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Le Chien du forgeron - Les secrets d'écriture de Camille Leboulanger
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Le Chien du forgeron - Les secrets d'écriture de Camille Leboulanger

A l'occasion de la sortie du Chien du forgeron, Camille Leboulanger revient sur l'écriture de ce roman paru aux éditions Argyll en août.

Actusf : Le Chien du forgeron, votre nouveau roman est paru aux éditions Argyll, Comment est-il né ? Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cette interprétation ?

Camille Leboulanger : Le Chien du Forgeron est une histoire qui me travaille depuis l’enfance, depuis en vérité la chanson éponyme sur le premier album de Manau. J’ai particulièrement été marqué par le choix offert au jeune garçon : une mort précoce et glorieuse ou une vie longue et anonyme. Comme souvent pour moi, le texte s’est imposé de lui-même, à la fois continuation et réaction au roman précédent, Ru. Il a occupé pour moi une grande partie de la claustration administrative forcée du printemps 2020.

Actusf : Entre histoire et imaginaire, Le Chien du forgeron promet un beau voyage. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?

Camille Leboulanger : Je ne sais pas si je qualifierai les évènements de la vie du Chien comme un beau voyage. Ce qui est certain c’est qu’ils sont multiples et il a fallu faire des choix dans les sources et n’en retirer que les éléments qui me semblaient importants. Ceci explique le nombre réduit de chapitres ainsi que les nombreuses ellipses narratives.
Le projet du livre était de remonter avant la naissance du Chien, aux causes sociologiques, familiales et extérieures qui le façonnent, pour aller jusqu’à l’accomplissement de son « destin ».

Actusf : Qui se cache derrière Cuchulainn/Setanta ? Peut-on le comparer à Loki ?

Camille Leboulanger : Je suis trop peu connaisseur de la mythologie nordique pour m’exprimer sur Loki. S’il s’agit de prendre une référence dans un autre légendaire que celtique, Cuchulainn est à rapprocher plutôt de demi-dieux comme Hercule, pour l’ascendance « jupitérienne » (le foudre est un attribut du Chien), série d’épreuves, voire l’affrontement précoce avec un animal, ou bien Achille, à la mort elle aussi prédestinée et au caractère colérique.
Le Chien est pour moi une représentation de la force virile, arbitraire et conquérante, bien plus qu’un personnage usant de la ruse.

Actusf : L’histoire est racontée par le biais d’un narrateur extérieur. Est-ce plus simple pour peindre le destin de Cuchulainn ? Qu’est-ce que cela permet ?

Camille Leboulanger : Cela permet d’écrire le livre ! Si le dispositif narratif ne s’était pas imposé à moi, je n’aurais pas écrit le livre. Le narrateur – relativement extérieur au récit, sans rien en dévoiler – me permet d’instaurer une distance, un décalage avec les éléments mythologiques. Le narrateur est pour moi le réel personnage principal du livre, au moins autant que le Chien. Ses interventions agissent également comme des respirations, des pauses nécessaires entre les actes violents du personnage principal.
Cela permet aussi une (légère) réflexion sur la confiance à accorder à la narration. La parole du narrateur est la sienne. Il est tout à fait possible qu’il soit un menteur ou un affabulateur…

Actusf : Qu’est-ce qui vous attire particulièrement dans la mythologie celtique ?

Camille Leboulanger : Je ne connaissais pas particulièrement la mythologie celtique avant de travailler sur ce livre. J’ai donc dû faire mes « devoirs » pour dénouer les versions contradictoires et faire les choix me permettant de construire le parcours du Chien.

Actusf : Quelles ont été vos autres sources d’inspirations lors de l’écriture du Chien du forgeron ?

Camille Leboulanger : Dans le ton, si je devais évoquer un roman, ce serait Lavinia, le dernier roman d’Ursula Le Guin (publié en France chez l’Atalante). C’est également une réécriture « réaliste » d’un monde antique peu connu, ainsi qu’une réflexion sur la nature des histoires, dans la mesure où Lavinia échange à plusieurs reprises avec Virgile, qu’elle nomme « mon poète », bien que celui-ci ne l’évoque guère dans l’Énéide (et s’en explique d’ailleurs dans le roman).
Je voudrais citer aussi le roman Le Treizième Guerrier, de Michael Crichton, autour du mythe de Beowulf ainsi que – surtout ! – l’adaptation cinématographique qu’en a réalisée John McTiernan.

Actusf : Avez-vous d’autres projets à venir ? Des envies pour la suite ?

Camille Leboulanger : Je travaille actuellement à l’écriture de ce que j’appelle une « utopie matérialiste et éco-socialiste ». C’est un roman d’une ampleur inédite pour moi, émotionnellement, thématiquement et politiquement (ainsi qu’en longueur…). Si tout se passe comme prévu, il devrait paraître chez Argyll autour de la fin 2022.

Actusf : Où pourra-t-on vous rencontrer dans les semaines, mois à venir ?

Camille Leboulanger : Le planning des deux mois à venir est plutôt chargé. C’est un plaisir de retourner en salon défendre mes deux derniers romans. Je serai le 25 septembre à la librairie L’Etabli des mots à Rennes, le 7 octobre à la librairie Labyrinthes de Rambouillet et le lendemain, le 8 octobre, à La Dimension Fantastique à Paris en compagnie de Stefan Platteau.
Je serai aussi présent aux Imaginales à Épinal, la semaine suivante à Scorfel à Lannion (22) et le week-end encore suivant aux Utopiales où mon roman Ru fait partie de la sélection du Prix.
La suite est plus incertaine mais il semble acquis que je serai présent au salon Imajnère à Angers les 27 et 28 novembre.

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