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Les Veilleurs T2 -  Les secrets d'écriture de Jean-Luc Bizien
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Les Veilleurs T2 - Les secrets d'écriture de Jean-Luc Bizien

A l'occasion de la sortie du second tome des Veilleurs aux éditions Actusf, Jean-Luc Bizien revient sur l'écriture de ce nouveau volet.

Actusf : Les Veilleurs font leur grand retour avec le tome 2. On est toujours dans un Paris envahi de monstres avec le personnage de Marie dont la grossesse progresse très très vite... Comment l'avez-vous écrit ? Etes-vous parti sur la même ligne qu'au départ, ou votre intrigue a un peu bougé pendant l'écriture ?

Jean-Luc Bizien : Je suis incorrigible et l’intrigue a, comme toujours, évolué au fil des chapitres. Quand je commence un roman, j’ai la scène du début, cette ouverture qui me permet « d’accrocher les lecteurs », de les plonger le plus vite possible dans le livre… et puis j’ai en tête celle du final, ce fameux point où je veux amener les personnages, coûte que coûte. J’ai une vague idée de ce qui se passe entre ces deux moments et je confie à mes héros la responsabilité de relier les éléments épars.
Les personnages, en revanche, je les ai réfléchis, pensés, façonnés au plus près. Je sais quasiment tout d’eux, ce qui m’autorise à les laisser faire, à les laisser prendre le pouvoir. C’est très proche des techniques narratives du Jeu de Rôle : un situation problème, des héros et c’est parti pour une belle aventure !
J’applique, ce faisant, l’un des précieux adages de Serge Brussolo, mon maître en écriture : « Pour surprendre ton lectorat, choisis toujours le postulat aberrant. Et ne t’en fais pas pour la cohérence : tu auras 400 pages pour te justifier. »

Actusf : Y'a-t-il des personnages qui ont pris un peu plus d'ampleur que prévu ?

Jean-Luc Bizien : Bien sûr, c’est inévitable chez moi ! Je me souviens du formidable Ulysse, dans la série la Cour des Miracles, chez 10/18. Un jeune homme tout juste ébauché, créé à l’origine pour terroriser l’héroïne… et qui est devenu au final l’un des personnages-clefs de la série.
Il m’est arrivé la même chose pour LES VEILLEURS avec Baptiste, que j’aime de plus en plus – même si je ne le ménage pas, le malheureux ! –, et qui prend de plus en plus de place. Idem avec Vuk Kovasevic, qui a grandi dans l’ombre de Steiner…
Mais je ne vous en dirais pas plus, car je vous réserve quelques surprises de taille dans le tome 3 !

Actusf : On sent une forme d'urgence dans ce tome. Comment l'avez-vous écrit ? Comment êtes-vous parvenus à mettre cette forme de tension ?

Jean-Luc Bizien : Encore un fois, j’utilise les techniques du Jeu de Rôle. J’imagine longtemps l’action, je laisse des scènes prendre forme puis, quand je me mets à l’écriture, je ne fais plus que ça. Je mange, dors, vis, rêve parmi les VEILLEURS. Je suis à leurs côtés tout le temps. Je vis la même urgence qu’eux, en essayant de la retranscrire sur le papier.
J’espère que le résultat est là et que les lectrices et les lecteurs partagent la même émotion.

Actusf : Tout sera terminé dans le tome 3 ?

Jean-Luc Bizien : Je l’espère, mais je ne m’interdis jamais de laisser une porte entrouverte.
Et puis, la sacro-sainte trilogie a vécu, je crois. Certes, on peut s’y limiter, car c’est un chouette format… tout comme on peut, si le sujet y invite et qu’on a toujours quelque chose à dire, se lancer dans un saga plus développée, plus ambitieuse.
On verra bien.
Je ne m’interdis rien, mais je ne tirerai pas non plus à la ligne, au risque de dénaturer le propos ou – pire encore ! — de lasser le lectorat.
Toutefois, le sujet est sérieux, il est profond. Il m’interroge et j’éprouve le besoin de creuser pour trouver d’autres réponses. L’humanité, son devenir, sa nature profonde… Voilà un sujet qui mérite qu’on s’y attarde et qu’on cherche à en développer tous les aspects.
Autant dire que j’ai de la matière, BEAUCOUP de matière – au moins pour le tome 3 !

Actusf : Dans les Veilleurs, on est dans un Paris confiné, entouré d'une immense muraille et au sein duquel un virus s'attaque aux gens pour les transformer en monstres... Évidemment cela a quelques échos en cette année 2020. Comment avez-vous vécu la crise de la COVID en ayant imaginé ce scénario-là dans la série ?

Jean-Luc Bizien : Je l’ai vécu comme un cauchemar éveillé.
D’abord parce que j’ai été malade, cloué à mon lit et fiévreux pendant un mois, ensuit parce que j’ai vu, à longueur de reportages télévisés, mes congénères agir comme des décérébrés en se ruant vers les grands magasins pour faire le plein de pâtes et de papier toilette de façon irrationnelle, égoïste, bestiale. J’ai également croisé quelques-uns de ces spécimens dans la vraie vie et la conclusion s’est imposée : l’invasion zombie avait RÉELLEMENT commencé.
Je crois que la crise de la covid devra être fondatrice et qu’il nous faut réfléchir à demain, au plus vite. Il y a urgence à éduquer nos contemporains, à préparer nos enfants. Je ne veux pas, pour mes fils, de ce monde où une poignée d’abrutis pensent d’abord à leur nombril plutôt qu’à la survie et au bien-être du plus grand nombre.
Si les livres peuvent aider à ouvrir les consciences, alors je serais heureux et fier d’y participer à ma mesure.

Actusf : Quelles sont vos prochaines dédicaces ?

Jean-Luc Bizien : Hélas, avec le virus toujours actif il est compliqué de participer à des festivals. J’admire les libraires et les organisateurs de salon qui ne baissent pas les bras et je leur apporte tout mon soutien !
Je serai donc (sous réserve d’annulation) en dédicace :
• Samedi 10 et dimanche 11 octobre au festival de l’Imaginaire du Pays d’Aix « Autres Mondes » à Lambesc
• Les 31 octobre et 1er novembre, je serai à Bruxelles pour le festival Iris Noir
• Les 21 et 22 novembre ce sera « Noir sur la ville » à Lamballe
• Les 28 et 29 novembre au salon de Roquebrune-Cap-Martin

Propos recueillis par Jérôme Vincent.

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