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Les Flots sombres - Les Chevauche-brumes de Thibaud Latil-Nicolas sont de retour
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Les Flots sombres - Les Chevauche-brumes de Thibaud Latil-Nicolas sont de retour

A l'occasion de la sortie des Flots sombres, ce vendredi 15 mai, aux éditions Mnémos, Thibaud Latil-Nicolas revient sur l'écriture de ce nouveau volet des aventures de la Neuvième compagnie et de ses compagnes d'armes.

Actusf : Les Flots sombres, est votre second roman après Chevauche-Brumes, et sort aux éditions Mnémos. Est-ce une suite ? Un roman indépendant ?

Thibaud Latil-Nicolas : C’est un peu des deux en fait. Cela se passe dans le même univers que Chevauche-brumes et on y retrouve une bonne partie des même personnages mais les intrigues sont nouvelles et il est possible de commencer la découverte de cet univers en attaquant directement Les Flots Sombres.
Les Flots Sombres répond à Chevauche-brumes, fait directement référence à ce qu’il s’y est passé mais nous avons veillé, avec l’éditeur, à ce que les lecteurs qui prendraient le train en marche ne seraient pas perdu grâce à un résumé en début d’ouvrage ainsi qu’à un souci, tout au long du texte d’expliquer et rappeler ce qui est indispensable à la compréhension des intrigues.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’intrigue ?

Thibaud Latil-Nicolas : Je voulais étoffer, épaissir l’univers que j’ai esquissé dans mon roman précédent. J’ai donc choisi de concevoir Les Flots Sombres autour de plusieurs arcs narratifs que j’ai tressés ensemble : les intrigues à la cour entre le pouvoir temporel vacillant et le spirituel qui s’affirme, le danger qu’un monstre marin inconnu fait peser sur les navires des Îles Jumelles et sur la prospérité des royaumes continentaux, le retour de la neuvième compagnie qui ne sera pas exactement accueillie comme elle l’espérait.
Tout cela se conjugue pour créer une solution politique explosive : le culte d’Enoch s’émeut devant la passivité du pouvoir temporel, fustige l’attitude du régent et entend mettre fin aux troubles mais selon des procédés que je qualifierai sobrement de… particulier.

Actusf : Comment caractériseriez-vous la Neuvième compagnie ?

Thibaud Latil-Nicolas : La Neuvième est un exemple de fraternité où tout le monde trouve sa place, quelle que soit son origine, et qui incarne une bouffée d’air dans cet univers sombre, affreusement hostile. Elle est l’incarnation du pouvoir du collectif, de ce qu’il peut inspirer comme réconfort, proposer comme refuge et surtout, le multiplicateur de potentiel qu’il représente face à l’adversité.

Actusf : Vous êtes-vous inspiré de faits/situations historiques ? De troupes ayant existé ou des personnages ?

Thibaud Latil-Nicolas : Toujours. Déjà le choix du chiffre « neuf » pour la compagnie est un clin d’œil à la « Nueve » de la 2ème DB de Leclerc. Ensuite, sans plaquer mes personnages sur des hommes et des femmes ayant existés, ils sont souvent un mélange de diverses influences. Anne Bonny, Mary Read… Leur ombre plane sur Ophélie comme celle de Tomoe Gozen plane sur les doryactes. Téobane fait penser à François II par certains aspects et Juxs à des esprits bien plus retors comme Arnaud Amaury par exemple.

M4 Sherman du 12e régiment de chasseurs d'Afrique de la 2e DB débarquant d'un Landing Ship Tank en Normandie en août 1944. (Wikipédia)

Actusf : Est-ce compliqué de mettre en place des personnages féminins forts et crédibles ?

Thibaud Latil-Nicolas : Non. Je les écris exactement comme des personnages masculins. Par exemple, Ophélie pourrait être un homme que cela ne changerait pas grand-chose : le manque de confiance en soi quand on se retrouve, jeune officier, à la tête de caractères bien trempés et plus expérimentés est un problème qui se pose à tous. Je rajoute simplement parfois les difficultés qui s’imposent spécifiquement aux femmes. Par exemple, briser la glace avec des hommes en buvant un coup de trop est malheureusement plus risqué et compliqué quand on est une femme car notre société jette bien souvent un regard plus sévère sur certains comportements quand ils sont le fait de femmes et non d’hommes.

Actusf : Ophélie prend une grande importance dans ce tome. Pourquoi elle plus qu'une autre ?

Thibaud Latil-Nicolas : Ophélie prend de l'importance pour deux raisons: d'abord c'est par elle que l'on va faire le lien entre le Bleu-Royaume et la Biscale mais dire cela la relèguerait au rang de simple personnage-fonction. Or, je voulais créer un personnage qui se retrouve propulsé à la tête d'une équipe expérimentée dans une quête qui la dépasse mais qui ne bénéficie pas de l'expérience et du passé des héros du roman précédent comme Saléon où Ozgar. Ophélie est jeune, peu sûre d'elle et de ce fait fragile. Et pourtant, elle va faire face.

Actusf : Après avoir protégé une ville frontalière contre un fléau inconnu, vos héros se retrouvent bien mal remerciés… L’intrigue géopolitique prend de l’ampleur et de nouveaux dangers apparaissent… Est-ce une façon de parler de sujets qui vous tiennent à cœur ? De dénoncer certaines choses ?

Thibaud Latil-Nicolas : Un roman se nourrit toujours de choses personnelles et d’expériences. On trouvera dans Les Flots Sombres certaines réflexions que je me suis faite, comme par exemple la conviction, qu’ont certaines personnes, qu’en faisant toujours « ce qu’il faut », ils seront nécessairement remercié un jour où l’autre par leur hiérarchie où le « destin ». L’injustice est une chose trop pénible pour la plupart d’entre nous et nous nous créons des règles infondées qui nous permettent d’espérer jusqu’à la désillusion. Regardez comment sont accueillis les Chevauche-brumes ou les discussions qu’Ophélie a avec son adjoint, Vexini.

Enfin, certaines considérations écologiques, politiques, éthiques viennent forcément nourrir la psyché de certains personnages.

Actusf : Avez-vous eu des inspirations en particulier pour ce second tome ? Je pense notamment au 2nd volet de Pirates des Caraïbes avec un certain Kraken…

Thibaud Latil-Nicolas : Bien avant Walt Disney et ses blockbusters, il y a Jules Vernes et son terrifiant 20 000 lieues sous les mers et Moby Dick. Ce livre m’a laissé une marque profonde, tout comme les récits de marins prétendant avoir croisé des monstres assez immenses pour dévorer leurs navires. Ce folklore est passionnant tout autant qu’attirant. Et puis, il y a toujours le spectre de Lovecraft avec un certain grand ancien dans une cité engloutie… Bref, les inspirations sont nombreuses.
Mais là encore je laisse une certaine marge de manœuvre à mes lecteurs pour s’imaginer le monstre comme ils l’entendent. Même si le Kraken Scandinave n’est, je l’admets, pas bien loin...

Actusf : D’ailleurs en parlant pirates, parlons bateaux. Est-ce des modèles existants ? Avez-vous du faire beaucoup de recherches ?

Thibaud Latil-Nicolas : Les bateaux évoqués existent bien. On a affaire ici à des modèles existants soit du Moyen-âge, soit de la Renaissance. Cogues, caraques, caravelles, galères et galéasses sont tous des modèles ayant existé et sur lesquels je me suis renseignés. Je me suis inspiré de certains confrontations bien connues également comme Lépante mais cet univers étant le mien, j’ai un peu tout mélangé pour disposer de davantage de liberté.

Actusf : Et la magie ? Quelle place lui donnez-vous ?

Thibaud Latil-Nicolas : Centrale. Le système de magie n’est pas, à mes yeux, la chose la plus importante tant qu’il respecte la diégèse, mais le surnaturel est ici l’événement qui va tout bousculer, renverser les systèmes établis et créer de nouveaux enjeux.
Surtout, je veux qu’il reste une part de mystère qui entoure cette magie que nos héros connaissent mal et que, de fait, nous devons découvrir et dompter avec eux.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Thibaud Latil-Nicolas : La fin des aventures se déroulant dans le Bleu-Royaume. Je veux écrire encore un roman avec les personnages actuels et ensuite je passerai à autre chose. Je ne veux pas d’une série à rallonge qui se diluerait avec le temps. Le format de la trilogie me convient bien et je dois bon nombre de mes grands plaisirs de lecteur à des séries qui savent ne pas trop se perdre.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Thibaud Latil-Nicolas : Ça dépendra du virus ! En général, là où il y a des gens sympas et de bonnes choses à boire et à manger.

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