonnet