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La Niréide - Les secrets d'écriture de Fabien Clavel
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La Niréide - Les secrets d'écriture de Fabien Clavel

A l'occasion de la sortie de La Niréide, Fabien Clavel revient pour nous sur l'écriture de ce dernier roman paru aux éditions Mnémos.

Actusf : Votre dernier roman La Niréide, vient de paraître aux éditions Mnémos. Comment celui-ci est-il né ?

Fabien Clavel : Il est né il y a quinze ans quand j’ai publié deux courts romans pour une collection jeunesse où je racontais déjà les aventures de Niréus. J’espérais en écrire un troisième mais la collection s’est arrêtée avant. Il y a trois ans, j’ai décidé de me mettre en disponibilité de l’éducation nationale pour m’occuper de ma fille et écrire. Ce fut le premier manuscrit que je rédigeai à l’été 2019 avec l’espoir de proposer une intégrale, cette fois à destination des adultes. J’ai donc retravaillé mes premiers textes pour que l’ensemble soit cohérent et harmonieux.

Actusf : Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

Fabien Clavel : Le roman s’inscrit dans la tradition des Nostoï, soit les retours des guerriers grecs chez eux après la guerre de Troie. Le plus connu étant, bien sûr, celui d’Ulysse. Ici, on suit le héros Niréus, de l’île de Symé. Par haine envers les dieux qui ont laissé la guerre s’éterniser, il refuse d’offrir un sacrifice à Poséidon. Bien sûr, il fait naufrage et doit trouver un autre moyen de retrouver son île. Il va rencontrer sur sa route Démodocos, un aède aveugle, Alexiarès, une servante peu douée et un jeune guerrier Rhomos.

Actusf : Dans ce récit, on suit le parcours de Niréus, sorte de nouvel Ulysse, à qui il arrive beaucoup d’aventures, mais aussi pas mal d’ennuis. Comment avez-vous construit ce personnage ?

Fabien Clavel : En fait, je l’ai choisi parmi les guerriers présents à Troie. Dans L’Iliade, il y a un passage appelé le catalogue des navires qui fait le point sur les forces en présence. D’habitude, on le saute tout le temps, mais là, je l’ai lu en entier. J’ai pris le héros le plus faible, celui qui amène le moins de navires : trois quand d’autres en ont plusieurs centaines. Il est également le plus beau, mais après Achille. En plus, je l’ai défiguré d’une entaille sur la joue. Je voulais un vrai louzeur (oui, je l’écris comme ça), quelqu’un qui n’a pas envie d’être un héros, qui est misanthrope et veut juste rentrer chez lui.

Actusf : C’est loin d’être la première fois que vous plongez vos lecteurs dans un univers où la mythologie grecque a autant d’importance. Dernièrement, il y a eu Panique dans la mythologie et L'espionne de l'Olympe. Qu’est-ce qui vous plaît tant dans la mythologie grecque ? Pourquoi elle plus qu’une autre ?

Fabien Clavel : Déjà, j’ai une formation d’enseignant de lettres classiques. Je suis donc en terrain familier. J’ai appris le latin et le grec d’abord par amour pour la mythologie gréco-latine. Elle est extrêmement riche et assez proche de nous puisqu’elle a servi de référence aux auteurs français pendant des siècles. En outre, la mythologie possède une sorte de pouvoir magique : de la maternelle à la maison de retraite, on peut captiver son auditoire avec des mythes. Pour autant, je ne me serais sans doute pas lancé dans cette voie sans des propositions d’éditeurs. Dans les trois cas, je n’ai pas été au départ des projets, ayant peur de la montagne de livres déjà écrits sur ce thème. Mais je m’y suis jeté à bas le corps avec jubilation et je ne regrette rien !

Actusf : Si les deux titres cités plus haut sont à destination de la jeunesse, La Niréide est pour un public adule. Comment avez-vous travaillé ? Avez-vous dû faire beaucoup de recherches sur l’époque et les mythes ? Est-ce plus simple d’écrire pour la jeunesse ?

Fabien Clavel : Pour construire mon histoire de Niréus, j’avais lu intégralement le Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine de Grimal en prenant des notes. Mes études ont complété mes lacunes. Cela m’a permis de donner trois axes à l’histoire de Niréus : le nostos (retour de Troie, comme Ulysse), le périple (voyage en Méditerranée, comme Jason) et la catabase (descente aux Enfers, comme Énée). J’ai pu exhumer quelques créatures mythologiques peu connues comme les ichthyocentaures, les telchines, les dactyles, les kères, etc. Depuis, j’ai moins besoin de me documenter sur le sujet ; en tout cas, cela va plus vite. Mais, pour la jeunesse, il s’ajoute une difficulté qui est celle des illustrations, encore plus pour le tome 1 de Panique dans la mythologie qui a été adapté en bande dessinée chez Jungle. J’ai notamment demandé à ce que les bâtiments soient peints de couleurs vives et respectent l’architecture minoenne et mycénienne, afin de mêler authenticité et originalité.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Avez-vous un ou plusieurs projets en cours ? Je pense notamment aux Orphelins du rail qui doit paraître prochainement. De quoi parle-t-il ?

Fabien Clavel : J’ai beaucoup de sorties qui se bousculent cette année. La plus proche sera en effet celle des Orphelins du rail chez Rageot. Il s’agit d’un roman steampunk jeunesse : dans une Europe du XIXe siècle couverte de lignes de chemins de fer, on cherche à faire partie des fameux Voyageurs, ceux qui ont le droit de monter dans les immenses trains qui quadrillent le continent : trains-écoles, trains-hôpitaux, trains-restaurants, etc. Justement, Meli, une orpheline de Budapest, gagne le droit de participer à une sorte de chasse au trésor à bord des trains. C’est pour elle une chance de sortir de sa condition. Mais la concurrence est rude : d’autres orphelins sont dans la course...
Sinon, il faut savoir que La Niréide est la première étape d’une sorte de trilogie des matières. J’y traite de la matière de Rome. Un autre tome viendra sur la matière de Bretagne avec les chevaliers de la table ronde ; le dernier sera consacré à la matière de France : la geste carolingienne.

Actusf : Où pourra-t-on vous retrouver dans les mois à venir ?

Fabien Clavel : Je serai à Trolls et Légendes (Mons) en avril, aux Imaginales (Epinal) en mai, à Croq’Lecture (Magny-en-Vexin) en juin, à Lire en poche (Gradignan) en octobre, à Fougères en novembre...

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