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Mémoria

Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/2008  -  livre
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Mémoria

Né en 1968, Laurent Genefort publie ses premiers romans dès vingt ans dans la mythique collection Anticipation du Fleuve Noir. Après une thèse de doctorat sur les livres-univers dans la science-fiction, il développe son propre univers, la Panstructure, dans lequel prendront place tous ses space opera, y compris la série Omale pour laquelle il a obtenu le prix Rosny-Aîné en 2002 et le roman Arago (Grand Prix de l’Imaginaire 1995). Ces dernières années, Laurent Genefort s’était un peu éloigné de ses univers habituels pour s’essayer à la fantasy et à la littérature jeunesse. Mémoria marque son grand retour à la science-fiction.

J’ai la mémoire qui flanche…

Mémoria est l’histoire d’un tueur à gages hors du commun, vieux de plusieurs siècles, employé par les plus grandes compagnies, presque une légende. Son secret : un artefact extra-terrestre mystérieux, hérité d’une civilisation disparue, qui lui permet d’injecter sa personnalité dans d’autres corps tout en ayant accès à leurs souvenirs. Il peut ainsi approcher ses victimes en se faisant passer pour un proche sans éveiller les soupçons. Mais après des siècles d’assassinats, il n’a plus aucun souvenir de son corps ou de son identité d’origine, et n’est plus qu’un esprit qui voyage de corps en corps au gré de ses contrats. Et voilà que des crises de souvenirs le terrassent de plus en plus souvent, tout comme le cauchemar qui devient plus violent à chacune de ses nouvelles incarnations, jusqu’à menacer la réussite de ses missions. A présent, il n’a plus le choix : il va devoir se souvenir de qui il est…

Le goût de l’immortalité

L’idée de départ de Mémoria, dont on ne prend conscience de l’ampleur qu’au bout de quelques chapitres, est excellente : celle d’un tueur à gages sans corps, qui n’est plus qu’un esprit qui voyage d’un hôte à un autre, sans jamais retourner dans le sien, disparu depuis longtemps. Une idée très puissante, d’une intense mélancolie, qui aurait pu faire de Mémoria un très grand roman si Laurent Genefort avait su créer un personnage à la hauteur du concept. Mais le choix de raconter l’histoire du point de vue même du personnage tueur, à la première personne, ôte d’entrée de jeu tout le mystère qui aurait pu servir de base à une excellente traque comme celle de Transparences d’Ayerdhal. Et le personnage du tueur, qu’on imaginerait froid, blasé, d’une terrible efficacité après des siècles au service des Compagnies apparaît finalement sympathique, plein de doutes et presque naïf.

Là où Genefort excelle, par contre, c’est dans la création d’univers. Même si l’on n’est pas familier avec la Panstructure, on sent se déployer en filigrane toute la profondeur et la richesse de son univers. L’auteur ne nous assomme pourtant jamais de descriptions dignes d’une encyclopédie, mais procède au contraire par petites touches, en brossant par les détails un univers crédible et réfléchi. L’œuvre de Genefort est à n’en pas douter de celles qui s’apprécient dans leur ensemble, et Mémoria donne envie d’aller jeter un coup d’œil aux autres productions de l’auteur et de découvrir son univers plus en profondeur.

Même s’il est un peu décevant par rapport à ce qu’il aurait pu être, Mémoria est un roman très maîtrisé qui se lit d’une traite, sans un soupçon d’ennui. On finit par s’attacher à ce tueur hors du commun et à tous les personnages qu’il croise – ou qu’il incarne. Un roman léger mais très efficace, idéal pour la plage.

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