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Le Mois de l'Imaginaire de vos auteurs #6 avec Ruberto Sanquer, Jean-Claude Dunyach et Olivier Bérenval
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Le Mois de l'Imaginaire de vos auteurs #6 avec Ruberto Sanquer, Jean-Claude Dunyach et Olivier Bérenval

Ce mois-ci, dans le cadre du Mois de l'Imaginaire, nous avons invité les autrices et auteurs à nous dévoiler quels étaient leurs titres préférés et surtout... Quelle avait été leur 1ère rencontre avec le genre.

Aujourd'hui, nous vous proposons de découvrir les récits incontournables de Ruberto Sanquer, autrice de L'Aura Noire aux éditions Scrineo.

Ruberto Sanquer : Se restreindre à trois romans quand les lectures de l’Imaginaire regorgent de chef d’œuvres qui se succèdent au fil du temps ?
Or, s’il faut choisir…
Voici ceux que je classe au sommet de mon panthéon :
1- Bilbo le Hobbit et l’œuvre intégrale de Tolkien
2- Le Chant de la Belgariade de Edding en 5 volumes
3- Harry Potter de J.K. Rowlings

Pourquoi ?
Ce sont des sagas fortes, qui développent des univers imaginaires minutieusement construits, dans lesquelles on suit des héros qui grandissent au fil des épreuves. J’aime cette immersion pleine, dans laquelle je m’attache aux personnages autant qu’à des amis de chair et de sang. Je pense d’ailleurs que c’est ce même phénomène addictif qui fait le succès des séries actuelles, ne pensez-vous pas ?

Actusf : Quel a été votre premier contact avec la magie de l’Imaginaire ?

Ruberto Sanquer : Très jeune, j’ai lâché la Bibliothèque Rose et Verte pour dévorer ce qu’on appelle aujourd’hui les « classiques de la science-fiction » : Orwel, Asimov, Herbert, Bradbury, Edgar Rice Burroughs, C.K.Dick…
Côté cinéma, cette addiction explose avec les Starwars qui révolutionnent les années 80.
A la vague de space-opéra succède Tolkien, que je découvre avec passion et qui me fait glisser dans la Fantasy. Je lis tout ce que je peux trouver dans le genre qui, d’ailleurs, s’ouvre au grand public.
Je lis… mais je n’écris pas encore.
C’est en fermant la dernière page de la saga de Eddings qu’un grand vide se fait sentir. Je suis tellement triste de quitter mes héros… que mon propre imaginaire prend le pas.
Je commence à imaginer l’univers de ce qui deviendra L’Aura noire puis La Marque Rouge.
Heu… ai-je réussi à répondre à cette vaste question de « premier contact extraterrestre » ? (rires)

Pour Jean-Claude Dunyach, auteur dernièrement de Trois hourras pour lady Évangeline (L'Atalante), ses choix se portent sur des textes courts.

Jean-Claude Dunyach : Plutôt que des romans, je préfère citer aussi des recueils de nouvelles (la nouvelle étant pour moi la forme idéale pour compresser une idée d’imaginaire et en faire un diamant). Donc, au premier chef, « Vermillon Sands » de J. G. Ballard, qui reste mon coup de cœur absolu des décennies après sa parution. Il y a tout : la musique, la beauté fulgurante des paysages intérieurs, l’écriture limpide et fragmentée. Je serai toujours jaloux de ce recueil et je ne cesserai jamais de le relire.

Ensuite « Les Seigneurs de l’instrumentalité », pour l’émotion, le mélange de tendresse et de cruauté. Pour l’écriture, là aussi. Des nouvelles, des romans courts, toute une mosaïque. Lu à quinze ans, relu à trente, puis cinquante. Il est encore sur ma pile à relire.

Puis Dune et ses suites (celles de Frank Herbert, exclusivement). A égalité avec Nova de Delany. Question d’ampleur.

Mais cette sélection est un exercice frustrant. Là, je ne parle que des œuvres lues étant jeune. Depuis, il y a eu le cycle de Ta-Shima d’Adriana Lorusso, « Le Nom du vent » de Patrick Rothfuss, plein de Vonarburg, les nouvelles de Sylvie Lainé… L’imaginaire est riche en émerveillements qui ne cessent de se renouveler.

Actusf : Et du côté du 1er contact avec l'imaginaire ?

Jean-Claude Dunyach : J’ai toujours énormément lu, depuis tout petit, mais j’ai découvert l’imaginaire assez tard (en seconde ou en première). Mes premiers contacts avec la SF se sont révélés décevants (une pile de vieux Fleuve Noir dans la ferme de mes grands-parents). Heureusement, on m’a fourré simultanément dans les mains du Ballard – choc esthétique et éblouissement – et aussi du Delany – c’est la lecture de la novella « Le Temps considéré comme une hélice de pierre semi-précieuses » qui m’a donné envie d’écrire. Je sortais d’une longue période de lecture des novellistes américains comme Salinger, O’ Henry, Brautigan, Carver… Delany est venu se mélanger à tout ça, avec sa façon inimitable de tordre la géométrie du récit (au passage, chapeau bas pour la traduction d’Henry-Luc Planchat). Je me suis dit on peut écrire comme ça… C’était irrésistiblement tentateur. Delany a été une des grosses influences de mon écriture, du moins au début. L’autre a été la presse rock ou alternative, les gens comme Garnier, Paringaud, Lester Bang, qui écrivaient comme des musiciens sous speed.

Du coup j’ai dévoré tout ce qui m’est tombé sous la main, côté SF, en français ou en anglais. Durant les mois que j’ai passés à squatter à Londres, j’ai pillé la caisse des poches à prix réduit de la librairie Dark they were and golden-eyed. J’ai aussi découvert la fantasy, celle de Moorcock, de Tolkien bien sûr, de Howard. Plus je lisais, plus je me rendais compte qu’il y avait là tout un continuum littéraire que j’avais négligé. Je lisais autre chose, aussi (je me souviens d’avoir découvert James Joyce à la même époque) mais je revenais à la SF, par gourmandise. C’est une littérature qui oblige le lecteur à s’impliquer, à construire l’histoire complète à partir des fragments que l’auteur lui livre. Ça rend rapidement accro.

Plus de quarante ans après, la magie demeure. Chaque année, il y a des textes qui renouvellent mon amour du genre par leur ampleur, leur style, leur étrangeté qui me devient peu à peu familière. Ça peut être Jonathan Strange et Mr Norrell, ou les Furtifs, ou… La liste est longue. J’apprécie vraiment d’être juré du Grand Prix de l’Imaginaire, ce qui remplit ma boîte aux lettres et ma liseuse de nouveautés toujours aussi excitantes. Je suis un drogué heureux !

Enfin, pour Olivier Bérenval, auteur de Nemrod, paru chez Mnémos, sa sélection se porte sur :

Route de la gloire de Robert Heinlein
C’est un roman du « Golden Age » de la SFFF, avec des univers parallèles, des mémoires cybernétiques, l’Oeuf de Phénix, sans oublier « Celui-qui-dévore-les âmes »... Et bien sûr une femme superbe et mystérieuse qui promet au héros l’aventure, la fortune et des dangers à affronter... C’est malin, jubilatoire et rythmé - cela laisse des étoiles plein les yeux et donne forcément envie d’écrire des histoires comme ça !

L’Oreille interne de Robert Silverberg
De tous les livres de Silverberg, s’il fallait en choisir un, ce serait sans doute celui-là. Il raconte la perte progressive des pouvoirs d’un télépathe new-yorkais. Cela se passe au tournant des années 1970s, il n’y a rien de spectaculaire, l’action est presque inexistante, mais c’est un récit incroyablement touchant.

Borne de Jeff Vandermeer
Un livre récent qui prouve que la SF se renouvelle toujours ! Un post-apo où Rachel, une femme survit d’objets récupérés dans la Cité où des mutations étranges ont eu lieu; elle rencontre Borne, une sorte de « blob » biotech qui va s’humaniser à son contact... Pendant ce temps, Mord, un gigantesque « teddy bear » flotte au-dessus de la Cité ravagée, et envoie de temps ses hordes d’ours énervés attaquer les humains... Très beau, très décalé !

Et côté 1er contact ?

Le générique de Cosmos 1999 : une explosion nucléaire sur la Lune qui part vagabonder dans l’espace, des ordinateurs gros comme des armoires, des extraterrestres en poils et écailles, des planètes vivantes, et ce message en boucle : « Base Alpha à Aigle Noir, répondez ! »

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