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Les nuits de l'aviateur

Philippe Curval ( Auteur), Corinne Billon (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 13/10/2016  -  livre
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Les nuits de l'aviateur

Monstre sacré  

Difficile de résumer l’œuvre foisonnante de Philippe Curval qui a commencé à publier de la science-fiction dès les années 1950. Très marqué par le surréalisme, il publie des nouvelles dans les revues Fiction et Satellite et connaît un certain succès avec Le ressac de l’espace, sorti en 1962. C’est cependant dans les années 1970 que Curval connaît un succès important, la science-fiction disposant à l’époque d’un lectorat nombreux et fidèle : L’homme à rebours et Cette chère humanité (réédité par La Volte en 2016) obtiennent respectivement le grand prix de la science-fiction française en 1975 et le prix Apollo en 1977. Parallèlement, Curval se fait anthologiste et publie en 1978 chez Présence du Futur l’anthologie Futurs au présent qui révélera une nouvelle génération d’auteurs. Les années 1980 le voient sortir des recueils de nouvelles toujours chez Présence du futur, dirigée à l’époque par l’exceptionnelle Elisabeth Gille. En 1998, il publie l’excellent Voyance aveugle et en 2008, il donne une suite à Cette chère humanité avec Lothar Blues. Doté d’un grand sens de l’anticipation et d’un style d’écriture marqué par le surréalisme et teinté d’humour noir, Philippe Curval continue de publier. Les Nuits de l’aviateur, sorti l’année dernière, constitue à priori un roman plutôt autobiographique mais pas seulement, on va le voir.
 
Le passé, cet outre-monde
 
Avec Les Nuits de l’aviateur, nous plongeons dans l’histoire de Vincent Colas, un jeune adolescent des années quarante. Élevé par des parents bourgeois, Vincent a toujours eu une imagination débordante et a aussi une impressionnante capacité à dormir. Et lorsqu’il dort, il rêve, se créée des histoires : la vision du film Blanche-Neige l’a bouleversé, lui révélant à un monde magique à ses yeux d’enfant. Vincent traverse les années de guerre, marqué par l’holocauste et l’explosion de la première bombe atomique. Tancé par son père, il abandonne ses études et bientôt le domicile familial. Commence pour lui une vie de petits boulots, d’errance où il vit comme un marginal. Il est recueilli plusieurs fois par Geneviève, une libraire plus âgée que lui et qui est persuadée qu’il peut devenir un grand écrivain. Cependant, Vincent se comporte mal avec elle et finit par la quitter. Représentant de commerce à Marseille, il est même mêlé à un meurtre qu’il croit avoir commis. Il passe très près de la folie mais réussit enfin à écrire : c’est sa voie.
 
Une mise en abyme
 
Un rapide survol de la notice biographique de Philippe Curval achève de convaincre que Les Nuits de l’aviateur emprunte beaucoup à sa propre vie mais nous sommes cependant loin de l’autofiction. Curval réussit à créer des moments où le lecteur accompagne Vincent dans des expériences limites, au bord de la folie, où le personnage hésite entre rêve et réalité. Les Nuits de l’aviateur nous donne un portrait du jeune homme différent, à jamais seul car il est un créateur, un initiateur d’univers fictionnels, qu’il mélange avec sa propre vie. Le tour de force de Curval consiste aussi à combiner ces éléments avec une peinture féroce de la France de l’après-guerre. Au final, un très grand roman, plein de jeunesse, écrit par un monsieur qui a allègrement dépassé les quatre-vingt-sept printemps. Une belle leçon !

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