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Nemrod, retour sur le space opera d'Olivier Bérenval
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Nemrod, retour sur le space opera d'Olivier Bérenval

A l'occasion de la réédition en poche de Nemrod, dans la collection Hélios (Mnémos), découvrez les secrets d'Olivier Bérenval.

Actusf : Nemrod vient d’être réédité en poche aux éditions Mnémos. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ? Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ?

"Je voulais rendre aussi– avec beaucoup de modestie – un hommage au cycle Hypérion de Dan Simmons, dont la trame tourne autour du poème éponyme de John Keats."

Olivier Bérenval : En effet ! Nemrod est réédité dans le cadre du mois des Pépites de l’Imaginaire.
Avec ce roman, je voulais écrire un space-opera « total », possédant un univers très construit. Cela a donc donné naissance à la Communauté, un empire galactique qui n’est pas calqué sur les codes anglo-saxons (comme souvent dans le genre), mais est un lointain descendant de notre Second Empire. Avec cette idée de départ, il a fallu inventer tout un système économique, social, politique, des technologies et aussi des croyances religieuses qui soient cohérents. Donc beaucoup de travail pour que la description de cet univers ne freine pas l’histoire, ni l’action – car c’est un roman où il se passe beaucoup de choses ! Je voulais rendre aussi– avec beaucoup de modestie – un hommage au cycle Hypérion de Dan Simmons, dont la trame tourne autour du poème éponyme de John Keats. Se servir d’un poème romantique du 19ème siècle pour un space-opera… Cela m’avait totalement bluffé à l’époque quand je l’avais lu ! Ici, c’est un long poème qui fait partie de notre patrimoine littéraire qui sert de pivot à Nemrod, mais chut - sinon « spoiler » ... Et, bien sûr, j’ai été inspiré par les « Grands Anciens » (mais sans les tentacules!) du space-opera à la française comme Pierre Bordage, Christian Léourier ou Laurent Genefort : ils m’ont enchanté au fil des années avec leurs romans et donné envie de créer mon propre univers.

Les retours que j’ai eus lors des salons sur Nemrod sont très positifs, le bouche-à-oreille a très bien fonctionné, et le grand format s’est bien vendu. Chacun y a trouvé ce qu’il cherchait : pour certains, les grands combats « Space Marines » à la Warhammer 40,000, d’autres ont été séduits par le intrigues au sein de la Communauté et le rôle des IA, d’autres encore se sont amusés de certaines références « geek » ou plus littéraires… Bref, les portes d’entrée dans le roman sont nombreuses et chaque lecteur semble y trouver son compte !

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?

Olivier Bérenval : La quatrième de couverture est très bien faite (merci Nathalie!) donc je vais largement m’en inspirer. L’humanité s’est depuis longtemps dispersée dans les étoiles, un gigantesque empire galactique – la Communauté – rassemble désormais les espèces humaines qui ont été adaptées à leurs planètes d’accueil par les IA des vaisseaux de colonisation. Les hommes sont donc dénommés les Variants, car les adaptations génétiques les ont rendus très différents d’une planète à l’autre. Un jour, une planète éloignée est anéantie par une puissance inconnue, un mystérieux Adversaire, qui menace la Communauté d’une destruction totale. C’est le fameux Nemrod qui donne son titre au roman ; il est le chasseur, le prédateur ultime qui menace les galaxies. A partir de là, les histoires individuelles des trois personnages principaux vont s’entremêler jusqu’au dénouement.

Actusf : Vos héros, le détective Czar Santo et la soldate Giana Miracle,et le jeune Tjasse, sont des personnages aux caractères bien affirmés. Pouvez-vous nous parler d’eux ? Comment les avez-vous créés ?

Olivier Bérenval : J’ai vraiment une grande affection pour ces personnages et je voulais les rendre mémorables. Ils sont donc très différents et attachants (les « méchants » sont aussi jubilatoires et devraient marquer les lecteurs !) Czar Santo est un « vidocq », entre le détective privé et le garde du corps, qui vit sur une cité orbitale ; il est contacté par un puissant client pour une mission de confiance. Il faut imaginer une sorte de Tyrion Lannister du Trône de Fer avec une touche de Han Solo, un cocktail explosif ! Giana Miracle est une soldate aguerrie des Forces, l’armée galactique de la Communauté, dont le travail est de mater les révoltes populaires sur les planètes-rebelles (il vaut mieux éviter de se fâcher avec elle…) Tjasse est un adolescent né sur une planète isolée, et qui rêve de s’en échapper ; il possède certains pouvoirs qui seront révélés peu à peu (et non, il ne s’appelle pas Skywalker !).

Actusf : Dans ce roman, vous entremêlez space-opera et enquête et abordez de nombreuses thématiques : au travers des GenMods, de la modification génétique de l’humanité... C’était quelque chose que vous aviez envie de faire depuis longtemps ? Dans quel but ?

"Nemrod n’est ni une énième dystopie, ni la vision idyllique d’un empire galactique. Je voulais présenter une vision équilibrée et « réaliste » (dans une certaine mesure!) de ce que la cohésion de la Communauté impliquerait en terme d’abandon des libertés individuelles."

Olivier Bérenval : Nemrod n’est ni une énième dystopie, ni la vision idyllique d’un empire galactique. Je voulais présenter une vision équilibrée et « réaliste » (dans une certaine mesure!) de ce que la cohésion de la Communauté impliquerait en terme d’abandon des libertés individuelles. Il y a donc d’évidentes résonances avec Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley où les humains sont « spécialisés » dès leur naissance grâce à la génétique. A la différence de certains univers décrits par ailleurs (au hasard Hunger Games) dont la violence semble arbitraire, on arrive ainsi à comprendre pourquoi la Communauté a évolué de cette façon. Une forme de « realpolitik » a ainsi structuré peu à peu cet empire humain disséminé dans les étoiles. Mais comprendre ce système ne signifie pas le cautionner, bien au contraire, mais d’en montrer les dérives. La maîtrise insidieuse du destin des humains par les IA est aussi un thème fort (vous ne verrez plus vos applications Alexa ou Siri de la même façon !)

Actusf : Peut-on voir Nemrod comme une critique de notre société actuelle ? Ou est-ce seulement un voyage aux confins de l’univers ?

Olivier Bérenval : La science-fiction est un genre « orienté » qui sert souvent de support aux critiques sociétales, et c’est justement ça qui le rend intéressant. Nemrod n’est donc pas un simple « beau voyage » dans les étoiles, mais cherche à questionner certains sujets : l’utilisation excessive des techniques de la génétique, l’émergence des IA et nos interactions avec elles, la « violence économique » contre les libertés et les espérances des populations, les questions de genre au détour d’une histoire d’amour, etc. Tout est une question de « dosage » pour que le roman reste une œuvre de divertissement pour le lecteur, mais ouvert à certaines réflexions.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

"Le mélange des genres – le crossover – me plaît beaucoup, et je suis admiratif d’auteurs comme Jeff Vandermeer avec sa trilogie du Rempart (Annihilation adaptée en film par Netflix) qui associe la science-fiction et le genre horrifique."

Olivier Bérenval : Jusqu’à présent, je me suis frotté à des genres très différents, et vais continuer à explorer d’autres voies. Mon second roman, Nemrod - un space-opera donc – est très différent du premier, Ianos, que j’ai eu aussi beaucoup de plaisir à écrire. Ianos se passait dans un futur très proche, avec l’irruption d’une singularité (une sorte de trou noir) dans notre système solaire et l’envoi d’une mission spatiale afin d’étudier cette menace d’annihilation.
Le projet le plus concret – dont la rédaction est achevée – se situe dans le même univers que Nemrod, mais à une époque antérieure, un préquel donc. L’histoire est centrée sur un héros principal et je suis heureux de pouvoir développer cet univers, mais il est encore un tout petit peu trop tôt pour en parler.
Le mélange des genres – le crossover – me plaît beaucoup, et je suis admiratif d’auteurs comme Jeff Vandermeer avec sa trilogie du Rempart (Annihilation adaptée en film par Netflix) qui associe la science-fiction et le genre horrifique. Ensuite, j’ai deux projets en cours, de SF plus classiques et même de fantasy historique, je teste les idées et ne m’interdis rien (rires). Même le format est ouvert : la novella - plus courte - correspond bien à l’air du temps.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Olivier Bérenval : Je n'ai pas encore le détail des dédicaces de 2019 : certaines se décident à la dernière minute, ce qui est aussi très bien ! Je serai présent au salon du Livre de Paris (le 17 mars 2019), sur le stand des éditions Mnémos et ActuSF. Très certainement aux Futuriales d’Aulnay-sous-Bois en mai ou à Sèvres en octobre. Et aussi aux Utopiales de Nantes où j’essaie de me rendre chaque année, soit en invité comme en 2017 soit comme simple passionné.

Allez-y, c’est toujours un grand moment d’échanges et de découvertes !

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