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La Fée et le géomètre

Jean-Pierre Andrevon ( Auteur), Vincent Dutrait (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/10/2002  -  jeunesse
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La Fée et le géomètre

Jean-Pierre Andrevon a vu sa première nouvelle publiée dans Fiction en mai 68, un clin d'œil agréable pour un auteur qui se veut engagé. La sortie d'un roman ne tarde pas puisqu'un an plus tard, Denoël publie Les Hommes-machines contre Gandahar (qui sera adapté en dessin animé par Laloux en 1988). Une fois lancé, il ne s'est plus arrêté: obligé de se consacrer à l'écriture à plein temps par une "compression des postes artistiques" qui le contraignit à abandonner l'enseignement, il écrit 2 à 3 livres par an et explore tous les genres, jusqu'au plus inhabituel. Par exemple, les très très courtes nouvelles humoristiques dans Le Fromage de nos voisins de la planète Xyloon pue tout particulièrement. Il mène parallèlement une activité de journaliste et une carrière de peintre. La Fée et le géomètre lui a valu le Prix de la science-fiction pour la jeunesse en 1982 et le Grand Prix de la Science-fiction française a récompensé en 1990 Sukran (Denoël).

Un jour presque comme les autres

Dans le Pays Vert, une nouvelle journée s'annonce, consacrée joyeusement au travail et en cela, semblable aux précédentes pour les lutins. Journée plus exceptionnelle pour Nafeudhil, le mannequin, puisque sa femme, la fée Aliane, met au monde leur unique enfant. Journée faite d'humiliation pour Andros, le jeune mannequin, repoussé par la fée Sibialle et journée dédiée aux soins à apporter au dragon et au royaume en général pour le mage Marlin. Mais en réalité, c'est un jour funeste pour le Pays Vert parce que deux humains ont pénétré ce paisible royaume. Et qu'à leur suite les visiteurs indésirables se succèdent: soldats, touristes, entrepreneurs, spéculateurs immobiliers, scientifiques, prêcheurs... où s'arrêtera l'invasion et quel saccage va-t-elle produire?

Un détour par l'imaginaire pour sensibiliser et mobiliser les jeunes autour de leur avenir

Pillage des ressources naturelles, exploitation de la main d'œuvre, mépris pour les civilisations autochtones, conversions forcées: Jean-Pierre Andrevon illustre de façon subtile dans ce livre les ravages de la colonisation. Du monde riant du début du livre au cauchemar "civilisé" qu'en ont fait les hommes, les jeunes lecteurs pourront mesurer eux-mêmes l'ampleur du désastre. La modernité à tout prix et ses formes de colonisation (tourisme de masse, mondialisation de la culture) est aussi dénoncée dans ce récit. Malgré le tableau noir dépeint par Marlin dans son discours qui reprend, comme le note le narrateur, au chapitre suivant des propos tenus par des chefs amérindiens, Jean-Pierre Andrevon introduit des éléments d'optimisme: Stan Letto, l'explorateur soucieux de respecter l'équilibre du royaume, les couples mixtes dont l'union de Sybille et Loïc est emblématique, et surtout, la mobilisation des jeunes générations pour regagner du terrain sur l'envahisseur et renouer avec leur racine.

Bref, c'est à une prise de conscience de la nécessité de vivre en paix avec autrui, la nature et soi-même et aux engagements et gestes qu'induisent cette conscience que Jean-Pierre Andrevon appelle explicitement ses lecteurs, allant jusqu'à interpeller les enfants dans les deux derniers chapitres en concluant que l'avenir ne leur est pas donné, que c'est à eux de l'inventer et de le défendre. Un message actuel et nécessaire judicieusement servi par le recours maîtrisé à l'imaginaire. A mettre entre les mains de tous les jeunes et de leurs professeurs ou parents persuadés à tort que l'imaginaire les éloigne de la réalité!

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