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Mermere - Les secrets d'écriture d'Hugo Verlomme
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Mermere - Les secrets d'écriture d'Hugo Verlomme

A l'occasion de la réédition de Mermere aux éditions Actusf, Hugo Verlomme revient sur l'écriture de ce roman, véritable fable écologique.

Actusf : Mermere vient d’être réédité aux éditions ActuSf. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ?

Hugo Verlomme : J’étais un grand lecteur de science-fiction et un passionné d’océan, et j’ai remarqué à quel point cet élément (qui représente quand même 71 % de la planète), était totalement absent des grands thèmes et auteurs (à part, évidemment, chez Arthur C. Clarke, véritable passionné d’océan et de plongée). On cherche un monde extraterrestre à l’autre bout de l’univers, alors que nous l’avons ici même à la maison.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?

Hugo Verlomme : J’ai imaginé un peuple né au milieu de l’océan qui ne connaît même pas la terre et qui vit en harmonie avec l’océan. Leur domaine : Mermere. Le livre commence par le cauchemar d’un enfant qui vit au large. Il a vu un monstre griffu qui lui a fait très peur. Il ne le sait pas, mais il vient de rêver d’un arbre, alors qu’il n’en a jamais vu. Le livre raconte le parcours initiatique de cet enfant vers la terre, une terre ravagée, dangereuse, d’où provient un grand danger.

Actusf : Vos livres font toujours référence à la mer, pourriez-vous nous expliquer ce choix ? Une façon de mêler la passion au travail ?

"Au départ, ce n’était pas un choix. J’ai écrit les livres que j’avais envie d’écrire, qui correspondaient à ma passion, que ce soit le surf, le bodysurf, les voyages en cargo, les vagues, et bien d’autres choses encore, sous forme de documents, de romans ou de livres jeunesse."

Hugo Verlomme : Au départ, ce n’était pas un choix. J’ai écrit les livres que j’avais envie d’écrire, qui correspondaient à ma passion, que ce soit le surf, le bodysurf, les voyages en cargo, les vagues, et bien d’autres choses encore, sous forme de documents, de romans ou de livres jeunesse. C’est en regardant en arrière que j’ai pris conscience du fait que presque tous mes livres avaient pour sujet l’océan. Cela s’est fait sans que je le décide. C’est la mer qui décide.

Actusf : Comment avez-vous créé votre héros ? Est-il une part de vous ?

Hugo Verlomme : Il est plus facile de s’identifier à un héros positif que négatif. Mais le jeune Horn est né tout seul, c’est lui qui est à l’origine du livre, et il a pris vie au fil de l’écriture, avec ses pouvoirs psychiques. Je me suis laissé guider par ce personnage visionnaire et je ne sais s’il a ou non une part de moi-même, j’imagine qu’on peut le dire de tous les personnages d’un livre.

Actusf : Mermere porte un message sous-jacent très engagé. Peut-on voir ce récit comme une critique de notre société actuelle, un appel au secours ? Ou est-ce seulement un voyage aux confins des mers ? Une « simple » fable écologique ?

"J’ai voulu avant tout montrer la beauté et l’harmonie, possible et nécessaire avec l’océan. Je ne suis pas dans la critique, ni dans les appels au secours. C’est avant toute une grande histoire humaine, un regard vers le futur. Mais aussi une réflexion sur les pouvoirs dont nous disposons sans en user."

Hugo Verlomme : Une belle histoire est souvent plus efficace qu’un récit engagé. J’ai voulu avant tout montrer la beauté et l’harmonie, possible et nécessaire avec l’océan. Je ne suis pas dans la critique, ni dans les appels au secours. C’est avant toute une grande histoire humaine, un regard vers le futur. Mais aussi une réflexion sur les pouvoirs dont nous disposons sans en user. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l’imaginaire ou de l’art pour faire évoluer les esprits, parfois plus efficacement que des chiffres ou des leçons de morale.
Ce qui est amusant, c’est que ce livre a été écrit à la fin du XXe siècle et qu’il semble récent. C’est là qu’on voit que les idées essentielles d’aujourd’hui étaient déjà là, mais qu’il faut parfois beaucoup de temps pour qu’elles émergent dans la conscience planétaire, comme des vagues qui traversent l’océan avant de déferler enfin. Les mentalités ont beaucoup évolué aujourd’hui, poussées par la peur du changement climatique. Le pessimisme est une facilité de penser et je crois (même si ça paraît naïf et bisounours) aux pouvoirs de l’optimisme lucide et de l’amour inconditionnel.

Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier lors de l’écriture de ce roman ? Cinématographiques ou littéraires ?

Hugo Verlomme : Je lisais beaucoup de romans fantastiques et science-fiction anglo-saxons à l’époque, et j’ai eu toutes sortes d’inspirations. L’une en particulier c’est le roman de Frank Herbert, Dune, qui représentait alors une coupure drastique avec les romans de science-fiction classiques, et qui proposait une création d’univers absolument novatrice. Cela m’a ouvert beaucoup d’horizons, mais il y a bien d’autres influences dans ce livre, et beaucoup d’inspirations spontanées qui s’y mêlent.

Actusf : Cette sortie est une réédition. Avez-vous retravaillé votre texte à cette occasion ? Le sujet vous semble toujours aussi important 20 ans après ? Pourquoi ?

Hugo Verlomme : Je n’ai pas changé le texte, je l’ai relu plusieurs fois et mes corrections ont été purement cosmétiques, afin d’améliorer la fluidité, et de rectifier d’éventuelles petites erreurs. C’est tout. Le sujet du livre est plus actuel que jamais. Mais à l’époque où il est sorti, l’océan n’avait pas sa place dans les actualités, ni dans l’enseignement, et on ne parlait pas beaucoup des ravages qui avaient pourtant déjà commencé. Aujourd’hui ces mêmes ravages sont devenus beaucoup plus importants, mais la conscience planétaire s’est enfin réveillée. Et nous pouvons commencer à nous attaquer aux solutions plutôt qu’aux problèmes !

Actusf : Mermere a une suite, Sables. Cette suite sera-t-elle aussi rééditée ? Pensez-vous réécrire dans cet univers ?

"[...] je n’ai jamais quitté l’océan, et il ne m’a jamais quitté, ce que j’aime c’est défricher, écrire l’océan sous diverses formes."

Hugo Verlomme : Sable est une suite sans en être une, tout en étant une quand même. Je ne sais pas si elle sera rééditée. Et je ne sais pas si je réécrirai dans le même univers, mais je n’ai jamais quitté l’océan, et il ne m’a jamais quitté, ce que j’aime c’est défricher, écrire l’océan sous diverses formes.

Actusf : Il me semble avoir lu que des projets d’adaptation en film étaient à l’étude. Qu’en est-il ? Êtes-vous associés à ces projets ?

Hugo Verlomme : Il y a eu plusieurs tentatives d’adaptation pour ce livre, et actuellement plusieurs personnes s’y intéressent, mais vous comprenez bien que c’est un gros projet, ambitieux et complexe, car le vrai bon film de fiction sous la mer n’existe pas encore à mon sens. Il se peut que la suite d’Avatar nous offre de grands moments de cinéma subaquatique car James Cameron est un digne descendant de Cousteau, un véritable passionné de mer, qui a beaucoup donné de lui-même pour la connaissance de l’océan. Et je sais qu’une bonne partie de la suite d’Avatar se déroule sous les eaux de la planète Pandora. À suivre…

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Hugo Verlomme : Je mets la dernière main sur un petit livre très particulier, autobiographique, qui raconte ma relation particulière avec l’eau et l’océan. C’est une façon de montrer comment ces deux éléments l’eau et l’océan, ont fait de moi l’être que je suis aujourd’hui. Et c’est aussi une ouverture sur une dimension spirituelle de l’eau et de l’océan. C’est pourquoi le livre s’appelle La Piste de l’eau, et que son sous-titre est : Itinéraire aquatique et spirituel. Parution aux Éditions Quai des Brunes en mars 2020.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Hugo Verlomme : Je vis dans le Sud-Ouest, à 300 m d’une plage landaise, où je suis régulièrement. Parfois dans les vagues. Par ailleurs je fais des conférences et des rencontres, au cours desquelles il est facile de me rencontrer. Je serai présent au Salon du Livre de Paris et également aux Intergalactiques de Lyon.

Actusf : Un mot pour la fin ?

Hugo Verlomme : « Debout les crabes, la mer monte ! »

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