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Le MOOC Science-Fiction V2 par Anne Besson
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Le MOOC Science-Fiction V2 par Anne Besson

Actusf : D'abord la première session de ce Mooc a rassemblé des milliers de personnes, comme pour la fantasy. Quel regard portez-vous sur cet engouement ?

Anne Besson : J’en suis ravie bien entendu, et j’y vois la confirmation qu’il y a une attente pour des connaissances, des cours, sur les genres et médias populaires – notre public, ces 10 000 personnes qui nous ont suivi l’an dernier, ce sont des étudiants dont le programme au lycée ou après le bac n’a pas assouvi cette demande-là ; des profs et des bibliothécaires qui veulent se former pour mieux comprendre et savoir aborder ce qu’aiment aujourd’hui leurs élèves ; et de très nombreux amateurs passionnés, qui connaissent parfaitement les œuvres mais n’ont pas facilement accès à des synthèses, à des mises en perspective, leur permettant de prendre le recul nécessaire à l’analyse. Cet appétit de savoir et d’échange est remarquable ! Une culture populaire, au sens fort, est vraiment de se mettre en place depuis la fin des années 90 et dans les générations nées au tournant du siècle.

Actusf : Qu'est-ce que tu as envie de faire avec ces MOOC ?

Anne Besson : Le but est « tout simplement » (ce n’est pas si facile !) de diffuser le savoir académique auprès du grand public sous une forme accessible, sans trop perdre en exigence. Pour des genres à succès comme la fantasy ou la science-fiction, cela semble naturel de repousser les murs de l’université pour faire mieux connaitre nos travaux. Cette démarche passe aussi par exemple par des interventions dans les grands festivals français de littérature de l’imaginaire, dont les membres de l’équipe du MOOC sont familiers…

Pour mieux apprécier ce que les MOOC apportent de particulier, on peut les comparer avec les vidéos de vulgarisation du savoir sur Youtube par exemple, qui sont aussi un très bon moyen de toucher un public encore plus large et qui explosent en ce moment. S’inscrire à un MOOC demande (un peu) plus d’investissement, mais si nous sommes attachés à cette forme-là, c’est qu’elle présente un vrai gain en termes d’interactivité. Le plus important dans un MOOC, ce ne sont à la limite pas les vidéos, mais ce qui se passe autour et en particulier dans le forum : presque deux mois de discussions nourries autour de la SF, suscitées par les contenus proposés par l’équipe pédagogique mais menées de façon « horizontale ». La communauté du MOOC n’est pas constituée de « followers » qui ne partagent qu’un visionnage ; elle se construit à travers des échanges et des activités.

Actusf : Qu'est-ce que vous allez aborder sur cette deuxième session et quelles sont les nouveautés par rapport à la première ?

Anne Besson : Nous conservons la structuration des contenus (Histoire de la SF par Simon Bréan, Genres de la SF par moi, Anne Besson, Médias de la SF par Irène Langlet, SF française par Natacha Vas-Deyres, Science et SF par Roland Lehoucq), en deux parcours permettant des investissements adaptés, selon qu’on veut découvrir (« parcours solaire ») ou approfondir (« parcours stellaire »). Mais nous mettons cette année l’accent sur cette fameuse interactivité avec plusieurs innovations dans l’animation du forum : un atelier d’écriture sera proposé, car il s’était spontanément mis en place sur le MOOC Fantasy et avait donné de très beaux résultats ; et une des évaluations proposées sera logiquement un travail de création. Et chaque semaine nous lancerons un débat, à partir d’une question ou d’un constat (par exemple : comment sont établis les « Top 10 » de nos préférences et que révèlent-ils ? Pourquoi a-t-on toujours l’impression que c’est « la fin de la SF » ?, etc.), et le « direct de la semaine », animé chaque fois par un membre de l’équipe pédagogique, fera à la fin le point sur la discussion.

Actusf : Cette année, vous vous intéressez notamment aux médias de la science-fiction. Est-ce que pour le cinéma, la bande dessinée ou le livre, l'histoire de la science-fiction est la même ? Est-ce que c'est le même tronc historique ?

Anne Besson : Le tronc est commun, oui, avec des racines littéraires, européennes fin 19ème (Jules Verne, H.G. Wells…) et un développement dans les pulps américains. La SF est un genre extrêmement transmédiatique, avec une très belle tradition d’illustrations, des chefs-d’œuvre dès le cinéma des origines (Méliès, Metropolis), puis les comics, les serials cinématographiques, les premiers jeux vidéo aussi : toute une part de l’histoire de la SF est donc faire d’allers-retours entre les médias, avec des processus d’adaptations croisées permanents – voir le cas de 2001, Odyssée de l’espace, entre Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke. Aujourd’hui cependant, l’ensemble des produits culturels forme une telle masse qu’il est tout à fait légitime de proposer des histoires de chacun des médias, d’autant que les publics sont en partie distincts – il y a beaucoup plus de spectateurs pour un film ou une série TV de SF que de lecteurs…
Pour en savoir sur les médias de la SF, je vous renvoie aux passionnants modules d’Irène Langlet dans le MOOC SF v.2 !

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