Dans l'Angleterre d'après-guerre, Martha et ses sept filles tentent de reconstruire leurs vies. Ce sont ces "lignes" que nous allons suivre, durant une quinzaine d'années.
Cassie, la plus jeune, décrite comme aussi belle que fragile et fantasque, est probablement atteinte de troubles mentaux comme la schizophrénie, qui lui causent des absences inexpliquées et la rendent irresponsable. Le livre tourne principalement autour de son histoire et de celle de son fils, Franck.
Chaque sœur va à son tour prendre en charge la petite dernière et son fils afin de la protéger d'elle-même. Nous découvrons alors différents modes de vie, depuis Ina et Evelyn, les jumelles maniaques et spirites, jusqu'à la ferme d'Una chez qui règne une joyeuse pagaille, en passant par Beatie la studieuse qui expérimente l'anarchie communautaire.
Un fantastique à peine visible
Cassie et Franck vont vivre ces multiples vies et tenter de s'y adapter, tout en faisant leur deuil des événements de la guerre... et en découvrant leurs dons : tout comme Martha, ils peuvent communiquer avec les morts.
Le fantastique, l'étrange pourrait-on dire, s'insère ainsi tout naturellement, par petites touches subtiles, dans ce livre simple qui nous raconte d'émouvantes tranches de vie.
Une famille soudée
Si le langage populaire des personnages peut surprendre au début ("Ils n'auront qu'à aller se faire foutre", "Ben v'là qu'elle le ramène"), on se laisse vite attendrir par ce récit d'une famille soudée où chaque membre dépend des autres. On a l'impression de faire partie de cette famille, d'avoir une foule de sœurs et une mère qui veille au bonheur de sa maisonnée. L'écriture est à la fois simple, poétique et si ancrée dans le quotidien qu'il nous semble être assis dans la cuisine à leurs côtés.
Lignes de vie est un roman savoureux qui se lit d'une traite et nous réconcilie avec la vie familiale, ses petits conflits et ses grandes émotions. Le fantastique y est à la fois discret et fascinant – un modèle de sobriété.