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La Voix du sang

Didier Graffet (Illustrateur de couverture), Maxime Le Dain (Traducteur), Anthony Ryan ( Auteur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 18/06/2014  -  livre
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La Voix du sang

Anthony Ryan s'essaye à différents styles littéraires autant dans la science fiction que l'essai ou la fantasy. On lui doit entre autres, Slab City Blues (2012). Diplômé en histoire, il a travaillé aussi comme chercheur à Londres. Blood Song son nouveau roman, nous emmène dans une fantasy sombre et efficace.
 
Didier Graffet est un illustrateur de grand talent, la couverture de Blood Song le prouve une fois de plus. Elle préfigure parfaitement l'ambiance du roman et donne une vraie envie de tourner les pages pour en savoir un peu plus... Je vous conseille d'aller voir son site qui est très bien fait.
 
Les dernières paroles d'un condamné 
 
La seule chose qu'il a en tête est de savoir que tous savent que c'est son dernier voyage. Il doit expier les fautes d'un autre et surtout payer pour la mort du « Porteur d'Espoir ». En le tuant il devient le Tueur d'Espoir et l'être le plus honni de l'Empire.
 
Vaelin Al Sorna accepte son statut et vogue vers son destin accompagné de ses geôliers et d'un jeune chroniqueur impérial, Verniers Alishe Someren, amant du héros trucidé à ses heures perdues. De cette rencontre forcée, de leurs conversations bien souvent acerbes va naître au grand jour l'histoire contée par Vaelin de son ascension comme héros légendaire du Royaume Unifié.
 
Sa jeunesse au sein de l'Ordre, ses épreuves mortelles, la rencontre de ses compagnons vont le forger au péril de ses convictions, son âme et même l'amour aura bien du mal à résister.
Il va devenir celui que tous redoutent sur les champs de bataille, servant un roi sanguinaire et sans pitié, il va devoir choisir entre la Voix du sang et son humanité.
 
Alors amis écoutez cette sombre ballade du Tueur d'Espoir.
 
Les deux faces d'une même pièce
 
Ce roman est un véritable pavé qui nous emmène sur les pas d'un personnage énigmatique et très charismatique. Le « Tueur d'Espoir », Vaelin Al Sorna, est un héros à part, ou plutôt un antihéros je devrais dire. Tout au long du livre on va osciller entre haine et amour envers cet homme qui se dévoile aux portes de sa condamnation à mort.
 
L'intrigue reste très classique mais l'auteur va utiliser certains artifices d'écriture pour nous donner l'envie et le plaisir de suivre les pas de son héros.
 
En effet, l'histoire nous est présentée sous différents angles, Vaelin va alterner son récit à la première et à la troisième personne en fonction d'à qui il raconte les faits, gardant ainsi une part de mystère et entretenant son statut de légende vivante.
 
Ainsi lorsqu'il parle au scribe royal, amant de sa dernière victime, qui doit rapporter ses dernières paroles, une certaine vérité voit le jour puis l'histoire vient s'imposer au lecteur pour l'éclairer d'une autre. J'ai beaucoup aimé ce chassé-croisé qui se joue des à priori et convenances. Sans cesse Anthony Ryan décrit des faits, des actions, des sentiments de Vaelin qui lui sont attribués par ses ennemis ou amis pour mieux les dénoncer quelques lignes plus loin en donnant la vision personnelle de son personnage fétiche, permettant de rentrer plus facilement dans l'intimité de celui-ci, le rendant plus attachant aussi.
 
Le livre proprement dit est partagé en deux parties distinctes. La première sur le noviciat de Vaelin, son éducation au sein de l'ordre guerrier, ses amitiés viriles avec ses condisciples. C'est d'ailleurs pour moi la meilleure partie du récit. On y voit Vaelin grandir, évoluer, en proie aux doutes, ses convictions malmenées. Il prend de la profondeur dans l'adversité et les épreuves concoctées par des professeurs durs. La rencontre avec ses compagnons est aussi très bien décrite, chacun d'eux apportant une vraie plus-value aux intrigues. J'ai un petit faible pour le trop rusé Frentis ou encore le sage Canis qui à mon avis sortent du lot.
 
Tandis que la seconde partie est plus tournée vers les batailles, les intrigues de cour et les complots. Vaelin est devenu adulte, il est aussi plus seul devant les combats qui l'attendent. Beaucoup de choses ont changé ; il doit faire des choix souvent tragiques.
 
Alors sans avoir un vrai souffle épique, le récit est prenant et on passe un très bon moment à lire la vie du personnage principal.
 
Le monde est assez riche et complexe, même si Anthony Ryan ne rentre pas toujours dans les détails. La suite nous apportera son lot de réponses et d’éclaircissements sur pas mal de parts d'ombre laissées par l'auteur. J'ai hâte d'en savoir un peu plus sur les fameux apostats, la Cité des Déchus et bien d'autres surprises que vous découvrirez en lisant cette histoire.
 
Ce premier roman est un récit fort aux allures des grands classiques d'aventures et de fantasy. Où l'action, les amitiés, les trahisons et l'amour forment des personnages entiers à la psychologie travaillée. Certains trouveront peut-être quelques erreurs et faiblesses dans les descriptions et les relations entre les différents protagonistes, mais cela reste tout fait raisonnable.
 
Je conseille à tous ceux qui veulent passer un bon moment à l'ombre d'un parasol avec comme compagnon de route le Tueur d'Espoir. 

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