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Les Secrets du premier coffre - Fabien Cerutti de retour en compagnie du Bâtard de Kosigan
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Les Secrets du premier coffre - Fabien Cerutti de retour en compagnie du Bâtard de Kosigan

A l'occasion de la sortie aujourd'hui des Secrets du premier coffre, aux éditions Mnémos, Fabien Cerutti revient sur l'écriture de ce nouvel ouvrage autour de l'univers du Bâtard de Kosigan.

Actusf : Les Secrets du premier coffre sort aujourd’hui aux éditions Mnémos et on y retrouve votre héros le Bâtard de Kosigan.
Il vous manquait ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur lui ?

Fabien Cerutti : À vrai dire, c’est plutôt en ce moment que cette fripouille commence à me manquer, car les hasards de la programmation de Mnémos et le confinement ont repoussé le livre qui était dans les starting-blocks depuis près d’un an et demi. Depuis, je n’ai presque rien écrit sur le Bâtard et je dois reconnaître que cela commence à me titiller.

Actusf : Ce recueil de six récits propose donc de replonger dans l’univers du Bâtard de Kosigan, Est-ce un prolongement de votre cycle ? Ou ces nouvelles aventures s’inscrivent-elles dedans ?

Fabien Cerutti : C’est à la fois un prolongement et une porte d’entrée pour la série. Chaque histoire se suffit à elle-même, avec une bonne intrigue (je le sais, je les ai lues (rires)), de la tension, de l’aventure, des personnages fouillés, des relations humaines, un peu d’humour, etc. Aucune ne nécessite de s’être immergé dans le premier cycle pour comprendre. D’ailleurs, il faut le dire pour qu’il n’y ait pas de malentendu, le Bâtard n’apparaît que dans deux des récits du recueil, et encore, ce n’est pas lui le narrateur (mais en fait, c’est mieux, vous verrez…).
Cependant pour les connaisseurs, il y a du grain à moudre : la première histoire est racontée par un certain Mandorallen (cornu) dont se souviennent peut-être ceux qui ont lu le tome 4 ; la quatrième se déroule en Italie et relate les débuts du chevalier de Kosigan en matière de tournois et de manipulation ; et la sixième prend place entre le tome 2 et le tome 3, lors d’un séjour à la cour d’Angleterre.
La construction du recueil est faite de manière à ce qu’un nouveau lecteur ou une nouvelle lectrice ne soit pas du tout gêné par d’éventuelles allusions et qu’il puisse pleinement apprécier les histoires. Mais en même temps, un adepte de la première heure, y trouvera matière à enrichir l’univers, en comprenant par exemple pourquoi et comment ont été lancées les Croisades noires qui ont décimé les créatures surnaturelles d’Occidents ou en découvrant ce que sont devenus les descendants des vieux peuples.

Les Secrets du premier coffre - Ou les aventures trépidantes d’une brochette de mercenaires en Italie ; d’un pape initié aux choses de la vie par une satyre délurée ; d’un aventurier voyageur en quête des mystères de l’Orient ; d’une fée bourguignonne combattante ; d’un poète décadent ; et du grand-père d’un démon qui va donner naissance à la première elfe de l’histoire…

Actusf : Des secrets… Cela semble bien mystérieux ! Va-t-on apprendre de nouvelles choses sur votre héros ? De nouvelles facettes ? Va-t-il « se ranger » ?

Fabien Cerutti : Se ranger ? Hahaha ! Pas vraiment, non… Quant à apprendre des choses sur lui, c’est certain : à commencer par l’identité de la chevalière qui l’a initié à l’art de la joute ; ses premières jongleries en matière de manipulation ; mais aussi, si cela intéresse certains de lire entre les lignes, des indices sur l’origine réelle de ses pouvoirs.

Actusf : Après 4 romans, vous passez sur des formats plus courts. C’était un challenge ? Avez-vous rencontré des difficultés d’écriture ?

Fabien Cerutti : J’adore positivement ces formats courts. Je suis persuadé qu’ils vont dans le sens de l’histoire : il est toujours agréable d’avoir un roman de 800 pages entre les mains ; mais nos sociétés modernes sont assoiffées de plaisirs plus immédiats. Et en littérature, je les trouve trop rares. Les romans courts se lisent le temps de regarder deux ou trois épisodes d’une série Netflix. L’ensemble d’un recueil, équivaut, en temps, à peu près à une saison…
Il me semble que si l’on veut avoir une chance de faire face à la concurrence de l’audiovisuel, on doit proposer davantage de récits de ce type. À la fois vifs et riches.
C’est ce que font Matthieu Rivero, Julien Bétan et Melchior Ascaride dans Ce qui vient la nuit par exemple, ou Emmanuel Chastellière dans Celestopol, ou Stefan Platteau dans Dévoreur, ou Jean-Philippe Jaworski dans Janua Vera, ou Thomas Geha dans Chuchoteurs du dragon, etc.
Et ce genre de texte est aussi plaisant à écrire qu’à lire, car l’auteur peut observer l’intrigue avancer, prendre son essor et se dénouer en un ou deux mois (au lieu d’un an et demi pour un roman grand format, dans mon cas). C’est réellement plus agréable.

Actusf : Une pièce de théâtre, un drame amoureux, un journal de voyage… Sont autant de nouvelles formes d’écrits. Avez-vous une préférence pour l’une d’elles ?
Quel a été le récit le plus difficile à coucher sur le papier ? Pourquoi ?

Fabien Cerutti : Très honnêtement, aucune ne m’a donné de fil à retordre et je les adore toutes ! J’ai peut-être un petit faible pour Fille-de-joute, grâce à la gouaille du narrateur et au fait qu’une ou deux scènes soient des clins d’œil au film « Chevalier » que j’aime beaucoup.
Et je suis très enthousiaste à propos de la pièce de théâtre d’aventure qui clos le recueil.
Pour le coup, il s’agissait d’un véritable challenge ! Au début, je m’étais lancé le défi d’écrire une intrigue, à la manière du théâtre médiéval : sans aucune coupure en actes et en scène. L’idée était de n’écrire que des dialogues et de faire en sorte que, malgré cela, le lecteur comprenne précisément ce qui se passe, visualise l’environnement et même le physique des personnages. Le tout sans aucune didascalie.
Finalement, j’ai tout de même mis des actes : si on les a inventés c’est qu’il y a une raison… (rires)

Actusf : Angleterre, Italie, Chine… Vous aimez faire voyager votre héros ! Est-ce seulement dû à sa nature ou cette envie de découvertes était-elle en vogue à son époque ?

Fabien Cerutti : Alors, tout d’abord, ce n’est pas le Bâtard de Kosigan qui part à la recherche des elfes de Chine, mais Jehan de Mandeville, un aventurier-explorateur qui a réellement existé (mais que l’on soupçonne fortement d’avoir inventé 90% des récits de voyage qu’il est censé avoir vécus).

Et sinon, oui, ce recueil à parfois un petit goût d’exotisme, y compris dans les archipels imaginaires de son premier récit. À l’époque du Bâtard, cependant, il y a peu de voyageurs-découvreurs (à part dans les mondes musulmans). En Occident, ce sont plutôt des négociants pour lesquels le voyage représente un moyen et non un but, et la découverte, une cerise sur le gâteau de la fortune qu’ils escomptent en tirer.
Les compagnies de mercenaires passent également aisément d’un royaume à l’autre, mais là encore le voyage n’est qu’utilitaire.
Il n’y a guère que les pèlerins sur les routes de Compostelle, de Rome, de Jérusalem ou d’ailleurs qui ont soif de découvertes, mais elles touchent davantage au domaine spirituel.

Actusf : Vous retrouvez dans votre héros ? Quelles facettes ? Ou lesquelles aimeriez-vous avoir ?

Fabien Cerutti : Ce type est un odieux manipulateur qui m’a tout volé. Il prétend même avoir écrit mes livres. (rires)

Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspirations spécifiques ?

Fabien Cerutti : Comme je le disais, le film Chevalier, pour une ou deux scènes de Fille-de-joute, car cela collait merveilleusement à ce que je souhaitais raconter.

Actusf : Et du côté du travail de recherche, comment avez-vous procédé ?

Fabien Cerutti : Les ouvrages de Robert Mumchembled et de Colette Beaune sont mes amis, ainsi que mes souvenirs de leurs cours en université. J’ai été également farfouillé un peu autour de l’histoire de Marco Polo et bien sûr de Jehan de Mandeville.

Actusf : La couverture est splendide et sort de l’ordinaire et le travail de cartographie à l’intérieur est remarquable. Un mot là-dessus ?

Fabien Cerutti : Plus qu’un, même ! Frédéric Weil et Mnémos se sont beaucoup investis et je tiens à les en remercier. Le livre a tout d’un objet de collection : une couverture très classe, réalisée à la perfection par Laure Wilmot, ciselée et dorée à la feuille d’or. Quant aux trois cartes de l’intérieur, je ne suis pas peu fier de les avoir réalisées, elles ont ensuite été mises en couleur et peaufinées par Stéphane Arson, un cartographe professionnel.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Doit-on s’attendre à un second coffre ?

Fabien Cerutti : À vrai dire, il y a des mois que je n’écris plus. J’avais besoin de repos de ce côté après une expérience qu’on peut qualifier de difficile.
J’ai quand même réussi à finaliser récemment un texte pour enfant de poésie d’aventure (dont, je suis bien certain que personne ne voudra… ce qui est dommage).
Mais je compte me remettre bientôt en selle, sur les traces du second cycle de mon Bâtard de Kosigan préféré.
Quant à un Deuxième, voire un Troisième Coffre… J’ai bien l’intention d’en écrire les péripéties. Mais quand en aurais-je le temps ? Ça c’est une autre histoire ! (rires)

Actusf : Et pour terminer... Une anecdote qui vous a marqué durant votre travail sur Les Secrets du premier coffre ?

Fabien Cerutti : Rien de spécial, il me semble, si ce n’est un questionnement… Ce covid 19… Qui a empêché la publication des Secrets du Premier Coffre et de bien d’autres… Ce ne serait pas une manœuvre de Netflix pour achever la concurrence (hautement dangereuse) de la littérature imaginaire ?... Moi, ça ne m’étonnerait pas. (rires)

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