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Agrapha

Luvan (Auteur), Laure Afchain (Illustrateur de couverture, Illustrateur interne)
Langue d'origine : Agrapha
Aux éditions : 
Date de parution : 10/09/2020  -  livre
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luvan - Agrapha

luvan, de son vrai nom Marie-Aude Matignon est née en 1975 à Melun. Elle passe son enfance en Allemagne, en Afrique mais aussi dans le Pacifique, en Chine, en Norvège et en Suède avant de s'installer en Belgique en 2003. Elle commence à publier de la poésie et des nouvelles à partir de 2001 dans des revues et des anthologies. Parallèlement, elle développe à partir de 2008 une performance artistique parfois proche de la poésie sonore. Sa nouvelle Trolleriet a été nominée au prix Merlin en 2002. Son premier recueil de nouvelles CRU (Dystopia Workshop) a reçu le prix Bob-Morane 2014 (dans la catégorie "Nouvelle") et a été nominé au prix des Lycéens et Apprentis d'Ile de France.

Ses créations sont nourries d'un imaginaire complexe teinté de fantastique issu des mythologies scandinaves et des contes africains, entre autres. Elle est membre du collectif d'écrivains de science-fiction Zanzibar et du collectif de création radiophonique Moniek.

Une expérience graphique, linguistique et visuelle

Agrapha fut à l'origine un manuscrit du Xème siècle, un texte probablement apocryphe. Ce texte raconte l'histoire de huit femmes qui vécurent en communion dans une grotte au cœur de la forêt. Ce texte suit également le point de vue de la femme qui traduit ces écrits.

C'est un ouvrage déroutant, immersif et intriguant. Rien que le fait de tenir l'ouvrage entre ses mains donne envie d'en savoir plus, je tire déjà mon chapeau à La Volte pour sa conception graphique avec sa couverture doublée du titre en graphie latine sur la première couverture, et grecque sur la deuxième. Agrapha veut dire littéralement "ce qui ne s'écrit pas". Pour un livre vous en conviendrez que c'est bien cocasse. Alors forcément, on feuillette l'ouvrage, on aperçoit les différentes graphies, sa mise en page atypique, ses différentes parties ornées de motifs forestiers. Pour ma part, tout était fait pour que je me retrouve en possession du livre et que j'en sache plus.

L'expérience qui s'en suivit est pour le moins difficile à décrire, ou du moins, sans tout dévoiler de la magie qui en découle lorsqu'on parcourt le livre pour la première fois. J'ai abordé ce livre comme un ouvrage ordinaire. En commençant par le début et en me laissant porter par les informations que j'obtiendrais au fur et à mesure de ma lecture chronologique. J'ignore s'il s'agissait de la bonne façon, mais je l'ai fait ainsi. Le début de l'ouvrage m'a semblé confus, avec sa syntaxe particulière, l'absence de majuscules et de point, le fait que certains mots ne soient pas en français mais en latin ou en langue germanique et nordique. J'avais ce sentiment d'être comme un traducteur devant un texte en langue étrangère, de comprendre par bribes sans pouvoir appréhender le tout. C'est une situation que pour ma part j'avais déjà vécu car j'ai déjà fait de la traduction, mais ce n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais en abordant un livre estampillé de langue française. Mais plus j'ai parcouru ma lecture, et plus j'ai été à l'aise avec ça, un peu comme démarrer un livre dans une langue qu'on connait mal, et se faire à l'idée qu'on ne peut pas tout comprendre mais juste l'essentiel et qu'il faut l'accepter comme tel.

C'est une intrigue qui dévoile petit à petit des indices. On en apprend progressivement sur ces huit femmes et leur quotidien, leurs origines, tout en baignant dans une joyeuse confusion (nécessairement volontaire). On se laisse porter par ces écrits, par sa poésie, sa mise en page qu'on a trouvé déroutante et à laquelle on a fini par s'habituer. Agrapha est une expérience graphique, cognitive, poétique, psychologique, phonétique, linguistique…

Mais Agrapha ne plaira pas à tout le monde. C'est certain. Il faut avoir le courage d'accepter la confusion et de ne pas tout comprendre. Il faut se faire à l'idée que le moteur de l'intrigue tient dans "ce qui ne s'écrit pas". Et ça, c'est quand même pas banal. J'ai pour ma part réussi à m'accrocher et à m'immerger, bien que perturbant, le lexique tient tout son sens dans son contexte historique. On fait corps avec le texte originel, on se sent connecté avec la traductrice qui nous le fait parvenir et qui s'adresse à nous au détour de ses commentaires et de son ressenti face à ce texte.

En bref, lire Agrapha est une expérience surprenante mais loin d'être négative pour ma part. J'ai achevé l'ouvrage avec une envie de reviens-y difficile à contenir, avec un œil nettement différent qu'en l'entamant et c'était ma foi, pas désagréable du tout.

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