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Les Ombres

Bannister (Dessinateur), Nykko (Scénariste), Jaffré (Coloriste)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 05/09/2007  -  bd
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Les Ombres

Bannister est un dessinateur de 34 ans. Après des études de dessin et différents petits boulots, il participe à la création d’une start-up en 1998. En 2002, il revient dans l’univers de la BD avec Félicité Bonaventure (Soleil, 2004), série arrêtée après le premier tome déjà scénarisée par Nikko et colorisée par Jaffré. Deux ans après, le trio signe chez Dupuis pour lancer la collection Punaise avec la série Les Enfants d’ailleurs et son premier tome, Le Passage. Les Ombres est le deuxième volume de cette série.
A noter que le premier tome est désormais disponible en langage parlé codé sur le site de la collection Punaise.

Survivre dans l’autre monde

Rebecca et Maxime sont coincés dans le monde parallèle découvert grâce à la machine du père Gab, monde ravagé par une guerre contre le Maître des Ombres. Norgavöl, qui parle leur langue, les envoie vers un autre passage. Mais le parcours est semé de dangers, entre les ombres qui les pourchassent et un environnement inhospitalier.

De l’autre côté, Théo et Noé cherchent à réparer la machine afin de rouvrir le passage pour récupérer leurs deux amis. Alors qu’ils y parviennent, ils sont projetés dans l’autre monde et atterrissent eux aussi chez Norgavöl. Ils partent alors à la recherche de Rebecca et Maxime.

Plus d’action…

Le Passage avait pris le temps de nous présenter les personnages et de bien asseoir l’intrigue des Enfants d’ailleurs. Forts de ce cadre solide, les auteurs passent la vitesse supérieure. Ce deuxième tome est plus centré sur l’aventure, avec une succession d’embûches sur la route des quatre enfants. Les deux lignes de narration – Rebecca/Maxime et Théo/Noé – sont bien équilibrées, avec parfois de bonnes transitions graphiques, ce qui procure au récit un dynamisme qui tient le lecteur en haleine. Seul petit défaut : l’action est parfois un peu trop rapide, les auteurs s’attardent moins sur les différentes scènes. De plus, on peut être légèrement frustré par le peu d’informations supplémentaires que l’on obtient sur le monde parallèle (excepté un côté exotique avec une faune et une flore variées et amusantes) et ce mystérieux Maître des Ombres. Mais ces défauts ne devraient pas gêner les jeunes lecteurs – il ne faut pas oublier que l’album s’adresse aux enfants de plus de six ans –  qui se laisseront entraîner par les mésaventures de leurs héros avec plaisir.

Côté dessin, la qualité est toujours au rendez-vous, notamment dans les jeux d’ombre et de lumière, qui collent au sujet. Les scènes de nuit sont très bien colorisées, ainsi que les magnifiques couchers de soleil. Le dynamisme de l’action est lui aussi correctement représenté par un trait plus mouvementé. Globalement, malgré un réalisme plus important que dans d’autres BD jeunesse, le graphisme reste accessible aux plus jeunes, notamment grâce à l’expression des visages, souvent exagérée pour mieux exprimer l’émotion.

… et toujours un fond pédagogique

Il y avait dans Le Passage quelques éléments plutôt sombres, notamment une angoisse visible chez Rebecca sur la fin. Cette impression se confirme ici. Les auteurs abordent en effet, par petites touches, le thème de l’enfance maltraitée, selon plusieurs angles : souffrance physique (le bras abîmé de Théo), souffrance des familles décomposées (mère alcoolique et violente pour Maxime), et surtout souffrance liée à la guerre et au génocide (pour Rebecca) : « Je suis née au Rwanda en 1992. J’avais 2 ans quand ma famille y a été massacrée à coups de machette. J’ai eu de la chance ». Ces sujets sont évoqués avec sérieux et détachement : soit le ton de la discussion les dédramatise (« Le rire peut être un bon moyen pour lutter contre l’angoisse »), soit les auteurs enchaînent tout de suite avec de l’action. Cela laisse le choix au jeune lecteur d’y réfléchir ou de se recentrer sur l’intrigue en fonction de sa sensibilité ou de son âge.

Cette approche pédagogique est aussi utilisée pour aborder l’attitude rebelle des adolescents. Les auteurs n’hésitent pas à montrer Maxime avec une cigarette (éteinte tout de même) à la bouche, mais c’est pour mieux pointer l’absurdité de ce comportement (Rebecca trouve ça ringard) sans pour autant jouer les moralisateurs.

Cocktail réussi

Au final, ce second tome confirme la réussite du premier en poursuivant le développement d’une histoire entraînante, agrémentée de pédagogie subtile. Il ne reste plus aux auteurs qu’à nous en dévoiler un peu plus sur le Maître des Ombres et sur la Porteuse de Lumière, qui ont été un peu négligés ici, mais qui devraient prendre de l’ampleur par la suite.
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