Docteur en musicologie, Lloyd Biggle Jr écrivit près de vingt-cinq romans et une centaine de nouvelles dans les domaines de la science fiction, mais aussi du roman policier victorien, influençant notamment les débuts d'Orson Scott Card. Très actif dans le milieu, il participa activement à la Science Fiction (and Fantasy) Writers of America Inc. (organisateurs du fameux prix Nebula) et fut également à l'origine de la Science Fiction Oral History Association dont le but est de collecter et conserver des enregistrements audio et video d'entretiens, de conférences...
Gare aux OVNIS temporels !
Dans un futur proche Bowden Karvel, un astronaute unijambiste réformé, assiste au spectacle d'un étrange vortex qui pulvérise tout sur son passage, forêts et bâtiments. Une fois le cyclone calmé, il en découvre l'origine : une curieuse sphère à l'intérieur de laquelle se trouvent les restes broyés d'une créature inconnue. De plus, la présence sur les lieux d'un étrange papillon semble indiquer que l'engin vient du futur. Principal témoin de l'évènement, il est aussitôt réintégré dans l'armée. L'OVNI disparait. En France, l'apparition d'un appareil similaire provoque la destruction d'un village entier. Bowden Karvel se rend sur les lieux et, après bien des aventures, pilotera l'OVNI jusque dans l'avenir où il découvrira le monde dans lequel vivent nos lointains descendants et tentera de résoudre une partie du mystère.
Au diable les paradoxes !
L'ouragan du temps démarre sur les chapeaux de roue et le rythme se maintient jusqu'à la dernière page du roman. Bien que le thème du voyage temporel soit à la base de la trame du récit, Bowden Karvel ne rencontrera que peu ou pas de paradoxes, auxquels il règlera définitivement leur compte en s'écriant avec enthousiasme «Au diable les paradoxes !» Quoi qu'il en soit, ces voyages dans le temps ne sont visiblement que prétextes à une suite d'aventures menées tambour battant et c'est la que réside le véritable point fort du roman, ce qui réjouira certainement les amateurs de bonnes séries B.
La première partie étant consacrée à la période qui précède le voyage temporel de Bowden Karvel, ce n'est que dans la seconde que nous pouvons prendre toute la mesure du côté délicieusement kitsch du roman, depuis les hommes du futur - des géants chauves, édentés et maigrichons - jusqu'au mobilier qui sort des murs en passant par d'improbables « fauteuils en forme de saucisse » (sic). La troisième et dernière partie emmènera notre inépuisable héros au cœur de la préhistoire, ce qui constituera le bouquet final d'un feu d'artifice dans lequel nous aurons reconnus quelques uns des principaux thèmes de la science fiction d'antan : voyage temporel, extra-terrestres, pouvoirs mentaux, voyages spatiaux...
L'ouragan du temps souffre malheureusement des défauts de bien des romans de science fiction de l'époque, à savoir de trop longues conversations informatives et quelques raccourcis scénaristiques outrés qui nuisent à la crédibilité de certains passages. Ce n'est pourtant pas rédhibitoire et pour peu que vous parveniez à en délivrer un exemplaire des affres d'une détention prolongée dans les bacs à soldes, L'ouragan du temps vous fera certainement passer un bon moment de détente.
La chronique de 16h16 !