Le jeune routier est devenu un talent majeur du genre
Itinéraire fascinant que celui de Laurent Genefort… Livre après livre, il creuse son sillon dans le milieu de la science-fiction française. Après des réussites comme Arago ou Les chasseurs de sève, le cycle d’Omale, inauguré à la fin des années 1990, avait marqué pour cet ancien du Fleuve noir Anticipation un passage à un autre stade de son œuvre, devenue plus ambitieuse. Il publie aujourd’hui autant chez Bragelonne (le cycle Hordes) que chez Denoël (le cycle d’Omale) ou encore au Belial qui vient de sortit Lum’en, un planet opera qui ne manque pas de souffle, on va le découvrir…
Vie et mort d’une colonie
Lum’en raconte l’arrivée des hommes, venus grâce à une porte interstellaire des Vangk (une espèce disparue dont les artefacts constituent un des fils rouges de l’œuvre de Genefort) sur une planète qu’ils nomment Garance et qu’ils entreprennent d’aménager. Sur Garance, aucun obstacle à leur développement : la seule espèce intelligente (mais officiellement, la colonie ne les reconnaît pas), les pilas, sont des invertébrés incapables de résister à la poussée humaine. Mais dans les tréfonds de la planète vit une intelligence, Lum’en, emprisonnée à une époque très reculée, qui cherche à entrer en contact avec les humains de la colonie. Mais celle-ci se déchire : certains de ses membres la quittent et modifient génétiquement leur organisme pour mieux s’adapter à l’environnement de Garance. D’autres prennent les pilas en sympathie, au point de mettre en péril le développement de la colonie…
De la réussite de Genefort
À première vue, Lum’en est un fix-up, un roman composé à partir de nouvelles déjà publiées dans le genre du planet opera. On croit à un moment à une réflexion sur le thème de Gaïa avant que ne se pose une question au terme de la lecture : Qui est Lum’en, entité emprisonnée sur Garance ? Un membre de l’espèce des Vangk? Laurent Genefort a-t-il voulu livrer ici la coda de son œuvre ? Ou du moins semer des cailloux ? Laisser une piste d’interprétation au critique imaginatif ? Toujours est-il que ce roman fonctionne. De plus, signalons qu’il se rattache aux autres œuvres de l’auteur (la présence de Jarid Moray, le protagoniste d’Une porte sur l’éther, en est une preuve). Sans avoir le génie du cycle d’Omale (ou la noirceur de Memoria), Lum’en, cher amateur, doit retenir ton attention : Genefort est un grand talent, affirmons-le sans détour.