Simon Sanahujas est un de ces jeunes romanciers découverts par Philppe Ward et publiés pour la première fois dans la collection Rivière Blanche de Black Coat Press. Avec son précédent roman, Suleyman (2005), c'est timidement, presque incognito, que cet auteur se présentait à ses lecteurs. Aujourd'hui, près de trois ans plus tard, paraît la suite des aventures des arpenteurs du Multivers et, cette fois, Simon Sanahujas assume et affirme son hérédité puisque la couverture de L'Emprise des rêves est illustrée par une œuvre inédite et étrange de son père, Patrice Sanahujas, dessinateur de talent.
Une guerre des mondes
Suleyman, l'arpenteur des plans a disparu après avoir tué son créateur, abandonnant Zoé, forcée d'admettre qu'elle s'est éprise du héros musclé. Incapable de se résoudre à reprendre sa vie ordinaire d'étudiante en histoire, elle s'est engagée au service du Conseil pour la sauvegarde des mondes. Cinq ans plus tard, lorsque sont menacés plusieurs univers dont elle a la responsabilité, elle mobilise les forces à sa disposition ainsi que les savoirs et compétences durement acquis pour se préparer à faire face aux tueurs Barkaris. Tout se complique quand elle comprend qu'on projette de l'assassiner, que Suleyman n'est peut-être pas mort et que l'ennemi à affronter est un puissant oniromancien...
Aventure touristique au sein du Multivers
Peut-on concevoir un univers romanesque permettant le voyage dans le temps, l'exploration de mondes exotiques, l'anticipation, le passage dans des mondes parallèles, l'uchronie, sans oublier clins d'œils et hommages au patrimoine existant des littératures de l'Imaginaire ?
Simon Sanahujas l'a réalisé en créant son Multivers au sein duquel on peut, rien qu'en tournant la page, passer d'une Terre du présent à un monde médiéval, d'un futur éloigné au désert d'Arrakis, d'un tableau de Dali à l'hiver sans fin de la Compagnie des glaces, d'un rêve amérindien aux Imaginales d'Épinal...
Passant les portails (qui ne se referment plus aussi systématiquement sur ses poursuivants), Zoé court d'un monde à l'autre à la recherche de solutions. Le pauvre Abyël, quant à lui, porteur d'un secret de polichinelle, jouera malgré lui le rôle de guide touristique du Multivers pour permettre au lecteur d'en constater la diversité.
La difficulté d'écrire
Plus dense et plus prenant que le volume précédent, L'Emprise des rêves est aussi mieux écrit. Subsistent cependant quelques-uns des défauts relevés à la lecture de Suleyman et qu'on reprochera tant à l'auteur qu'à l'éditeur. Une orthographe qui bute sur nombre des difficultés classiques de la langue française, une rédaction un peu plate quand elle se contente d'une accumulation d'expressions clichés : Tout homme fort a les muscles qui roulent sous la peau, la végétation est forcément verdoyante ou luxuriante, les couloirs labyrinthiques et le calme olympien ; tout le reste est fantastique, ce qui appauvrit considérablement le propos. On trouve aussi des passages qui, bien que révélant la culture de l'auteur ne s'insèrent qu'artificiellement dans l'intrigue. C'était le cas du discours de Yargast sur l'histoire de la musique. Ici, c'est le monologue d'une variante de Suleyman/Simon sur la biographie de Robert Howard. Si bien que tout au long de ce roman on n'oublie jamais, hélas, qu'écrire est un art difficile.
Une lecture virile et divertissante
Malgré les scories qui affligent ce roman, L'Emprise des rêves s'exerce bel et bien sur le lecteur. On se demande dans quel genre de monde Simon Sanahujas va nous conduire au chapitre suivant, on apprécie le rythme de l'histoire. On constate plus d'audace dans la narration, plus de profondeur aux personnages qui en deviennent presque tristes pour le coup. Suleyman nourrit ses inquiétudes, Yargast laisse paraître ses faiblesses, et même Mercenaire semble avoir gagné une âme ! On s'interroge sur la création et ses ressorts, sur la liberté et la prédestination. Pour autant, on n'a pas quitté le roman d'aventure virile. Épées, mitraillettes et nunchakus rivalisent de cruauté et d'efficacité pour découper les têtes et faire gicler le sang. La guerre, comme toujours se revêt de rouge sang et on se console facilement des mises à mort de méchants et des beaux sacrifices des héros.
L'Emprise des rêves, c'est près de 300 pages d'action, dans un multivers bien pensé. Une garantie de divertissement.
Une guerre des mondes
Suleyman, l'arpenteur des plans a disparu après avoir tué son créateur, abandonnant Zoé, forcée d'admettre qu'elle s'est éprise du héros musclé. Incapable de se résoudre à reprendre sa vie ordinaire d'étudiante en histoire, elle s'est engagée au service du Conseil pour la sauvegarde des mondes. Cinq ans plus tard, lorsque sont menacés plusieurs univers dont elle a la responsabilité, elle mobilise les forces à sa disposition ainsi que les savoirs et compétences durement acquis pour se préparer à faire face aux tueurs Barkaris. Tout se complique quand elle comprend qu'on projette de l'assassiner, que Suleyman n'est peut-être pas mort et que l'ennemi à affronter est un puissant oniromancien...
Aventure touristique au sein du Multivers
Peut-on concevoir un univers romanesque permettant le voyage dans le temps, l'exploration de mondes exotiques, l'anticipation, le passage dans des mondes parallèles, l'uchronie, sans oublier clins d'œils et hommages au patrimoine existant des littératures de l'Imaginaire ?
Simon Sanahujas l'a réalisé en créant son Multivers au sein duquel on peut, rien qu'en tournant la page, passer d'une Terre du présent à un monde médiéval, d'un futur éloigné au désert d'Arrakis, d'un tableau de Dali à l'hiver sans fin de la Compagnie des glaces, d'un rêve amérindien aux Imaginales d'Épinal...
Passant les portails (qui ne se referment plus aussi systématiquement sur ses poursuivants), Zoé court d'un monde à l'autre à la recherche de solutions. Le pauvre Abyël, quant à lui, porteur d'un secret de polichinelle, jouera malgré lui le rôle de guide touristique du Multivers pour permettre au lecteur d'en constater la diversité.
La difficulté d'écrire
Plus dense et plus prenant que le volume précédent, L'Emprise des rêves est aussi mieux écrit. Subsistent cependant quelques-uns des défauts relevés à la lecture de Suleyman et qu'on reprochera tant à l'auteur qu'à l'éditeur. Une orthographe qui bute sur nombre des difficultés classiques de la langue française, une rédaction un peu plate quand elle se contente d'une accumulation d'expressions clichés : Tout homme fort a les muscles qui roulent sous la peau, la végétation est forcément verdoyante ou luxuriante, les couloirs labyrinthiques et le calme olympien ; tout le reste est fantastique, ce qui appauvrit considérablement le propos. On trouve aussi des passages qui, bien que révélant la culture de l'auteur ne s'insèrent qu'artificiellement dans l'intrigue. C'était le cas du discours de Yargast sur l'histoire de la musique. Ici, c'est le monologue d'une variante de Suleyman/Simon sur la biographie de Robert Howard. Si bien que tout au long de ce roman on n'oublie jamais, hélas, qu'écrire est un art difficile.
Une lecture virile et divertissante
Malgré les scories qui affligent ce roman, L'Emprise des rêves s'exerce bel et bien sur le lecteur. On se demande dans quel genre de monde Simon Sanahujas va nous conduire au chapitre suivant, on apprécie le rythme de l'histoire. On constate plus d'audace dans la narration, plus de profondeur aux personnages qui en deviennent presque tristes pour le coup. Suleyman nourrit ses inquiétudes, Yargast laisse paraître ses faiblesses, et même Mercenaire semble avoir gagné une âme ! On s'interroge sur la création et ses ressorts, sur la liberté et la prédestination. Pour autant, on n'a pas quitté le roman d'aventure virile. Épées, mitraillettes et nunchakus rivalisent de cruauté et d'efficacité pour découper les têtes et faire gicler le sang. La guerre, comme toujours se revêt de rouge sang et on se console facilement des mises à mort de méchants et des beaux sacrifices des héros.
L'Emprise des rêves, c'est près de 300 pages d'action, dans un multivers bien pensé. Une garantie de divertissement.