Pour rendre l'atmosphère pesante de la nouvelle, Nicolas Guillaume a choisit le noir et blanc. Son trait est un peu nerveux et joue en permanence avec les ombres. On devine souvent plus qu'on ne voit les expressions des personnages. L'ambiance, oppressante, est parfaitement rendue, traduisant le désespoir et la folie des protagonistes. C'est noir. Très noir... Et puis au détour d'une case, une touche d'humour apparaît, comme un rayon de soleil. Cela suffit à donner un peu d'air au récit et à le rendre plus digeste jusqu’au dénouement final, forcément terrible. On respire et on apprécie la distance que cela donne vis à vis de l’histoire. C'est aussi une preuve d'intelligence même si on sent un profond respect pour l'histoire originalle.

Ceux qui ont déjà lu la nouvelle d’Edgar Allan Poe se demanderont sans doute si l'album est fidèle au récit. Oui et non. En fait, Nicolas Guillaume n'a pas hésité à tailler dans le texte, préférant parfois montrer et mettre en scène des paragraphes sans pour autant rajouter les écris de l'auteur. Rien de choquant là dedans. Après tout, il s'agit d'une adaptation et Nicolas Guillaume a dû modeler la matière d'origine pour réaliser sa BD. Par contre, lorsqu'il a cru bon d'ajouter une narration à ses planches, il a là été fidèle au texte mot pour mot. Pour le reste, l'essentiel de l'histoire de La Chute de la maison Usher est sauvergardé. Et plus important, c'est l'ambiance qui s'en dégage, l'atmosphère, qui est parfairement rendue.

A condition d’accepter un album dans lequel le trait suggère plus qu’il ne montre, il s'agit d'une excellente adaptation de ce récit si important dans la bibliographie d’Edgar Allan Poe. Un album à découvrir et un auteur de BD à suivre.