Édouard Brasey est un conteur plus qu'un écrivain. Spécialiste des mythes et des légendes, il est l'auteur d'un grand nombre de livres sur le sujet, aussi bien des essais que des recueils de contes ou des romans. Le premier tome de sa trilogie de La malédiction de l'Anneau a reçu en 2009 le Prix Merlin.
La chute des Dieux
Le monde est divisé en plusieurs sphères. Les hommes occupent Midgard tandis que les dieux, dirigés par Odin, habitent Asgard et regardent les humains vivre, de haut. Toutefois, il arrive que des Dieux descendent sur Midgard et profitent des bienfaits de cette terre, en particulier de la douceur des femmes.
Mais les Dieux eux-mêmes sont faillibles, tant Odin affublé de son acolyte maléfique Loki que Frigg, sa femme jalouse ou Brunehilde, la walkyrie descendue sur Midgard sur l'ordre de son suzerain.
Les destins s'entrecroisent, tissent la trame du monde - ou d'un rêve - dans lequel même les Dieux doivent un jour disparaître, dans le Ragnarök. Mais avant d'en arriver là, bien des êtres vont souffrir, entre autres sous le joug de la malédiction de l'Anneau des Niebelungen.
Entre compilation de légendes et roman
Dans cette trilogie, l'auteur a peu cherché à prendre des distances avec les mythes qui lui ont servi de support, de point de départ et de trame. Les événements s'enchaînent peu ou prou tels que nous les ont déjà contés les anciens comme Wagner. Du destin de Siegfried au crépuscule des Dieux, les éléments sont là.
Ce qui fait une œuvre authentique de ce livre est surtout le traitement humain, l'approche psychologique des différents personnages. Si certains restent un peu superficiels et caricaturaux - comme Loki - la plupart ont une véritable existence et s'étoffent au fil du récit, dans la tourmente qui les secoue et les emporte.
On peut apprécier ou regretter le ton choisi par Édouard Brasey dans son écriture. En tant que conteur, il s'est axé sur les événements, leurs enchaînements et leurs participants, plus que sur l'aspect purement littéraire du récit. Le résultat en est un ouvrage un peu heurté, dans lequel parfois les tenants et les aboutissants ne sont que très brièvement et superficiellement évoqués. On constate également un rythme élastique avec des instantanés rapides et précis suivis de moments plus calmes et un peu longs.
Ce livre n'est pas une œuvre de fantasy, au sens pur du terme, mais il est toutefois une vraie bible, une approche incontournable pour qui est intéressé par ces mythes de notre passé, qui ont servi de support à Wagner et d'inspiration à Tolkien.