A l'occasion de la sortie du Monde des Premiers aux éditions Mnémos, Lucie Thomasson revient sur l'écriture de ce premier roman.
Actusf : Le Monde des premiers, vient de paraître. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ? Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la plume ?
Lucie Thomasson : Avant de prendre la plume, j’ai commencé par prendre le pinceau !
J’ai toujours été très imaginative. A l’école, je ne vivais que pour les sujets d’imagination en rédaction de français. Mais avant d’écrire, j’ai commencé par dessiner. Des personnes, d’abord. Pendant trois ans, je les ai croquées, leur imaginant une personnalité, une histoire. C’est comme ça que sont nés la plupart des personnages du Monde des Premiers. Puis je me suis dit que les faire vivre quelque part serait une bonne idée. En quelques mois, j’ai créé la carte du Continent, l’univers dans lequel se déroule mon roman. Et, enfin, j’ai voulu qu’ils aient une histoire. Là, j’ai commencé à prendre la plume.
Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?
Lucie Thomasson : Le Monde des Premiers est un récit de fantasy. Il prend place dans un monde où la magie est omniprésente et divise la société en castes. Les castes les plus basses n’ont pas d’affinité avec la magie. Les castes les plus hautes, elles, sont capables de la maîtriser à des niveaux spectaculaires. Ce sont elles qui occupent les postes de pouvoir.
Nous suivons l’histoire de trois protagonistes : Victoire, Guilhem et Dimitri. Ils sont issus de la caste la plus basse. Leur objectif est de devenir domestiques pour les puissants, et d’échapper ainsi à la pauvreté dans laquelle ils ont grandi.
Mais il s’avère que ces trois protagonistes sont les éléments centraux d’un complot vieux de plusieurs décennies. Un complot aux conséquences tragiques, qui refait surface, met leurs vies à sac et les contraint à devenir les acteurs principaux du grand bouleversement qui s’annonce…
Actusf : On suit les parcours de plusieurs personnages, Victoire, Dimitri et Guilhem. Qui sont-ils ? Comment les avez-vous créé ?
Lucie Thomasson : Comme vous l’avez compris, j’ai commencé par les dessiner. Au départ, ils n’étaient que des coquilles vides, des visages et des physiques inspirés de personnages existants que je souhaitais m’approprier et rendre uniques. Puis sont venus leurs caractères, leurs histoires, leurs peurs. Au départ, j’ai choisi d’attribuer à chaque personnage une personnalité très caricaturale. Victoire était la râleuse, Dimitri le grand brun si mystérieux que c’en était ridicule, et Guilhem l’ami irrésistible. En partant de ces bases, et au fil des coups de crayon, ils se sont affinés, développés, pour devenir les protagonistes que l’on retrouve dans le roman.
Actusf : L’un d’eux vous ressemble-t-il plus ?
Lucie Thomasson : Pas vraiment. Je pense que chaque auteur, consciemment ou pas, met une part de soi dans ses histoires, personnages y compris. Mais je ne me sens pas spécialement proche de l’un d’entre eux. Je dirais plutôt qu’ils sont tous moi, à leur manière ! Ils incarnent chacun un concept ou un dilemme que je souhaitais traiter. Et de la même manière, je n’ai pas de favori. Je m’éclate autant à les écrire tous les trois ! Les différences entre leurs personnalités et leurs visions du monde m’offrent un éternel renouveau.
Actusf : Comment avez-vous construit votre univers ? (Je pense notamment aux différents métiers et à L’Académie) Avez-vous fait un plan détaillé ou bien avez-vous laissé libre cours à votre imagination ?
Lucie Thomasson : Le dessin m’a permis de croquer la carte de mon univers, avec ses biomes, ses villes et ses régions. Ce n’est qu’une fois cela posé que j’ai ajouté les liens et l’histoire que ces terres pouvaient partager, pour créer un monde vivant et cohérent : structure sociale, technologies, faune, flore... Mais tout ça, j’y pensais déjà lorsque je dessinais la carte, car pour moi l’un ne va pas sans l’autre. C’est un processus de maturation qui s’est déroulé en parallèle. Donc je dirais que c’est un mélange d’imagination débridée et d’organisation des idées !
Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ? Littéraires, cinématographiques ou encore musicales ?
Lucie Thomasson : Oh, oui, et il y en a bien trop pour les citer ! Déjà, tout ce que je vois au quotidien peut me servir d’inspiration : les gens, les conversations, un paysage au détour d’un virage…
Mais si l’on se restreint à votre question, je citerais en vrac : Six Of Crows, La Passe-Miroir, Game of Thrones, Peaky Blinders… L’univers de mon roman et la société qui le compose sont un mélange de toutes ces inspirations, parfois diluées, parfois très apparentes.
Actusf : Le Monde des premiers est désormais sorti depuis quelques jours, comment vivez-vous cette période ?
Lucie Thomasson : Je crois que je ne réalise pas ! Je suis actuellement en stage de fin d’études, donc je n’ai pas le temps d’y penser en journée. Là où j’habite, il n’est pas en rayon, donc je ne l’ai encore jamais vu à la vente. Cela dit, on m’envoie souvent des photos de celui-ci en rayon ailleurs, et ça fait toujours quelque chose. Il y a cette sensation d’excitation et d’étrangeté liés lorsqu’on voit sa création partagée à tous ceux qui voudront bien le lire. Elle ne m’appartient plus vraiment, mais en même temps, elle a sa place parmi une communauté plus grande que moi, et c’est tout aussi beau. Peut-être qu’un jour je le verrai en rayon, et là, ce sera le choc !
Actusf : Sur quoi travaillez-vous dorénavant ?
Lucie Thomasson : Comme Le Monde des Premiers est une duologie, je suis en train d’écrire le tome 2 !
Une fois celle-ci clôturée, j’ai deux autres projets qui m’attendent : un roman dans l’univers étendu du Monde des Premiers, et une dystopie post-apocalyptique. Il est possible qu’un roman écrit à 4 mains pointe un jour le bout de son nez également…
Actusf : Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite écrire un premier roman ?
Lucie Thomasson : Écrire. Ni plus ni moins.
On n’avance pas lorsqu’on n’écrit pas. Le meilleur moyen d’écrire un roman, c’est d’écrire, sinon, il n’y a rien à retravailler. L’écrire en y prenant du plaisir, en s’encourageant ou en rejoignant des groupes pour se motiver ensemble. Rien ne sera parfait dès le départ. Vous aurez besoin de revoir votre scénario, vos personnages, l’évolution de votre intrigue. Mais vous aurez quelque chose à peaufiner et à rendre excellent. Et la fierté que l’on ressent lorsqu’on a abouti notre histoire vaut les heures passées dessus.
Il est fort probable que durant votre projet, on vous regarde de haut ou on prenne votre entreprise pour un hobby un peu désuet, parce qu’il paraît qu’écrire c’est facile et que si vous le faites, c’est que vous avez trop de temps libre. Mais les alourdis de préjugés n’achèvent pas la rédaction d’un roman. C’est vous qui allez le faire.
Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Lucie Thomasson : Je serai présente aux Imaginales le samedi 21 et le dimanche 22 mai ! Je viendrai pour dédicacer mon roman et j’espère y faire de belles rencontres.
Je serai également présente au salon de Montreuil en fin d’année.
Entre les deux, j’espère pouvoir organiser ou participer à des rencontres plus conviviales, en librairie ou ailleurs !
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Estelle Hamelin