Eco grandit dans une banlieue et passe son enfance assis devant la télévision à suivre les aventures de Casimir et Goldorak. Ses premières BD, il les auto-publie dans le fanzine appelé Hurk ! qu'il crée et qu'il photocopie à tout va. Il participe également à de nombreux fanzines Rêve-en-Bulles, Le Phacochère… Son premier album est publié chez Paquet en 2001. Love Story est un récit en noir et blanc et muet. Avec Tommy Egg, il prend le contre-pied de cette BD puisque ce nouvel album est en couleurs directes et pleines de phylactères.

Le grand départ

Tommy ne rêve que d'une chose, quitter le village dans lequel il vit avec son père. Il veut voyager, partir à la ville et revenir riche. Il se donne trois ans avant de rentrer chez lui cousu d'or afin de pouvoir épouser Sylvie. L'oncle de son père, sculpteur de nains de jardin, lui offre l'opportunité de parcourir les mers avec lui. Mais voilà, Tommy rate son train. Dépité, il décide tout de même de partir pour la Grande Ville. Une fois là-bas, il déchante rapidement. Employé dans une usine de petits pois, il se fait vite remarquer par les autres ouvriers à cause de sa cadence trop rapide. Heureusement, il se fait de nouveau ami dont Gérard, un ancien bagnard au torse constellé de tatouages, qui l'accueille chez lui.

Description d'un monde violent et cynique sous un trait naïf

Cette bande dessinée à toutes les apparences de la BD pour enfant. Le style est naïf aussi bien dans les traits que dans la couleur. Cependant, sous cet aspect innocent, c'est un monde dur et sans pitié qui est décrit. Le héros, tout droit sorti de sa campagne, est naïf et découvre le cynisme de la Grande Ville. On a de la sympathie pour ce jeune homme parti à l'aventure et qui se retrouve à travailler à la chaîne dans une usine. Il est persuadé qu'il deviendra riche rapidement en mettant exactement 439 petits pois dans chaque pot comme on le chef le lui a demandé, ce qui suscite bien sûr les moqueries. Le récit est sensible et drôle, jamais on ne tombe dans le misérabilisme. Eco utilise les lieux et ses personnages comme des symboles d'où un passage du temps très onirique. Les ellipses sont nombreuses et les situations sont limitées et choisies. Tommy passe par toutes les étapes qui vont faire de lui un homme, c'est-à-dire qu'il va prendre conscience de la réalité qui l'entoure à travers des épreuves, dont la mort de son ami sera l'une des plus dures. Un joli roman d'apprentissage donc qu'il serait dommage d'ignorer.