The Mote in God's Eye, est déjà un vieux roman de Science-fiction, puisqu'il a été publié en 1974 aux États unis et, en France en 1981, sous le titre : La Poussière dans l'œil de Dieu.
Signé par Larry Niven, auteur de la série de l'Anneau-monde et Jerry Pournelle, un écrivain haut en couleur, dont aucun roman personnel n'a jamais été traduit en français à ce jour, ce roman sera de nouveau publié en 2007 par le Bélial' qui en profite pour réviser la traduction du siècle précédent et livrer aux lecteurs La Paille dans l'œil de Dieu. Le voici en version Poche, chez Pocket science-fiction, plus de trente-cinq ans après sa rédaction originale !
L'espace et les extraterrestres
La Paille dans l'œil de Dieu commence comme un space opera classique. La guerre bat son plein entre l'empire (formé de plusieurs planètes) et les rebelles. Le Mac-Arthur, croiseur impérial, prend part à une bataille. Endommagé par les combats,il doit se rendre en Néo-Écosse, presque aux limites de l'Empire, pour subir des réparations. Le Jeune Rod Blaine est nommé pour l'occasion commandant du vaisseau. Les explications techniques, le fonctionnement politique et militaire de l'Empire sont abordés dans cette partie, en long, en large et en travers, dans une narration ronronnante, propre à endormir le lecteur qui se demande encore ce que signifie le titre du roman.
Soudain, l'action s'en mêle, puisque le jeune commandant reçoit une mission unique : intercepter un astronef étranger, c'est-à-dire non-humain, qui vient de s'introduire dans l'espace Impérial. La rencontre brève avec les extraterrestres du vaisseau n'est alors que le prélude à une confrontation, plus approfondie, avec des êtres intelligents, quoique étranges et difficilement compréhensibles.
Un petit parfum d'antan
Tous les événements qui se déroulent dans l'espace respectent une approche typique du space opera des années 1970 en mettant en œuvre d'une part des technologies crédibles et abondamment documentées (voile solaire, atmosphère et calculs astronomiques), d'autre part des notions indémontrables comme les sauts en hyperespace.
La rencontre avec les extraterrestres, elle, sort de l'ordinaire des petits gris ou des hommes verts et se complique de subtilités et d'une étrangeté radicale, qui évoquent le dérangeant Éden de Stanislas Lem, publié à la même époque (et vraisemblablement inconnu de Niven et Pournelle).
Certains choix des auteurs portent la marque de leur époque. La guerre (une réminiscence de la guerre du Vietnam qui s'est étalée de 1958 à 1975) est bien une préoccupation d'alors. La vision qui domine déjà aux États-Unis oppose les forts aux faibles, les civilisés aux sauvages, l'empire aux rebelles. On la retrouve régulièrement illustrée dans ce roman, même si l'on y décèle aussi la volonté d'expliquer un peu plus finement la guerre et les cycles qui semblent la commander.
Le nom du vaisseau star est Mac-Arthur, le nom d'un Général controversé de la guerre de Corée., guerre au cours de laquelle Jerry Pournelle a servi dans l'US Army.
Le souci des ressources (celles d'Alpha de la Paille, mais aussi la nourriture et les carburants des vaisseaux), omniprésent dans le texte, est relativement nouveau dans ce genre de récit. Doit-on y voir les signes du premier choc pétrolier ?
La question de l'âme des E.T., quant à elle, délicieusement surannée, montre la place, indiscutable, de la religion et de l'église dans la société américaine, y compris dans le regard d'auteurs de science-fiction.
Des idéologies caricaturales d'époque
Dans les années 1970, en pleine guerre froide, l'URSS représentait encore la puissance concurrente, l'Autre par excellence. Avec le personnage de l'amiral Kutuzov, amiral du Lénine, c'est une caricature du Russe, froid, attaché à ses traditions locales et dont il faut peut-être se méfier, que nous livrent les auteurs.
Toujours dans la caricature, les néo-écossais sont assez grossièrement dépeints avec leur accent incompréhensible et leur loyauté forcée à l'empire. Les femmes, ou plutôt , la seule femme présente lors de l'expédition, malgré son caractère trempé, connaît fort bien les impératifs liés à son sexe.
Le pire en matière de caricature est sans doute le marchand, Horace Bury. Le Moyen-Orient et les images les plus frustres véhiculées sur ses habitants se retrouvent incarnées dans ce personnage fourbe, pétri de peur et de convoitises, obsédé par l'argent, le pouvoir et le café.
Paradoxalement, il n'y a que les extraterrestres qui semblent avoir droit à des caractères personnels, parfois nuancés. Cependant, au bout du compte, seule va compter leur capacité de nuisance, le danger que représentent ces envahisseurs potentiels.
Près de quarante ans après sa sortie, La Paille dans l'œil de Dieu reste un roman de science-fiction lisible et prenant. Si l'on fait abstraction des particularités d'un texte daté par certaines références, caricatural sur certains thèmes, on accède à un récit de « premier contact » relativement original qui évite de tomber dans les schémas simplistes de l'alien ou gentil ou méchant. Les extraterrestres, ici, ne s'appréhendent que par les efforts conjugués des linguistes, exobiologistes, archéologues, ethnologues, etc., avec une pincée de candeur et un peu de chance.
Ne serait-ce que pour l'exercice d'imaginer ces êtres radicalement différents, La Paille dans l'œil de Dieu est un roman qui mérite le détour.
Signé par Larry Niven, auteur de la série de l'Anneau-monde et Jerry Pournelle, un écrivain haut en couleur, dont aucun roman personnel n'a jamais été traduit en français à ce jour, ce roman sera de nouveau publié en 2007 par le Bélial' qui en profite pour réviser la traduction du siècle précédent et livrer aux lecteurs La Paille dans l'œil de Dieu. Le voici en version Poche, chez Pocket science-fiction, plus de trente-cinq ans après sa rédaction originale !
L'espace et les extraterrestres
La Paille dans l'œil de Dieu commence comme un space opera classique. La guerre bat son plein entre l'empire (formé de plusieurs planètes) et les rebelles. Le Mac-Arthur, croiseur impérial, prend part à une bataille. Endommagé par les combats,il doit se rendre en Néo-Écosse, presque aux limites de l'Empire, pour subir des réparations. Le Jeune Rod Blaine est nommé pour l'occasion commandant du vaisseau. Les explications techniques, le fonctionnement politique et militaire de l'Empire sont abordés dans cette partie, en long, en large et en travers, dans une narration ronronnante, propre à endormir le lecteur qui se demande encore ce que signifie le titre du roman.
Soudain, l'action s'en mêle, puisque le jeune commandant reçoit une mission unique : intercepter un astronef étranger, c'est-à-dire non-humain, qui vient de s'introduire dans l'espace Impérial. La rencontre brève avec les extraterrestres du vaisseau n'est alors que le prélude à une confrontation, plus approfondie, avec des êtres intelligents, quoique étranges et difficilement compréhensibles.
Un petit parfum d'antan
Tous les événements qui se déroulent dans l'espace respectent une approche typique du space opera des années 1970 en mettant en œuvre d'une part des technologies crédibles et abondamment documentées (voile solaire, atmosphère et calculs astronomiques), d'autre part des notions indémontrables comme les sauts en hyperespace.
La rencontre avec les extraterrestres, elle, sort de l'ordinaire des petits gris ou des hommes verts et se complique de subtilités et d'une étrangeté radicale, qui évoquent le dérangeant Éden de Stanislas Lem, publié à la même époque (et vraisemblablement inconnu de Niven et Pournelle).
Certains choix des auteurs portent la marque de leur époque. La guerre (une réminiscence de la guerre du Vietnam qui s'est étalée de 1958 à 1975) est bien une préoccupation d'alors. La vision qui domine déjà aux États-Unis oppose les forts aux faibles, les civilisés aux sauvages, l'empire aux rebelles. On la retrouve régulièrement illustrée dans ce roman, même si l'on y décèle aussi la volonté d'expliquer un peu plus finement la guerre et les cycles qui semblent la commander.
Le nom du vaisseau star est Mac-Arthur, le nom d'un Général controversé de la guerre de Corée., guerre au cours de laquelle Jerry Pournelle a servi dans l'US Army.
Le souci des ressources (celles d'Alpha de la Paille, mais aussi la nourriture et les carburants des vaisseaux), omniprésent dans le texte, est relativement nouveau dans ce genre de récit. Doit-on y voir les signes du premier choc pétrolier ?
La question de l'âme des E.T., quant à elle, délicieusement surannée, montre la place, indiscutable, de la religion et de l'église dans la société américaine, y compris dans le regard d'auteurs de science-fiction.
Des idéologies caricaturales d'époque
Dans les années 1970, en pleine guerre froide, l'URSS représentait encore la puissance concurrente, l'Autre par excellence. Avec le personnage de l'amiral Kutuzov, amiral du Lénine, c'est une caricature du Russe, froid, attaché à ses traditions locales et dont il faut peut-être se méfier, que nous livrent les auteurs.
Toujours dans la caricature, les néo-écossais sont assez grossièrement dépeints avec leur accent incompréhensible et leur loyauté forcée à l'empire. Les femmes, ou plutôt , la seule femme présente lors de l'expédition, malgré son caractère trempé, connaît fort bien les impératifs liés à son sexe.
Le pire en matière de caricature est sans doute le marchand, Horace Bury. Le Moyen-Orient et les images les plus frustres véhiculées sur ses habitants se retrouvent incarnées dans ce personnage fourbe, pétri de peur et de convoitises, obsédé par l'argent, le pouvoir et le café.
Paradoxalement, il n'y a que les extraterrestres qui semblent avoir droit à des caractères personnels, parfois nuancés. Cependant, au bout du compte, seule va compter leur capacité de nuisance, le danger que représentent ces envahisseurs potentiels.
Près de quarante ans après sa sortie, La Paille dans l'œil de Dieu reste un roman de science-fiction lisible et prenant. Si l'on fait abstraction des particularités d'un texte daté par certaines références, caricatural sur certains thèmes, on accède à un récit de « premier contact » relativement original qui évite de tomber dans les schémas simplistes de l'alien ou gentil ou méchant. Les extraterrestres, ici, ne s'appréhendent que par les efforts conjugués des linguistes, exobiologistes, archéologues, ethnologues, etc., avec une pincée de candeur et un peu de chance.
Ne serait-ce que pour l'exercice d'imaginer ces êtres radicalement différents, La Paille dans l'œil de Dieu est un roman qui mérite le détour.