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La Mécanique du Coeur

Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 28/02/2009  -  livre
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La Mécanique du Coeur

Mathias Malzieu, né en 1974 à Montpellier, est le chanteur du groupe de rock français Dionysos. Son premier roman, Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, écrit suite au décès de sa mère, avait rencontré un beau succès lors de sa parution en 2005. Avant cela, en 2003, il avait colligé en un recueil paru aux Éditions Pimientos et intitulé 38 mini-westerns (avec des fantômes), des nouvelles fantastiques. Son deuxième roman, La mécanique du cœur, s’est installé sur les tables des libraires au seuil de l’hiver, en octobre 2007. Parallèlement, l’album éponyme sortait chez les disquaires et ceux qui se sont appropriés les deux supports se promènent d’échos en échos, entre le roman et les textes des chansons. Quand le protagoniste principal, Jack, psalmodie « Tais-toi mon cœur », on retrouve l’injonction comme titre de l’une des chansons les plus réussies de l’album.    

Le jour le plus glacial de tous les temps    

Dans le livre, Jack naît le jour le plus glacial de tous les temps, en 1874, dans une maison accrochée aux brumes de l’hiver écossais. Il est mis au monde par une étrange sage-femme, mi-sorcière, mi-chaman qui, à la place du petit cœur défectueux du nourrisson, installe une horloge. Dans cette bicoque perchée sur la plus haute colline d’Édimbourg, Madeleine rafistole à sa façon les personnages brinquebalants des alentours. Elle va se prendre d’affection pour le petit garçon-horloge et l’élever en lui rappelant trois conditions pour que sa mécanique du cœur tienne en place : qu’il ne touche pas à ses aiguilles, qu’il maîtrise sa colère et que jamais, ô grand jamais, il ne tombe amoureux ! Brider ses émotions en quelque sorte... Tant que Jack évolue entre Madeleine et les étranges présences qui gravitent dans la maison ouatée (le hamster Cunnilingus, les deux prostituées Anna et Luna, Arthur le clochard alcoolique, etc.), tout se passe à merveille. Mais un beau jour, de passage en ville, Arthur télescope le pas d’une petite chanteuse de rue, sorte d’oisillon aussi ravissant que maladroit. La mécanique de son cœur s’emballe, ses aiguilles s’affolent, Jack est frappé d’un coup de foudre dévastateur pour celle qu’il prénommera « Miss Acacia ». À partir de cet instant, Jack n’aura plus qu’une idée en tête : retrouver coûte que coûte sa petite chanteuse de flamenco. Après les brimades de l’école, période incroyablement cruelle, viendra le grand départ pour le sud, en planche à roulettes, direction les arcades de Grenade, sur les pas de Miss Acacia.

À mi-chemin entre le conte surréaliste et le western-spaghetti...    

Sorte de Pinocchio au cœur métallique, Jack va quitter le cocon burlesque de son enfance pour se lancer sur les chemins de son destin. L’univers et le style de Mathieu Malzieu ne vont pas sans rappeler les ambiances « Tim burtonesques ». Au moyen de quelques pirouettes malicieuses, le parcours se gorge de poésie, chaque mot revêt une symbolique particulière... La quête amoureuse deviendra alors quête initiatique, une manière pour l’auteur d’évoquer l’amour et l’enfance, un peu comme si l’âge adulte débutait le jour où l’on tombe amoureux.  À maintes reprises dans le livre, on se surprend à relire un morceau de phrase, une expression. Et à sourire. Tout est plutôt drôlement bien suggéré, joliment dit. C’est rafraîchissant, léger, sucré. Ici, jamais de lieux communs ou de poncifs. L’écriture, toujours pudique, est aussi magique que les bonds géographiques du petit Jack/Don Quichotte. La fin de l’histoire évite l’écueil du happy-end facile et c’est appréciable. L’histoire de Jack, c’est une métaphore filée la vie...   

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