Sous le nom de Megan Lindholm
Au commencement de sa carrière d'auteur, Robin Hobb publiait sous son vrai nom. Elle a ainsi signé deux séries et quelques romans qui n'ont pas rencontré beaucoup de succès. D'ailleurs, en France, c'est après le succès de L'Assassin royal que les éditeurs s'intéresseront à ces œuvres de jeunesse.

Le vol des harpies, le premier tome de la série Ki et Vandien, est le tout premier roman de Megan Lindholm. Il nous plonge dans un univers médiéval où le seul élément fantastique concerne les harpies, des animaux sacrés dont Ki, l'héroïne, n'a pas hésité à tuer quelques représentants après qu'ils aient massacré sa famille. Mais l'une d'elles a survécu... Dans cette première tétralogie très classique, on découvre déjà ce qui fera la patte de Robin Hobb avec un soin particulier apporté aux personnages et notamment à leur psychologie.

Le Peuple des rennes est en fait un diptyque publié à la fin des années 1980. Cette fois on quitte l'univers médiéval pour une époque préhistorique. Sur un monde inconnu, une femme et son fils fuient leur tribu. Un choix qui peut s'avérer mortel car ils se retrouvent seuls au cœur de l'hiver. Mais Tilou semble avoir la meilleure des raisons pour ne pas laisser Carp, le chamane de leur tribu, mettre la main sur son enfant. Là encore, l'introspection des personnages est soignée, parfois au détriment de l'intrigue qui manque d'action et de rythme.
Sous le nom de Robin Hobb
Megan Lindholm change de nom au milieu des années 1990 avec ce qui deviendra sa série culte, L'Assassin royal. Le succès est enfin au rendez-vous.

L'Assassin royal, La Citadelle des ombres... Il n'est pas facile de s'y retrouver dans les nombreuses éditions françaises de ce cycle. À l'origine, il est composé de deux trilogies mais s'est retrouvé saucissonné en treize tomes chez nous avant d'être republier sous forme d'intégrale chez Pygmalion. Quant à l'histoire, on y suit le destin semé d'embûches de FitzChevalerie, bâtard d'un prince du royaume des Six-Duchés. Élevé par un maître d'écurie, avec pour seuls amis les animaux avec qui il semble avoir développé un lien d'empathie, il finira son apprentissage auprès de sa lignée royale pour devenir assassin... Avec cette série, Robin Hobb prend à contre-pied les clichés de la fantasy pour nous brosser le portrait d'un anti-héros attachant et solitaire, à cheval entre deux mondes et n'appartenant à aucun. On est bien loin des clichés habituels de la fantasy : ici pas de lutte entre le Bien et le Mal, de prophétie ou d'élu. La grande force de L'Assassin royal se situe dans ses personnages que l'auteur arrive à faire vivre comme personne.

Avec cette trilogie (découpée en neuf volumes en France mais en train de reparaître sous forme d'intégrale chez Pygmalion), Robin Hobb reste dans l'univers de L'Assassin royal mais change de lieu. Direction cette fois le sud dans la ville de Terrilville. On y suit le destin de la famille Vestrit, propriétaire d'un bateau en bois-sorcier, la Vivacia, qui sera bientôt doué de conscience. Après s'être retrouvé ruiné, le capitaine, sur son lit de mort, lègue le navire au mari de sa fille aînée. Celui-ci décide, pour restaurer la fortune familiale, de se livrer au trafic d'esclave. Mais Althéa, la cadette, qui a grandi sur le pont du navire, compte bien en récupérer le commandement pour elle-même. Ici encore les personnages sont confrontés à des événements tragiques et ne cessent de lutter pour leur survie. Mais la grande originale de la série c'est sans doute son univers maritime, très peu exploité en fantasy.
D'un point de vue chronologique, ce cycle s'intercale entre les deux trilogies de L'Assassin royal, soit les tomes 7 et 8 .

Avec Les Cités des anciens, Robin Hobb reste dans l'univers de L'Assassin royal mais se déplace encore une fois, dans le Désert des pluies. Et cette fois, c'est aux dragons qu'elle s'intéresse mais, encore une fois, sous la plume de Robin Hobb ces créatures légendaires évoluent loin des clichés de la fantasy. Faibles, difformes, les derniers spécimens qui viennent de naître ont brisé tous les espoirs d'alliance entre hommes et dragons. Néanmoins, ces créatures attisent encore la curiosité de certains, comme Alise, mariée à un marchand juste pour avoir accès à elles... Avec cette nouvelle série, Robin Hobb continue de montrer l'étendue de son talent dans la description de ses personnages et de leurs états d'âme face aux aléas du destin.

On quitte l'univers de L'Assassin royal avec cette autre trilogie, Le Soldat chamane, pour le royaume de Gernia où vit Jamère Burvelle. Second fils d'un colonel, il est appelé à devenir chevalier. Mais, après avoir été confié à un guerrier nomade et avoir rencontré la femme-arbre, Jamère se retrouve tiraillé entre la société dans laquelle il a grandi et la nature qui l'entoure. Si le début peut faire penser à l'histoire de Fitz, Robin Hobb finit par s'affranchir de sa série culte pour développer un univers original et surtout un héros au caractère bien à lui.