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Date de parution : 28/03/2024
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Les Testaments de Margaret Atwood

Margaret Atwood, romancière canadienne, est à l'origine de nombreux écrits allant de romans de science fiction à des recueils de poèmes en passant par des essais et des livres pour enfants. Elle est à l'origine du roman la Servante écarlate, lequel a été adapté au cinéma puis, plus récemment, à la télévision. Avec son nouveau roman les Testaments, elle propose une suite à la Servante écarlate, plus de trente ans après la parution de celui-ci.

A Galaad, il y a les servantes, mais pas que...

A Galaad (ou Gilead), le régime en place perdure, avec parfois quelques purges au sommet pour assurer sa pérennité et son exemplarité. Plusieurs années après les événements de la Servante écarlate, Les Testaments suivent trois personnages féminins (aucune servante) dont les destins vont s'entremêler, d'un coté et de l'autre de la frontière avec le Canada.

Trois personnages, trois histoires

A ceux qui espéreraient retrouver Defred dans Les Testaments, passez votre chemin. Cette suite s'intéresse à trois autres personnages, deux nouveaux et un ancien. Ainsi, les points de vue d'Agnes, de Daisy et de Tante Lydia se mêlent.

Agnes a été adoptée par la femme d'un Commandant, alors qu'elle était très jeune. Elle a été choyée par sa mère adoptive mais aussi élevée pour devenir une épouse. En conséquence, elle ne sait ni lire ni écrire et se destine a tenir un foyer quand elle sera en âge de se marier. Elle ne sait rien de sa mère biologique et grandit à Galaad sans remettre en cause ce qui lui est inculqué. Il lui faudra une succession d'événements pour qu'elle commence à s'interroger sur sa place dans cette République et ce qu'elle est prête à accepter pour elle-même.

Daisy a elle grandi au Canada et ne connaît de Galaad que ce qu'elle en entend à l'école ou dans les médias. Elle qui a été élevée dans une société telle que nous pouvons la connaître, elle ne comprend pas comment un tel régime a pu se mettre en place. Le jour où ses parents sont attaqués, elle apprend que ses proches étaient liés au réseau de passeurs qui permet aux rescapés de Galaad de rejoindre le Canada.

Tante Lydia enfin, qui dirige Ardua Hall et est à la tête des Tantes, est en fin de vie. Elle a vu la République de Galaad se mettre en place, a même participé à la rendre pérenne. Derrière cette figure emblématique du régime se cache une femme consciente de la précarité de sa position et des sacrifices à faire pour la conserver.

Un enrichissement de la Servante écarlate plus qu'une suite.

Dans la Servante écarlate, l'univers proposé par l'auteur se dessinait au fil des pages, laissant parfois une impression de flou quant à la situation et le monde dans lequel évoluait Defred. L'avantage des Testaments est que l'univers est désormais installé et que le roman (mais aussi le lecteur) peut donc se concentrer sur ses personnages et leurs parcours.

Les trois points de vue offrent une nouvelle profondeur à cet univers et le fait qu'aucun ne soit celui dune servante permet d'éviter l'écueil d'une redondance avec le témoignage de Defred. La nouvelle génération, représentée par Daisy et Agnes, montre le fossé qui se creuse entre Galaad et ses voisins depuis la prise de pouvoir décrite dans l'opus précédent. De plus, l'auteur introduit l'histoire de Bébé Nicole, enfant d'une servante échappé de Galaad et caché au Canada depuis plusieurs années. Chaque camp reprend cette histoire pour alimenter sa propre propagande et asseoir ses arguments contre son voisin.

Le personnage le plus intéressant de ce roman est sans doute celui de Tante Lydia qui présente de nombreuses contradictions et illustre avec beaucoup de force l'instinct de survie dont font preuve certains dans les situations difficiles. Ce personnage que l'on se prend à détester sans détour dans la Servante écarlate devient beaucoup plus humain à mesure que l'on en apprend davantage sur elle. A la lecture de son parcours se pose la question de ce qui est moral et ce qui devient nécessaire pour perdurer.

Petit bémol à noter, les deux romans ayant été publiés à trente-deux ans d'intervalle, des changements de termes (annoncés par le traducteur) ont été appliqués. En conséquence, cela peut parfois déstabiliser le lecteur quand le narrateur parle de certains événements (exemple : les dilacérations deviennent des particicutions).

En conclusion, Les Testaments apportent de nouveaux éléments à l'univers de La Servante écarlate par le biais de nouveaux personnages. Pour les lecteurs qui n'auraient pas lu le premier roman, l'enchaînement des deux lectures se fait sans anicroche et permet même de faire le lien entre certains éléments diffus du premier tome et l'action du second.

 

Jacquemine

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