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La Fontaine de Jouvence

Philippe Ward ( Auteur), Grillon (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/11/2004  -  livre
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La Fontaine de Jouvence

Auteur, chroniqueur, acteur inoxydable du petit landernau de la SF camembert et Gascon, Philippe Ward est depuis peu éditeur, avec cette collection Rivière Blanche. Un hommage assumé à la collection Anticipation du Fleuve Noir, qui amena tous les gens de sa génération à la science-fiction.

Et comme le patron n'est pas bégueule, c'est lui qui s'y colle avec cette Fontaine de Jouvence, dont il avait commencé l'écriture il y a presque trente ans.

Gilles de Grandin est archéologue, et pour tout de suite donner le ton, spécialiste de l'Atlantide. Mais spécialiste respecté. Attention ! Et lorsqu'un mystérieux coup de fil l'avise que d'étranges statues ont été mises à jour en Jamaïque, ni une ni deux, notre héros s'y rend. Archéologue certes, mais pas très organisé, il arrive à Ochos Rios le nez au vent, sans aucun contact. Qu'importe. En seulement quelques heures, il va faire la connaissance d'une superbe ethnologue, croiser la route d'un OVNI, se faire enlever par une mystérieuse Organisation, s'échapper et être initié aux pratiques magiques d'une tribu oubliée.

Ah, il est comme ça le Gilou ! Pas organisé pour deux ronds, mais le sens de fête !

Quelle maison, lorsqu'elle se lance dans le grand bain de l'édition ne rêve-t-elle pas d'apporter à la Grande Muraille du Livre quelques pierres angulaires ? Quel éditeur ne ferait pas l'impossible pour porter à la postérité le prochain Herbert ou le prochain Asimov ?

La réponse est : Rivière Blanche.

Pas de fantasme du classique séminal pour cette toute petite maison d'édition qui ne fait que dans le très référencé. Quasiment le plaisir d'initié. Il vous faut ici abandonner vos réflexes de lecteurs. Décaler votre regard, et seulement vous laisser emporter vers un autre temps. Une époque où la SF se produisait à la chaîne, avec un cahier des charges des plus stricts imposé par un éditeur négrier (car le Fleuve Noir en était un, et tant pis pour la légende) et où elle pouvait encore être naïve et trouver son public.

C'est justement cette naïveté, cette candeur, que Philippe Ward a su retranscrire dans La Fontaine de Jouvence, sobrement sous-titrée "une aventure de Gilles de Grandin". Et ce n'est pas une mince affaire que d'y être parvenu, si l'on considère que son écriture s'est faite sur près de trente années. Et malgré un ravaudage habile, qui prend en compte les toutes dernières avancées de la technologie, comme l'écran plat, tout ça vous a un goût de super production de l'ORTF. Nos héros, on se les imagine en 16mm noir et blanc avec B.O de Claude Loursais, habillés yéyé mais attention… correct (genre surboum Rue de Passy et Salut Les Copains !). Ce sont NOS héros. Les nôtres. Comme au bon vieux temps. Ils sont tellement chouettes et si rudement bath, qu'on ne peut que se les approprier. Il faut dire aussi qu'ils ne sont pas là pour faire de la psychologie, alors on se laisse entraîner par le rythme. Et puis les méchants, eux, sont tellement… ben méchants…

Pour préserver cette innocence, Ward a évidemment des techniques. Les noms des héros, qui vous plongent tout de suite entre Henri Vernes et OSS 117. Le style volontairement candide. Les impayables notes de bas de page, qui signalent d'un péremptoire "authentique" les anecdotes les plus fumeuses sur lesquelles Gilles de Grandin assied, sans rire, sa "légitimité" d'archéologue. Mais on préfère ne pas trop les chercher, ces ruses de Sioux de la Mer de Sable d'Ermenonville. On préfère se laisser glisser pendant quelques heures. Bref, on en profite, c'est l'heure de la récré !

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