En 2019, la maison d'édition Critic souffle ses 10 bougies. A cette occasion, Simon Pinel revient sur sa création.
Actusf : En 2019, les éditions Critic ont 10 ans. Pouvez-vous s'il vous plaît nous dire un mot sur comment l'aventure a commencé ? Imaginiez-vous, il y a 10 ans, arriver où vous en êtes aujourd'hui ?
"Ces « dix ans » arrivent, c’est vrai, mais cet anniversaire nous donne plutôt l’occasion de regarder derrière, de voir le chemin parcouru, ce catalogue qu’on a bâti main dans la main avec les auteurs qui nous ont fait confiance."
Simon Pinel : Pour moi, elle a commencé comme un projet étudiant – mon projet de fin d’étude qu’Éric, le fondateur de la librairie, m’a permis de concrétiser, puis comme une deuxième entreprise menée en parallèle de la librairie. Par la suite, après un premier gros succès, il a fallu vite se professionnaliser, apprendre le métier, apprendre de ses erreurs, et faire son trou dans le paysage éditorial français de l’Imaginaire.
Pour répondre à la deuxième question de façon franche, je crois qu’on a tellement eu, durant ces dix ans, « le nez dans le guidon » qu’on n’a pas tellement pris le temps de se projeter, de s’imaginer où l’on en serait alors. Ces « dix ans » arrivent, c’est vrai, mais cet anniversaire nous donne plutôt l’occasion de regarder derrière, de voir le chemin parcouru, ce catalogue qu’on a bâti main dans la main avec les auteurs qui nous ont fait confiance.
Actusf : Est-ce que votre ligne éditoriale a évolué ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Simon Pinel : Au tout début, on se réclamait comme les héritiers de la collection Fleuve Noir Anticipation. Aujourd’hui, on se déclare plus simplement comme un éditeur spécialisé dans l’Imaginaire français (c’est drôle de dire ça à l’heure où nous publions notre premier texte traduit, mais celui-ci fait plutôt figure d’exception). Car si nous voulons toujours défendre une littérature divertissante, nous voulons aussi et surtout défendre les auteurs français, leurs univers, leur plume.
Actusf : Quel bilan tirez-vous de ces 10 ans ? Qu'est-ce qui a changé dans le monde l'édition de l'imaginaire sur cette période ?
"C’est tout le paradoxe des littératures de l’Imaginaire : l’Imaginaire est partout autour de nous – cinéma, jeux vidéo, etc. –, et pourtant la moyenne des ventes des livres appartenant à l’Imaginaire n’a jamais été aussi basse."
Simon Pinel : Être encore là après dix ans est un exploit, vraiment, et je ne vous cache pas qu’il a parfois fallu serrer les dents. C’est tout le paradoxe des littératures de l’Imaginaire : l’Imaginaire est partout autour de nous – cinéma, jeux vidéo, etc. –, et pourtant la moyenne des ventes des livres appartenant à l’Imaginaire n’a jamais été aussi basse. Et si aujourd’hui nous sommes plus solides, il faut toujours se battre pour être visible au milieu de toutes les sorties. Mais je crois que c’est le lot de toutes les maisons d’édition indépendantes.
Actusf : Pouvez-vous nous présenter vos toutes dernières publications ? Je pense notamment à Répliques d’Emmanuel Delporte et Nécropolitains de Rodolphe Casso.
Simon Pinel : Je vais essayer de faire court.
Répliques, c’est un peu le croisement entre Kingman et Lovecraft. C’est un thriller à la croisée des genres (espionnage, aventure, fantastique) mené tambour battant. On y suit un ex-soldat recruté par une agence secrète, le Styx, spécialisée dans les événements… paranormaux. Pour sa première mission, une Nouvelle-Zélande en proie à des tremblements de terre et au chaos, notre héros va devoir faire ses preuves vite fait, s’il veut survivre !
Nécropolitains, c’est un peu comme si les univers d’Audiard et de Carpenter se percutaient dans un roman post-apocalyptique social. Du premier, on a les dialogues ciselés, mais aussi ses personnages plus grands que la vie, du second on garde le traitement d’un territoire urbain hostile, la galerie des locaux, qui ont souvent un grain, mais aussi le message volontiers anarchisant de son œuvre. L’histoire ? Un soldat est envoyé en mission diplomatique pour établir le contact avec plusieurs poches de survivants au cœur d’une Ville lumière en lambeaux. Il découvrira vite que, même après la fin du monde, l’Homme est un spécimen bien difficile à cerner…
Actusf : Sur quels critères vous basez-vous pour choisir les manuscrits à publier ? Comment se fait le choix final ?
Simon Pinel : Les critères n’ont pas changé depuis le début. Nous publions nos coups de cœur et uniquement eux. La seule variable, c’est que comme nous sommes plus nombreux, un texte a plus de monde à convaincre… Nous publions uniquement les textes qui ont convaincu toute l’équipe !
Actusf : Quels sont vos projets en cours et à venir ?
"Les projets à venir : une collection BD à venir aux Humanoïdes associés lancée en 2020. Une collection de nouvelles en numérique. Donner un nouvel élan à la maison d’édition."
Simon Pinel : Le projet en cours : fêter nos dix ans avec les auteurs qui nous ont fait confiance, les libraires qui nous aident, et nos lecteurs.
Les projets à venir : une collection BD à venir aux Humanoïdes associés lancée en 2020. Une collection de nouvelles en numérique. Donner un nouvel élan à la maison d’édition.
Actusf : Quels seront les temps forts de cette fin 2019 pour la maison d'édition (salons, rencontres, nouveaux auteurs…) ? Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Simon Pinel : Outre les deux textes évoqués plus haut, nous avons aussi publié fin août un formidable roman de fantasy urbaine qui se passe en France, et en Bretagne même, de Rozenn Illiano : Le Phare au Corbeau. Les premières critiques sont formidables. Enfin, nous allons rééditer en deux volumes l’intégrale de Grainger des Etoiles, de Brian Stableford. Une magnifique série de space opera par l’un des auteurs anglais les plus sous-cotés. C’est imaginatif, drôle, passionnant.
Nous serons présents dans les salons importants de fin d’année (Sèvres, la 25e Heure du Mans, Les Utopiales, etc.) et nos auteurs dédicaces beaucoup (on essaie de mettre les dates sur notre facebook).
Actusf : Qu'est-ce qui fait pour vous un bon livre de fantasy ? (ou de SF)
Simon Pinel : Quand il y a une bonne adéquation entre le fond et la forme, entre le style et l’histoire racontée. Et un œil, un propos sur notre monde.
Actusf : Enfin, si vous aviez un conseil à donner à ceux qui souhaitent être publiés, ce serait lequel ?
Simon Pinel : Écrivez des histoires courtes ; faites vous relire ; réécrivez, écoutez les critiques ; commencez par un one-shot, pas par une saga. Lisez, inspirez-vous. Écrivez.