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Les Canaux du Mitan - Le nouveau roman d'Alex Nikolavitch
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Les Canaux du Mitan - Le nouveau roman d'Alex Nikolavitch

A l'occasion de la Rentrée de la fantasy 2020 et de la parution des Canaux du Mitan aujourd'hui 21 août, aux Moutons Électriques, Alex Nikolavitch revient sur l'écriture de ce nouveau roman.

Actusf : Les Canaux du Mitan sort prochainement aux éditions des Moutons Électriques. Comment est né ce roman ?

Alex Nikolavitch : D’un rêve, au départ. Je me promenais sur un quai, et des clowns et des phénomènes de foire m’ont invité à participer à une soirée d’adieu sur leur bateau, un chaland itinérant qui leur permettait de se donner en spectacle un peu partout. C’était très mélancolique, très beau… Au réveil, j’ai noté ça, cette soirée sur le « bateau-carnaval », en me disant que ce serait dommage de perdre un moment de ce genre, qui m’avait très profondément parlé. Et puis, bien entendu, je suis passé à autre chose. Mais ça m’est resté dans un coin de la tête. Quelques années plus tard, j’ai employé l’épave de ce bateau dans une nouvelle, le protagoniste venait le fouiller, et le trouvait chargé de magie. Et peu à peu, dans ma tête, puis sur le papier, j’ai bâti le monde qui allait autour.

Actusf : De quoi cela parle-t-il ?

Alex Nikolavitch : Du bateau-carnaval et de ce qu’il signifie pour son équipage et pour les gens qu’ils rencontrent au fil de leurs pérégrinations au rythme lent des chevaux de halage qui le tirent le long des canaux. Il y a là-dedans plusieurs formes de magie, qu’il s’agissait d’explorer, notamment par le regard de Gabriel, un orphelin qui échappe à l’ennui de son village paumé en intégrant la troupe, sans trop savoir au départ ce qu’il y fera, ni pourquoi il y a été accepté, lui, le « normal ».

Actusf : Qu’est-ce que le Mitan ? Que représente-t-il ?

Alex Nikolavitch : Je suis parti du bateau, mais il a fallu construire tout un univers autour. Superficiellement, le Mitan c’est une version de fantasy des grandes plaines du Missouri, en Amérique, mais dans un monde qui n’est pas du tout le nôtre, même si les points de comparaison sont nombreux. On est dans l’Ouest sauvage, et ça m’a permis de jouer avec certains codes du Western, mais pas que. J’ai voulu jouer à la fois sur la familiarité de ce genre de paysage, et en même temps sur la part de mystère et d’inconnu qui va avec la découverte d’un univers nouveau et magique. L’idée est que le lecteur ne se sente jamais perdu, malgré les tours et détours de l’histoire, qu’il puisse facilement se représenter ce monde-là.

Actusf : Gabriel, votre héros, embarque pour un long voyage plein de découvertes, mais peut être aussi plein de dangers… Comment l’avez-vous créé ?

Alex Nikolavitch : Dès lors que j’ai avancé sur la construction de mon univers, il me fallait des personnages. Pour l’équipage, ça a été facile. Entre le capitaine-loyal, le clown triste, la femme tatouée, l’hercule de foire ou le nain, je n’ai pas eu de difficultés à peupler le bateau. Ensuite, j’aime bien le principe du candide, qui permet à un personnage de découvrir les choses quasiment au même rythme que le lecteur, ou inversement. Et en tant que corps étranger, il vient perturber un peu l’organisation du bord, il y apporte ses propres problèmes, qui finissent par le rattraper d’ailleurs.

Actusf : Une plaine parcourue de canaux… On ne peux s’empêcher de penser (visuellement) à un croisement entre Venise et les innombrables bras du Mississippi. Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ? Littéraires, cinématographies (ou autres) ?

Alex Nikolavitch : Venise est une ville que j’adore, qui est associée chez moi à beaucoup de nostalgie, parce qu’on s’y arrêtait en chemin, quand on partait dans ma famille en Croatie. Après, ce n’est pas forcément à elle que je pensais en écrivant, mais plus à Tom Sawyer et aux romans de Mark Twain. Gabriel a quelque chose de Tom ou de Huck Finn, en moins remuant et moins sale gosse, sans doute, il fait preuve de bonne volonté en permanence. Peut-être un peu trop pour son propre bien, d’ailleurs… Après, je me nourris de Western depuis toujours, et ça se retrouve dans le Mitan.

Actusf : Comment avez-vous travaillé ? Vous avez dû faire beaucoup de recherches ? Je pense notamment à l’univers des bateleurs-bateliers.

Alex Nikolavitch : Moins de recherches que sur d’autres bouquins. Notamment parce que je vis au bord d’un fleuve, dans une ville où tout a tourné autour de la batellerie pendant très longtemps. Un certain nombre de mes voisins sont d’anciens bateliers, et il y a ici plein de ressources sur cet univers-là, des collections de photos et de maquettes, d’anciens chemins de halage, une ancienne halte de touage, etc. Rien que d’entendre parler des mariniers, au café, permet de se faire une idée précise de leurs conditions de vie, de leurs préoccupations, de leur petit monde.
J’ai d’ailleurs offert un exemplaire du roman aux tenanciers d’un bateau théâtre qui mouille généralement à quelques pas de chez moi…

Actusf : Anciennes traditions, esprits et mythes s’opposent aux nouvelles technologies, à la civilisation. Est-ce un sujet qui vous tenait à cœur ?

Alex Nikolavitch : Ce n’est pas tant l’opposition qui m’intéresse, que la façon dont elle met le monde en mouvement. Je ne crois pas aux univers figés, statiques, et je crois que la façon dont le monde évolue tient au fait que les gens accompagnent les changements ou leur résistent. Mon précédent roman, Trois Coracles Cinglaient vers le Couchant, montre une telle résistance face à l’effondrement des anciennes structures, et s’achève sur un constat, je crois, un peu résigné. Dans le Mitan, mes personnages prennent acte de ces changements, parfois pour les déplorer, parfois pour les chevaucher, comme Suzanne, représentante d’une certaine évolution de cette société. Et si on dit toujours qu’un personnage doit évoluer au fil de l’histoire, je pense que c’est le cas aussi de l’univers dans lequel il vit. Dans la mesure où Les Canaux embrasse une période d’une vingtaine d’années, ça permet de montrer ce mouvement de fond.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Alex Nikolavitch : Plein de trucs en même temps, comme toujours. Mais notamment une suite aux Trois Coracles, ou en tout cas un roman se déroulant dans le même univers, dans lequel on retrouvera certains personnages. Mais aussi un Guide de Gotham City, pour un jeu de rôle, et une bande dessinée sur la vie de Youri Gagarine, premier homme dans l’espace.
Ah ! Et bientôt la sortie en octobre d'un livre-enquête, Le Dossier Arkham, aux éditions Leha.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les prochaines semaines ?

Alex Nikolavitch : Ah, vaste question en ces temps incertains. Mais si tout va bien, je serai aux Utopiales de Nantes pour la première fois cette année.

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