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Le brillion noir

Philippe Caza (Illustrateur de couverture), Patrick Dusoulier (Traducteur), Matthew Hughes ( Auteur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/12/2007  -  livre
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Le brillion noir

Auteur canadien résidant en Angleterre, Matthew Hughes commence à être traduit en français. Brillion noir est une enquête polar inscrite dans l'univers du cycle de l'Archonat : un space opera comparé, de par son côté baroque, à ceux de Jack Vance.

Polar(oïde)

L'introduction permute entre deux points de vue : Baro Harkless, flic, ici scrup', et l'escroc qu'il prend en filature, Luff Imbry. Le scrup' débutant réussit un coup risqué en le coffrant ; les portes de la promotion s'ouvrent, et il se voit confié une enquête « importante ». Seul hic, car son patron semble l'avoir en grippe, son coéquipier sera Luff Imbry.
C'est donc à travers ce duo mal accordé, atypique et comique que nous découvrirons l'univers. Dans la pure tradition polar, ces deux personnages aux codes de vie opposés mais pourvus du même pouvoir policier, permettent de jouer avec les notions de moralité. La tension entre les deux points de vue des personnages, qui fatalement vont s'apprécier, amènent à de riches discussions. L'enquête, outre le plaisir de découvrir les mondes et les races créés par Hugues, est surtout l'occasion d'en apprendre plus sur la...

Noösphère !

L'idée d'un inconscient collectif sans être neuve est ici intéressante dans son édification. L'auteur la décrit précisément, en invente des lois et des phénomènes cohérents, lui crée une identité visuelle et sensorielle, un agencement, enfin une histoire, et la façon dont nous sommes liés à elle. En fait il matérialise et donne vie aux théories sur la place de l'imaginaire à travers les contes dans les sociétés. Leur message, leur archétype, leur manière de traverser le temps, leur fonction, les thèmes qu'ils véhiculent, leur déformation, les pulsions freudiennes qui y palpitent, leur utilité que l'esprit rationnel du XX siècle dénie. C'est sans doute, dans un mouvement de réaction, que l'auteur crée ce concept allégorique : en le rendant « existant » il accentue l’évidence de ses effets.
C'est un pari courant dans les modernes littératures de l'imaginaire, plus ou moins réussi, mais un thème qui au-delà de la justification d'écrire tente de rendre aux mythes leur place évincée par le rationalisme.

Richesse de l'univers Archonat.

Dépaysant à la lecture, c'est avec un même souci de bonne idée que Mathew Hugues construit les sociétés galactiques ou les phénomènes extraordinaires. Sans les énumérer, je préciserais que la source de son imagination à laquelle sont reliées toutes les idées de ce roman est celle de concrétiser les émanations du psychique. Chaque idée en étant une extériorisation pour en faire un fait tangible et irréfutable. Tout comme la noosphère qui montre le visage de l’imaginaire, se sont des notions qui aujourd'hui sous un angle purement scientifique non pas leur place. Il y a cette maladie inexplicable la lassitude, où tout est dit dans son nom, qui s’attrape on ne sait comment et qui montre la paralysie d’un corps par l'ennui fondamental et oublié d'un esprit forcé à vivre dans un monde déjà fait.( C’est assez amusant car il y a son pendant dans la réalité, la fibromyalgie, que la médecine ne sait pas soigner, ne comprend pas, et qui rentre en conflit avec la vision du corps qu'à la science.)  Ce brassement d'idées, Mathew Hughes le situe dans un décor où la magie va remplacer cette fois la science, considérée dans son histoire comme le cycle alternatif normal de l'Univers.

Verdict.

La plume de l'auteur est sûre et agréable, imaginative et claire, maîtrisant le cross-over entre le polar intimiste et le gigantisme du space opera. Je regretterais un peu l'intrigue sur sa fin, mais ce classicisme est l'apanage du polar, qui mise sur une ambiance, des personnalités ambiguës et un propos social ( évidemment ici de manière détournée), plus que sur le mystère pur et les émotions fortes comme le thriller ou le roman à énigme. A l'instar des oeuvres de Jack Vance, ce roman aurait gagné à être plus courts et concis. Les trois cent pages ne manquent pas de souffle ni de talent, mais perdent de leur mordant.

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