Après avoir longtemps œuvré dans la bande dessinée, Olivier Peru s'est lancé dans le roman en 2010, avec le cycle des Hauts Conteurs avec Patrick McSpare d'abord, puis avec Druide chez Eclipse. On connaissait l'auteur de BD, on découvrait l'écrivain et l'avis était favorable.
Le voici de retour avec ce qui est le premier tome très dense d'une nouvelle série de fantasy.
Deux frères aux yeux d'or, un roi adipeux, une princesse enfermée dans son château...
Dans l'immense royaume de Palerkan, la paix règne depuis plusieurs années sous la bannière d'un seul roi : Karmalys. Lui s'échine à maintenir l'unité entre les différentes provinces, n'hésitant pas à recourir à la violence, à la diplomatie et à l'assassinat pour cela. Il y a perdu sa jeunesse, ses illusions et sa ligne, devenant obèse, rusé, cruel et désabusé.
À l'ouest une révolte se prépare et il va devoir essayer de la mater.
Pendant ce temps-là, Irmine et Helbrand exercent la profession d'assassins et le moins que l'on puisse dire, c'est que les deux frères y excellent. Ils ont reçu l'héritage de leur peuple, de redoutables guerriers exterminés quelques siècles plus tôt. Mais leur tranquillité va bientôt prendre fin, tout comme celle de Kassis, une jeune noble retenue dans son château...
Dense, ambitieux, prenant...
Martyrs est un livre de fantasy qui impose le respect par sa densité et son ambition. Ce n'est pas encore tout à fait le Trône de fer mais on comprend vite qu'Oliver Peru souhaite nous raconter le destin du continent tout entier. Du coup il voit les choses en grand et c'est assez agréable puisque dans le même temps il n'oublie jamais d'être au plus près de ses personnages. Ceux-ci sont d'ailleurs assez bien dépeints et plutôt attachants dans leur complexité. Les deux frères assassins portent avec eux le lourd fardeau de leur enfance, le roi est détesté par son peuple mais aussi par lui-même... Il y a également un intendant et un nain assez troubles, un capitaine fidèle à sa Majesté mais dont on dit qu'il aurait tué ses propres enfants, un rebelle particulièrement retord mais souffrant d'une maladie qui semble incurable... C'est simple, tous jouent double jeu plus ou moins volontairement et sont bien plus complexes qu'on pourrait le penser au premier abord.
Seul bémol, la volonté de l'auteur de tout nous dire par le détail. Résultat il y a de nombreuses longueurs, qu'on appréciera ou pas. Elles traduisent l'ambiance globale de chaque scène mais on s'y perd un peu. Dommage parce que sinon Martyrs est un petit monument d'une ampleur finalement assez inhabituelle en fantasy, notamment chez les auteurs français. On recommandera ce premier tome pour son ambition et ses personnages. Bravo !