Didier Convard, scénariste prolifique et reconnu s’est entouré de deux dessinateurs pour la série I.N.R.I., qui vient compléter sa saga Le Triangle secret (Glénat). Pierre Wachs a fait les Arts décoratifs de Strasbourg où il s’oriente vers la gravure. Bien que cet art reste important pour lui, il se tourne vers l’illustration de livres jeunesse. C’est en 1989 qu’il débute en bande dessinée avec Patrick Cothias sur la série Marie tempête. Depuis, il a notamment réalisé Poème rouge (Glénat), Le Saumon (Dargaud) ou encore Les Tentations de Navarre (Glénat).
Denis Falque, de son côté, a fait l’Ecole Emile Cohl après avoir obtenu son Bac d’Arts appliqués. Il débute en bande dessinée grâce à Corbeyran, qui lui confie le dessin de Graindazur (Dargaud) puis de la série Le Fond du monde (Delcourt) qui lui permet d’acquérir une certaine notoriété. Après avoir déjà collaboré sur Le Triangle secret (Glénat), il assure la plus grosse partie du dessin d’I.N.R.I. puisqu’il s’occupe de l’intrigue se déroulant au Moyen Âge .
"J’ai fait une vérité du mensonge de l’histoire et je m’en accommode"
De nos jours, au lendemain de la mort du Pape, la dépouille du Christ est conservée dans les laboratoires secrets du Vatican. Lentement, son corps se régénère, le miracle ultime se produit : Jésuite ressuscite. La nièce du frère Macchi, un dominicain travaillant à la régénération du Christ, est retenue prisonnière par les Gardiens du Sang, ceux mêmes qui ont envoyé un boucher encapuchonné trancher la main droite du Cardinal de Montespa afin de lui prendre sa bague. Ils ont désormais des yeux et des oreilles au cœur même de la Sainte Eglise.
L’an 1108, les cinq chevaliers partis à Jérusalem, et qui y ont trouvé le tombeau de Thomas l’imposteur, se sont partagés le morceau du suaire sur lequel figure la formule alchimique découverte par le Christ, clef de l’immortalité. Les Gardiens du Sang, dont le rôle est de préserver la version officielle de l’Eglise du Christ mort sur la Croix, envoient « le tueur à la hache » récupérer les fragments des Saints Signes cachés dans leur cinq bagues. Ce dernier établit une liste rouge sur laquelle sont inscrits les noms des personnes qui auraient pu avoir connaissance de ce secret. Ne se doutant de rien, de Payns élabore discrètement les plans d’un monument inviolable pour y cacher le corps du Christ.
Un scénario dense et érudit pour une saga ésotérique que l’on suit avec attention
Tout comme le premier tome, l’on suit parallèlement deux intrigues, la première est contemporaine et les dessins sont assurés par Wachs, la seconde, beaucoup plus importante, qui vient l’expliciter est illustrée par Falque. Ajoutons en plus que l’ensemble d’I.NR.I. donne des clefs pour comprendre certaines zones d’ombre du Triangle secret. L’on suit toujours avec un grand intérêt et une pointe d’inquiétude le scénario de Convard. Où veut-il nous emmener ? Que va-t-il encore nous révéler ? Son polar ésotérique nous tient en haleine et en excellent conteur, rôdé depuis longtemps au travail scénaristique, il ménage ses effets, cimente son intrigue et ne dévoile que lentement l’architecture complète de son récit. Son discours parfois docte mais jamais pontifiant échappe au piège de l’étalement du savoir et sert son histoire en résolvant à sa manière les énigmes de la grande. Convard nous entraîne donc dans les secrets de la Loge Première, nous fait partager la théorie de la formule alchimique de l’immortalité. Son personnage du « tueur à la hache » est particulièrement bien campé et nous fait frissonner autant par sa violence que par le dogmatisme et la certitude de ses convictions. Le dessin de Falque plus brut, au trait plus sec que celui de Wachs correspond bien à la période pleine de rudesse du Moyen Âge. Le lecteur déjà conquis par Le Triangle secret ne pourra se passer du deuxième volet de cette saga.
Utopiales 2024