Jean-Luc Marcastel aime l'Histoire, la vraie, celle de notre terre de France. Mais cela ne l'empêche pas de rêver et d'imaginer. Que ce soit avec Louis le Galoup ou Frankia, il explore des possibles, des alternatives à notre passé, peut-être pour mieux le mettre en lumière et l'enseigner aux enfants et aux adultes d'aujourd'hui.
Piège de murs et de griffes
Louis et ses deux compagnons, son frère Sévérin et la Roussotte, ont fui leur village des montagnes. Depuis que Louis sait qu'il est un Galoup, qu'il possède en lui une force et une autre personnalité coupable des pires envies de meurtres et de sang, tout va de travers. Poursuivis par le Siblaire, mi-homme mi-serpent et au service du maître d'Occitania, ils cherchent refuge dans les murs de la ville d'Aurillac.
Mais, même s'ils y trouvent l'aide d'un étrange forgeron au lourd passé et d'une étrangère aux pouvoirs inconnus, ils vont aussi donner une piste à flairer à leurs poursuivants. Le Siblaire est sur leurs traces, mais le Grand Veneur, le chef de la meute des Galoups noirs, est aussi de la partie.
La partie est complexe, entre les enfants qui veulent se sortir du piège et les deux horribles personnages acharnés, chacun de leur côté, à les poursuivre. Chacun va se découvrir un peu plus, apprendre, mais aussi hélas donner un aperçu de ses faiblesses à ses ennemis. La chasse est lancée !
On aime, ou pas
Marcastel a fait un pari audacieux avec le style employé pour cette série Jeunesse. Son écriture est déjà normalement un peu lourde, mais le rythme et le phrasé choisi pour le Galoup est très particulier. Cherchant à faire revivre la littéraire occitane, se voulant adepte de Seignolles, l'auteur devient conteur, au coin du feu. Envolées lyriques, métaphores complexes et imagées, exagérations et hyperboles parsèment l'ouvrage, l'enrichissent et l'étoffent.
Ce qui peut paraître à certains une lourdeur passée de mode est aussi une résurrection, celle d'une langue chantante, gaie et puissante, que l'on croyait perdue et lessivée par l'uniformisation et l'asepsie qui lave les textes actuels de toute aspérité, de toute particularité. Rendant ses lettres de noblesse à une littérature perdue, Marcastel, certes, en fait des tonnes, mais il nous plonge d'autant plus dans son univers gris et sanglant.
Un équilibre appréciable
L'évocation est forte, emplie d'images et de personnages puissants et évocateurs. Elle est en plus renforcée par tous les dessins qui marquent les débuts de chapitre ou remplissent le porte-folio à la fin de l'ouvrage. Et le trait nerveux et fouillé de Jean-Mathias Xavier est parfaitement en phase avec le texte. Il le complète et supporte avec bonheur, rendant d'autant plus agréable la lecture.
Des détails intéressants
Pour compléter ce livre, nous trouvons à la fin des recettes de cuisine, d'Aurillac et de sa région cette fois, écrites dans la même langue chantante et imagée que le reste de l'œuvre. De quoi saliver en lisant, sinon en goûtant les plats proposés. Le glossaire, lui, peut être important pour les plus jeunes lecteurs qui trouveront de rapides explications sur des termes venus de la langue d'oc ou du Moyen-Age.
La série continue donc fort bien. Les intrigues avancent, s'entremêlent, se compliquent... Vivement la suite !