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Le Chemin des ombres

Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/2010  -  jeunesse
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Le Chemin des ombres

Jérôme Noirez, auteur de la série Féerie pour les ténèbres (2005-2006) et des Leçons du Monde Fluctuant (prix Bob Morane 2007), devient, de son propre aveu, « lentement, mais sûrement un auteur jeunesse ».
Après le succès de Fleurs de Dragon, son polar historique pour jeunes lecteurs situé dans le Japon du XVème siècle et publié aux éditions Gulf Stream, il sort en septembre 2008, chez le même éditeur, Empire Invisible, qui se déroule dans l'Amérique esclavagiste du XIXème siècle.
Le Chemin des ombres paru en octobre 2008 chez Mango, Royaumes Perdus, marque son retour vers le Japon et ses légendes.

Drame en pays mythologique

Amaterasu n’est qu’une adolescente mais elle a la lourde charge de diriger le clan Isanami, suite à la disparition de ses parents et l’exil de son frère Susanowo. Soutenue par sa servante Hina et le vieux guerrier Sanetsu, elle parvient tant bien que mal à s'en montrer digne. Un jour, un émissaire de la reine Himiko se présente aux portes de la communauté. Il propose  aux gens d'Isanami de rallier l’empire du Nord, sans rien cacher de ses intentions belliqueuses. Dans le même temps, Susanowo, qui vit comme une bête dans la forêt, reçoit des messages d’un démon qui parle avec la voix de sa mère défunte. Il se dirige alors, pétri de haine, vers le village qui l’a chassé.

Une légende revisitée

Le Kojiki (Chronique des faits anciens) raconte l’histoire et la mythologie du Japon ancien et mentionne des personnages appelés Amaterasu, Susanowo, Izanagi et Izanami. C’est de cette légende, bien connue des Japonais, que s’inspire Jérôme Noirez. Il en reprend des motifs existants, des traits de caractères, des démons, des divinités, etc.
Cependant, c’est avec l’humilité de celui qui se sait incapable d’appréhender un mode de pensée radicalement différent du nôtre qu’il se détourne ensuite du mythe. Les personnages deviennent les siens : une jeune fille, son frère, leurs parents, amis et ennemis. Les sentiments qui les animent, peur, culpabilité, haine, sont l’œuvre d’un auteur occidental. Les proverbes et dictons qui émaillent le récit, sont signés Jérôme Noirez de même que l’enchaînement des péripéties d’Amaterasu.

Une alchimie qui fonctionne parfaitement


Ce qui aurait pu s’apparenter au pillage sans vergogne d’une mythologie riche et exotique apparaît, pour le plus grand plaisir du lecteur, comme une transposition réussie, une traduction sans trahison. Car l’on sent, sous-jacents à l’exercice, une connaissance suffisante du fonds culturel japonais et le respect d’une atmosphère particulière, qui nous parvient intacte, préservée. Les créatures surnaturelles évoluent dans un décor qui n’enlève rien à leur puissance évocatrice, cependant que les adolescents semblent consistants, vivants et crédibles. La violence et le souffle épique que l’on devine à la légende originelle, sont également saufs et désormais accessibles. Le tout est servi dans un langage simple, poétique et agrémenté d’une foule de détails qui frappent l’imagination, comme cet étonnant fleuve de cheveux et l'écœurante rivière d’yeux.

Ce roman jeunesse, que les parents voleront volontiers à leurs enfants, se parcourt avec plaisir et laisse en son lecteur des traces durables. Seul étonne le titre qui, en bout de volume, paraît bien pâle pour un récit si lumineux !

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