- le  

PEST, tomes 1 et 2

Amaury Bouillez (Dessinateur), Corbeyran Eric (Scénariste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 20/02/2013  -  bd
voir l'oeuvre
Commenter

PEST, tomes 1 et 2

Après Le phalanstère du bout du monde, nous retrouvons le prolifique Eric Corbeyran (Le chant des Stryges, 9/11, Le Maitre de jeu…) et le talentueux Amaury Bouillez pour un dyptique, PEST, dont le tome 1 avait obtenu le prix Jules Verne à sa sortie, en 2004. L’attente a été longue pour ce second tome puisque neuf ans se sont écoulés entre la parution des deux volumes ! Mais vu le résultat franchement drôle et décalé, ça valait la peine d’attendre.
 
Une petite touche de décalage
 
Cela fait dix ans que la «PEST» est installée à Spleen City. Les citoyens contaminés sont parqués dans des fosses et chaque jour, on leur distribue une ration … d’aspirine ! Le seul espoir de la population réside dans la découverte d’un remède miracle… qui tarde à arriver. Abélard Tournemine, analyste de la station d’épuration, fait alors une étrange découverte : le taux de contamination de l’eau a chuté. Ceci signe le début des ennuis pour notre héros qui met en danger les plans des hauts responsables de la ville. Le professeur Balthazar Kilojoule, le frère Melchior et le maire Gaspard Bonventre ordonnent son arrestation. Mais Abélard arrive à s’échapper à la fin du premier tome et part libérer les membres de sa famille prisonniers de la fosse aux infectés…

Dans PEST, ce n’est pas tant le scénario qui fait la différence que les personnages et les situations cocasses dans lesquelles ils se retrouvent. Le déroulement de l’histoire est assez classique. Tout le premier tome prend bien le temps de nous présenter les personnages et le trio des tout-puissants qui veut à tout prix maintenir la population dans l’ignorance, histoire de s’enrichir sur son dos. La fin du diptyque apporte une conclusion cohérente, mais peut-être un peu trop convenue. Heureusement, toute la bd est parsemée d’épisodes franchement cocasses. Il y a la fuite des pestiférés dans les marais, la destruction malencontreuse d’un exo-détecteur par Abélard et d’une manière générale, toutes les mimiques des personnages. Mention spéciale également à la naïveté d’Abélard qui fait qu’il devient presque malgré lui l’amant d’Héloïse, la femme du professeur Kilojoule. S’en suit alors une scène d’anthologie avec nos deux amoureux qui utilisent un jargon pas très romantique avant de passer à l’acte… Bouillez s’amuse même à revisiter les masques pointus des médecins de la peste, version plus métallique… En plus de ce décalage dans le ton, c’est l’originalité de l’univers graphique qui marque le lecteur.

Un foisonnement de détails, un univers très particulier

Bouillez nous offre un monde inspiré de l’univers steampunk avec des personnages mi-hommes, mi-machines. Le professeur Kilojoule porte son cerveau dans un bocal transparent sur le haut de son crâne et est  juché sur d’immenses pattes articulées. L’exo-détecteur qui poursuit Abélard est même équipé d’une boîte noire que l’on visionne après sa destruction ! Ainsi, hormis les pestiférés, ainsi qu’Abélard et Héloïse, tous voient leurs corps prolongés par d’étranges ramifications mécaniques que l’on passe du temps à détailler.

Il n’y a pas que ces sortes de cyborgs qui attirent l’œil : on peut passer un temps inouï à observer les détails des planches de Bouillez tant son travail est méticuleux. Les intérieurs sont remplis de tableaux, de petits flacons, les maisons sont constellées de petites fissures… même les arbres des marais se différencient les uns des autres ! L’univers de Bouillez se distingue aussi par son choix de couleurs. L’omniprésence du vert, décliné dans toutes les gammes, se marie étrangement bien avec des touches de couleurs plus éclatantes, comme du rouge, avec toujours un fond marron très clair ou violet, qui ajoute un côté étrange au monde de PEST.

Au final, c’est l’immense soin apporté aux dessins et le petit côté décalé des situations que l’on retiendra de PEST. D’ailleurs, dans une interview à ActuSF, Bouillez évoque sa prochaine collaboration avec Eric Corbeyran qu’il qualifie de « très décalé[e] ». On a hâte de voir ça !

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?