Le défi d’une auteure

Auteure des trois Livres de la Terre fracturée qui ont remporté trois prix Hugo successifs (belle performance qu’il convient de saluer) et qui constituaient une vraie réussite littéraire, N.K. Jemisin revient ici avec un livre, Genèse de la cité, qui ouvre un nouveau cycle, Mégapoles, dont on attend beaucoup. L’objectif étant ici de raconter la naissance… de l’esprit d’une ville. D’avance, disons que ça promet beaucoup.

Naissance d’une ville

Un étudiant descend d’un train complètement amnésique. Il prend un taxi et perçoit alors sur FDR Drive ce qui reste inconnu aux autres : la présence d’une entité dont les tentacules visent à prendre le contrôle des hommes et des femmes présents. Il réalise aussi qu’il a en lui l’esprit de Manhattan. Dans le Bronx, une directrice de galerie suit le même éveil et à Brooklyn, c’est une femme politique qui se transforme. En fait, chacun incarne une partie de l’esprit de New York. Ils vont devoir faire face à la menace d’une entité bien plus ancienne et ancrée, aperçue par « Manhattan », qu’on surnomme Manny…

Un roman touffu

Avec Genèse de la cité, disons tout de suite que N.K. Jemisin n’a pas choisi la facilité (et c’est tant mieux. Elle prend aussi son temps pour raconter son histoire et nous amener à cerner comment une ville peut acquérir une âme, un esprit et aussi comment cela peut échouer (les pages qui évoquent la Nouvelle-Orléans sont saisissantes). On note aussi qu’elle n’hésite pas à approcher Lovecraft et son univers, décidément très à la mode en ce moment. Par contre, certaines descriptions, qui tournent en circonvolutions parfois artificielles voire absconses, font perdre du rythme au roman vers son milieu. On est en tout cas assez impatient de découvrir la suite.

Sylvain Bonnet