A l'occasion de la sortie le 8 novembre des Six Royaumes - Récit illustré aux éditions Mnémos, Adrien Tomas revient sur la création de ce roman illustré par Dogan Oztel.
Actusf : Les Six Royaumes - Récit illustré vient de paraître aux éditions Mnémos. Quelle a été l’idée à l’origine de cet ouvrage ?
Adrien Tomas : Je pense que l’idée d’origine est venue en 2017, lorsque nous avons réalisé avec les éditions Mnémos un petit fascicule publicitaire à l’occasion de la sortie du tome 2 du Chant des Épines. Le livret présentait l’univers grâce à quelques courts textes illustrés, une carte du monde et une chronologie, histoire de permettre aux lecteurs d’avoir un aperçu l’univers des Six Royaumes.
On a alors eu envie de faire quelque chose de plus abouti, de créer un ouvrage qui présenterait les peuples, créatures et cultures des Six Royaumes et qui parlerait à tous les lecteurs, qu’ils soient novices ou vétérans de mon univers, qu’ils cherchent un roman à lire, une encyclopédie à feuilleter ou un support pour créer des jeux de rôle…
Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur celui-ci ? A quel moment se situe l’intrigue ?
Adrien Tomas : L’intrigue se situe chronologiquement entre la Geste du Sixième Royaume et la Maison des Mages, environ douze siècles après le Chant des Épines. L’héroïne explore un monde qui se remet lentement des conséquences de la Guerre Sylvaine du premier roman, où les Mages n’ont pas autant d’influence qu’au début du second roman.
Actusf : Vous avez créé de nombreux personnages dans cet univers. Toutefois, ici, nous suivons les pas d’Irego, une Sœur investigatrice du Monastère d’Iriloyë. Pouvez-vous nous parler d’elle ? De sa création ? Car bien que magicienne, elle endosse une sorte de rôle de barde itinérant.
Adrien Tomas : Irego est une chercheuse, une investigatrice attachée à découvrir la vérité et dissiper les brumes du mystère. Elle se lance dans une thèse ambitieuse pour laquelle elle bénéficie des ressources de l’Ordre de l’Étoile Grise, la puissante congrégation de sorcières à laquelle elle appartient. C’est à la base un rat de bibliothèque, une jeune femme confinée dans son monastère où elle a appris la sorcellerie et les jeux de pouvoir. Mais sa quête la forcera à quitter sa zone de confort et partir explorer le monde, la contraignant à entreprendre des expéditions périlleuses et s’immerger dans les manigances politiques des royaumes voisins.
Actusf : Les Six Royaumes est un vaste univers. Comment l’avez-vous créé ? Petit à petit ou aviez-vous déjà une vue d’ensemble et précise ?
Adrien Tomas : Les Six Royaumes sont une sorte de patchwork contenant toutes les idées auxquelles j’ai pensé avant de commencer mon premier roman, la Geste du Sixième Royaume. J’y ai intégré tous les noms, personnages, créatures auxquelles je pensais depuis des années : les noms d’Evondia, Sélénir et Sithylboréa existent par exemple depuis que j’ai 14 ans, et le personnage d’Aevar est né trois ans avant que j’écrive les premiers mots du roman.
En parallèle, j’ai développé de nouvelles idées inspirées en grande partie de mes études (je suivais à l’époque un master d’écologie, d’où le travail sur la Grande Forêt, les sylphides, les dragons et les Changeurs, notamment).
Au fur et à mesure des romans, j’ai intégré de nouvelles idées au gré de mes envies et de la logique de l’univers, comme les mandragores, les Elfes noirs ou les dragons ailés du Chant des Épines, ou la brutale évolution technologique des Nains dans la Maison des Mages.
Actusf : Pouvez-vous nous parler un peu des illustrations de Dogan Oztel ? Comment avez-vous travaillé ?
Adrien Tomas : J’avais créé un fichier de suivi avec les thèmes que j’abordais dans les textes et des suggestions d’illustrations pour les accompagner, que j’ai transmis à Dogan. Il s’en est inspiré ensuite (ou non) pour ses illustrations, dont il m’envoyait les premiers croquis pour que je puisse corriger si jamais ce n’était pas comme ça que j’imaginais quelque chose.
Honnêtement, j’ai dû lui faire modifier trois illustrations en tout et pour tout : pour le reste, c’était comme s’il lisait dans mon esprit. Chaque illustration reçue ressemblait à une claque : c’était extraordinaire de voir se matérialiser ce que j’avais dans la tête depuis des années !
Actusf : L’imaginaire est un genre qui vous tient particulièrement à cœur. Est-ce un genre qui vous permet de vous exprimer plus facilement ? D’aborder des sujets qui vous tiennent à cœur ou tout simplement de vous amuser et de divertir les lecteurs ?
Adrien Tomas : J’avoue que le monde réel m’inspire assez peu, ou alors pour extrapoler et en faire une thématique imaginaire. Le quotidien, la réalité, je trouve ça globalement assez triste et pas très intéressant. Je veux divertir, faire évader, et faire réfléchir, et pour le moment l’imaginaire est le seul moyen que j’ai trouvé pour faire les trois. Faire passer des idées dans un roman ancré dans le monde réel, notamment, est quelque chose de très repérable, très évident, tandis que les suggérer dans une histoire imaginaire est un défi que je trouve nettement plus subtil et intéressant. C’est au lecteur d’avoir l’intelligence et l’envie de mettre en parallèle ce qu’il lit avec le monde réel. Dans un roman contemporain, tout me semble trop… évident.
Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Allez-vous revenir dans les Six Royaumes ?
Adrien Tomas : Actuellement, je travaille sur les corrections de deux romans, et l’écriture d’un troisième.
D’abord, le premier roman basé sur le personnage de Tia Morcese, apparue en 2015 dans les nouvelles parues dans les anthologies de Trolls & Légendes et des Imaginales, sortira chez Fleurus en début d’année 2020.
Ensuite, il y aura un roman dans le même univers steampunk-magique qu’Engrenages et Sortilèges, mais avec un ton plus adulte, qui sortira aux éditions Mnémos en 2020 également.
Et enfin, je peux finalement l’annoncer, je commence à travailler sur Engrenages et Sortilèges 2 pour Rageot…
Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Adrien Tomas : Je serai au Salon pour la Jeunesse de Montreuil et aux Rencontres de l’Imaginaire de Sèvres le weekend prochain. En 2020, j’aurais plusieurs rencontres avec des classes pour les prix Dévoreurs de Livres, Incorrigibles et Mordus du Polar pour lesquels Engrenages et Sortilèges est en lice. En mars, je serai normalement à Rue des Livres, à Rennes, et évidemment aux Imaginales d’Épinal en mai.
