A l'occasion de la sortie des Ménades, Nicolas Texier revient sur l'écriture de ce roman à paraître aux Moutons Électriques le 10 septembre prochain.
Vous pourrez retrouver Nicolas Texier le 18 septembre à la librairie de Villecresnes, les 25 et 26 septembre au festival Méditerranée, polars et aventures à Port Bacarès ou encore le 28 septembre à la librairie la Dimension Fantastique.
La genèse des Ménades, ou l’actualité de la pensée grecque aujourd’hui
J’ai toujours nourri une vraie passion pour l’histoire et la mythologie grecques, et ce roman est né de l’envie de revenir aux sources folles et brutales de cet univers, bien avant qu’il ne soit assagi par les cultures romaine puis classique. Pas question cependant de faire dans le péplum : l’idée a consisté dès le départ à prendre le contre-pied des épopées héroïques et viriles, en choisissant des personnages féminins et en allant explorer les figures de l’altérité (l’altérité sauvage d’Artémis, folle et divine de Dionysos, morbide et monstrueuse de la gorgone Méduse) sur laquelle, loin de les rejeter, se fonde la pensée grecque. Des films récents (comme Bande de filles, Céline Sciamma, 2014), mettant en scène la vitalité des jeunes filles d’aujourd’hui, m’ont convaincu de centrer le roman sur trois adolescentes d’origine modeste, marginales même sur leur petite île perdue en mer Égée. Livrées à elles-mêmes dans un environnement patriarcal et sauvage où règnent violence et prédation, elles seront immédiatement mises en danger par le simple fait qu’elle soit des femmes – une situation dont, trois millénaires après, nous peinons encore à nous extirper ! – mais tenues par leur amitié indéfectible née dans la marginalité qui les a réunies. Amitié qui se renforce encore quand les vagues rejettent sur l’île un mage qui va faire d’elles des Ménades, avant de reprendre la mer à peine son enseignement terminé.
L’histoire se déroule une génération après la guerre de Troie. Celle-ci a laissé des traces, des souvenirs et des chants. Le point de vue est celui des Ménades, qui parcourent la Méditerranée à la recherche de leurs proches qu’elles pensent enlevés par des pirates. Car il y a aussi à l’origine de ce livre le souhait de mettre en place un motif qui soit simple, afin de coller au caractère brut et violent de l’univers – une approche qui se reflète aussi à travers la narration. Mais, au-delà, il y a eu pour moi la volonté de décrire le chemin que vont parcourir ces trois femmes jusqu’à leur accomplissement, à travers les épreuves, les rencontres et les initiations. La question de la place des femmes et de l’altérité dans le roman révèlent à quel point la pensée grecque est encore dotée d’actualité aujourd’hui.
