China Miéville est un auteur qui fait peu à peu son trou en France. Né en 1972 en Grande Bretagne, il a vécu à Londres avant de partir à 18 ans en Egypte pour y enseigner l’anglais. Diplômé d’ethnologie, China Miéville en plus d’être auteur est un personnage engagé politiquement. Il s’est présenté en 2001 sous la bannière d’un parti d’extrême gauche aux élections législatives anglaises mais il n’a obtenu 1.2% des voix. Côté littérature, son premier roman Le Roi des rats a été publié en 1998. Hasard de l’édition, il sort donc aujourd’hui en France après la publication de ces deux romans précédents : Perdido Street Station et Les Scarifiés.

Le monde des rats sous les pavés de Londres

Saul, jeune londonien qui vit seul avec son père, voit sa vie basculer lorsque celui-ci se suicide en passant par la fenêtre de leur salon. Un suicide ? Pas pour la police qui soupçonne Saul de l’avoir poussé... Incarcéré, il voit débarquer dans sa cellule un drôle de personnage qui lui propose de s’évader. Un personnage qui prétend être le roi des rats et être son oncle... une nouvelle vie commence pour Saul dans laquelle il devra se méfier des apparences.

Un roman assez étonnant mais un peu jeune.

Avec ce premier roman, China Miéville nous offre un récit au carrefour de multiples influences. Un récit qui mélange à la fois les légendes mais aussi le fantastique teinté de merveilleux et le monde underground de la techno à Londres. Même si la capitale londonienne semble connue et acquise, il nous en propose une version exotique passionnante. Et la balade est belle ! China Miéville impose déjà dans ce roman des images fortes et ambitieuses, jouant à merveille sur l’aspect caché des choses, nous faisant découvrir aux détours des pages le monde souterrain des rats ou l’univers des musiciens en marge des productions classiques. Par moment, c’est tout simplement envoûtant. Malheureusement le scénario est un peu en deçà de ce fabuleux décor. Même s’il utilise avec une intelligence remarquable le mythe du joueur de flûte d’Hamelin, ne s’éloignant de la légende que pour mieux y revenir, son récit est un peu cousu de fil blanc. Son principal défaut est d’avoir construit son intrigue comme une grande aventure, un peu au détriment de ses personnages. Dommage car l’ensemble n’a du coup pas l’épaisseur et l’ambition que l’on espérait. Comme s’il avait un peu rater la marche de l’excellence pour rester à celle d’un roman agréable à lire mais un peu léger. Sans doute ne fallait-il pas trop en attendre non plus. Il ne s’agit là que de son premier roman. La suite, on le sait déjà, est remarquable !