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Le Bâtard
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Le Bâtard

Robin Hobb a commencé à écrire les aventures de L'Assassin Royal en 1995. Depuis, la saga s'est développée et le monde de Fitz Loinvoyant s'est étoffé jusqu'à dépasser le personnage. Gaudin et Sieurac se sont réapproprié l'histoire pour transcrire en bande dessinée le récit de l'auteure initiale.

Naître du mauvais côté des draps...

Fitz est né des amours éphémères du Prince Chevalerie et d'une femme que l'histoire a oubliée, et placé loin du château de son père. Encore très jeune, il est cependant ramené aux portes de la demeure du Prince.
Il doit suivre une initiation à plusieurs niveaux. De sang royal, il se doit de connaître les armes et comment se tenir. Mais il est aussi bâtard... Une bouche à nourrir qui doit gagner sa pitance. Et surtout un poids inutile, un danger potentiel pour sa propre famille. À moins qu'il ne lui soit trouvé une utilité, une raison de lui accorder confiance en se l'attachant.

Commence alors pour Fitz une plongée dans un autre univers, l'envers du décor clinquant et doré des palais. La nuit et le mensonge deviennent son monde, guidé par un maître exigeant et inquiétant qui l'entraîne à dénicher les secrets des nobles du royaume. Pourtant Fitz lui aussi possède un secret inavouable...

Un résumé bien raccourci

Il est bien sûr difficile de condenser en quelques albums une saga de la taille de celle de Robin Hobb. Il est nécessaire de faire des coupes sombres, de tailler dans les aventures du héros et de ne montrer que les moments les plus forts ou plus aisés à dessiner. Toute la qualité du scénariste se tient donc dans ces choix et dans la façon avec laquelle il arrive à relier les morceaux de l'histoire qu'il souhaite mettre en couleurs.

Sur ce point, le résultat du travail de Gaudin est mitigé. Si en gros le sens des aventures est respecté, certaines simplifications créent carrément des incohérences. Ainsi, on présente le héros à son futur mentor : « Y dit qu'il s'appelle Petit ». Pourtant deux cases plus loin, il lui dit « Suis-moi, Fitz »... Le texte original est fortement marqué par une atmosphère angoissante, une impression de danger et de peur latente. Les raccourcis du scénario ne rendent pas justice à l'auteure et nous présentent une histoire plate, aux aspérités gommées et lissées. Ce lifting rend bien sûr l'aventure plus supportable et plus grand-public, mais fait disparaître du même coup une partie de la qualité de l'œuvre originale.

Un dessin simple et efficace

Le dessinateur avait lui aussi un travail délicat à réaliser. Il devait créer une atmosphère mélangeant les rares instants de calme avec tous les moments d'angoisse du pauvre apprenti assassin. Il y parvient avec un dessin simple et efficace, très réaliste, sans abuser d'effets visuels pour soutenir le scénario. Il est lui-même admirablement assisté par le coloriste Fabien Alquier qui traite les rouges et noirs des nuits avec autant de bonheur que les bleus de la mer et les verts de la campagne.

Faire du neuf avec du vieux...

Cette série est la première d'un ensemble de projets qui consistent simplement à reprendre des livres ou des sagas de fantasy et de science-fiction pour les adapter en bandes dessinées. L'idée n'est pas nouvelle, Delcourt l'a parfaitement maîtrisée en adaptant le Cycle de Tschaï... Mais la formule semble trop systématique et commerciale. Est-ce vraiment raisonnable et surtout est-ce souhaitable ?

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