Je ne m’avance pas trop en déclarant que beaucoup d’entre nous attendaient depuis longtemps le retour de Mélanie Fazi comme novelliste. Pour les autres, pas de panique. Il était devenu difficile de se procurer son premier recueil, Serpentine, mais Bragelonne vient de le rééditer, en même temps que le second, Notre Dame Aux Ecailles. Vous pourrez donc découvrir les excellentes nouvelles de Mélanie Fazi à la suite...
Serpentine avait reçu un accueil enthousiaste. Nombre de critiques avaient souligné le lyrisme, la noirceur et l’écriture précise de Mélanie Fazi.
Ses deux romans, Trois pépins du fruit des morts et Arlis des Forains, manquaient, à mon sens, de maîtrise. On sentait, derrière le format, la novelliste qui se contraignait à allonger, étirer son histoire.
Revenue à ses premières amours, Mélanie Fazi nous fait don de douze nouvelles dont certaines ont déjà été publiées dans divers magazines et recueils.
Douze nouvelles
Le recueil se scinde nettement en deux. D’un côté, des nouvelles d’une profondeur incroyable, une imagination débridée, un style parfait nous plongent dans un univers fantastique jamais exploré auparavant.
De l’autre, des nouvelles qui traînent un peu en longueur, dont on ne comprend pas la finalité (Mélanie Fazi, cela dit, utilise très peu la structure de la nouvelle à chute) et qui ressemblent plus à des extensions de cet univers, non abouties et un rien longues, par conséquent.
Comprenez en cela : il n’y a pas réellement un problème de fond. Les idées sont riches, les images fortes, l’écriture maîtrisée. Mais il y a également un sentiment de gâchis par moments. Si Serpentine reflétait très bien l’univers sombre, les sentiments d’immortalité de l’adolescence, mais aussi le temps qui s’enfuit, de l’auteur, Notre Dame aux Ecailles donne l’impression que des masques ont été superposés. Mélanie Fazi semble se chercher, chercher ses personnages. L’utilisation fréquente de la première personne du singulier prête à cela et il est difficile de dissocier l’auteur de ses écrits, tant sa personnalité forte se révèle au fil des pages.
L’écriture s’y prête. La matière s’y prête.
Mélanie Fazi continue son chemin et il lui reste quelques marches à gravir pour exceller. On retrouve chez elle le style d’une Nancy Huston. Reste à en trouver également la faculté à parler des femmes, de la société, de l’amitié, du monde qui l’entoure… Ce qui, à mon avis, ne saurait tarder.
La chronique de 16h16 !